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Review Press #6 : La sélection mensuelle d'articles catch à lire
Le 26/05/2018
Un YouTubeur français reconnu se met au catch, la NJPW est diffusée en France via J-One et All In se remplit en moins de 30 minutes ? Mais dans quelle "planète-catch" vit-on ?! C'est sans doute un cliché de vieux fan de catch pour ma part, mais tout va si vite aujourd'hui et il est parfois difficile d'anticiper l'évolution des choses ... D'où l'importance, très humblement selon moi, d'offrir une vitrine (même très loin d'être exhaustive) sur l'actualité du catch dans les médias anglophones et francophones.
WWE
-- En écho à la magnifique photo en noir et blanc ci-contre, on commence ce mois-ci avec un article édifiant sur le catch des années 1970 et la politique interne jadis ... ou plutôt les mafieuseries. Ecrit par un homme de l'ombre de l'époque, improvisé historien, pour le site de Dave Meltzer F4WOnline suite à la mort de Bruno Sammartino, ce retour en arrière extêmement complet raconte l'histoire derrière le "dream match" oublié, opposant le champion NWA Harley Race et le champion WWWF Bruno Sammartino.
-- Il y a plusieurs semaines, sur The Alt, Ludovic H. sentait que le "booking" de Roman Reigns s'améliorait mais comme on l'a vu par la suite, ce changement n'a pas fait long feu. La preuve avec Les Cahiers du Catch signant "la fin de l'empire Roman" ... A voir si Vince McMahon a vraiment abandonné le bébé ... ou, avec l'âge, oubliera-t-il qu'il avait changé d'avis pour re-changé d'avis ...
-- Ce même Ludovic était aussi revenu sur le Greatest Royal Rumble, l'événement sans effort et sans saveur par excellence ... mais pas sans réussite. VoxCatch revient sur le contexte qui a provoqué l'organisation d'un tel événement et pourquoi la WWE n'en avait, réellement, rien à faire que le show soit de qualité, lançant indirectement un gros "f**k you !" à tous les abonnés du WWE Network.
NJPW
-- Zack Sabre Jr. a peut-être failli contre l'invincible Kazuchika Okada, mais il reste l'homme à surveiller dans les prochains mois et prochainnes années à la WWE. Un de nos alumnis, Florian de Catch Au Quotidien, l'a bien montré dans son dernier Portrait Indy, et Zacky lui-même n'en doutait pas dans son interview avec ESPN. Sera-t-il un futur champion poids-lourd de l'IWGP ? Si vous n'en êtes pas encore convaincu, cet article va vous en persuader !
-- En parlant de futur (proche, espérons-le), Kenny Omega a accepté un entretien avec Sports Illustrated pour promouvoir le show qu'il co-organise pour le festival de jeux-vidéo de combat CEO et la NJPW, When Worlds Collide 2018. Kenny Omega n'hésite jamais à parler de ses visions créatives sur le catch et en détailler les complexités ... ce qui fait de lui, sans doute, l'homme le plus ouvert d'esprit du monde du catch !
-- Certains l'oublient désormais entre le règne inébranlable de Kazuchika Okada et la "feud" omniprésente de Kenny Omega et Cody, mais il n'y a encore pas si longtemps, il n'y avait qu'un homme au sommet de la New-Japan, capable de l'emmener sur des hauteurs qu'elle grimpe aujourd'hui 3 par 3 : Hiroshi Tanahashi. Récemment, à l'occasion de Wrestling Dontaku 2018, 'The Ace' a réussi à le rappeler dans un excellent (dernier ?) match contre 'The Rainmaker'. Voices of Wrestling raconte toute l'étendue de l'histoire et l'importance de Tanahashi, et la désillusion de son personnage qu'il est encore "Da Man in Japan".
Ailleurs
-- Pierre Carl Ouellet, le papa d'une beauté nommée Maryse, est un ancien catcheur queébecois de la "New Generation Era". Il a récemment interrompu sa retraite pour combattre WALTER au GCW Joey Janela's Spring Break 2. Comme la GCW fait décidemment bien les choses pour promouvoir ses matches, les vidéos "d'entraînement" de PCO sont devenus rapidement virales et il jouit aujourd'hui d'une seconde vie sur le circuit indépendant. PWPonderings, site spécialisé sur le catch indépendant américain, l'explique en détail et l'illustre de réactions de fans et non-fans à tomber par terre sur Twitter !
-- 411Mania est davantage renommé pour ses previews et reviews (et par là, j'entends surtout celles du boss, Larry Csonka) mais m'éteonne quelque fois par certaines analyses moins traditionnelles. Néanmoins, ce mois-ci, c'est un article un peu hors-série qui a marqué mon attention, un retour sur les principales "inside jokes" partagés par les fans de catch les plus "smarts". De "I'm hardcore, I'll take 'em both !" à CENAWINSLOL, tous ces memes spécifiques à la culture catch incarnent en eux-mêmes l'histoire du catch telle qu'elle a été perçue par des générations de fans et telle qu'elle a été partagé entre les générations.
-- Pour finir sur un sujet beaucoup plus profond, philosophique et même physiologique, l'excellent JJ McGee de Spectacle of Excess a consacré son dernier article à la mécanique des fluides principaux du catch : la sueur, les larmes et le sang. Avec son style narratif typique, replaçant ses propres expériences de fan en perspective, son analyse est édifiante : ces fluides, générés accidentellement ou volontairement, participent aussi au réalisme du sport mais aussi des émotions - que ce soit celles induites chez le spectateur ou celles incarnées/jouées par le catcheur-acteur. C'est l'article de fond du mois à lire !
Les podcasts du mois
-- Une fois encore ce mois-ci, le podcast vulgarisateur How 2 Wrestling nous a proposé une émission de qualité et d'une densité remarquable ! Si l'objectif principal est ici de faire découvrir la Pro-Wrestling Guerrilla aux néophytes, le couple britannique se lance ici dans des débats d'une autre dimension : ils questionnent les décisions économiques de la PWG et si elle est si excellente que ça, s'attardent sur le "intergender wrestling" comme étant le futur du catch et vont même jusqu'à évoquer un "dream trio" entre Roman Reigns et les Young Bucks !
-- Cody Rhodes était ce mois-ci dans le viseur du Sniper de The Alt mais aussi au micro du toujours aussi divertissant duo Edge & Christian, dans le cadre de leur Pod of Awesomeness. Une interview effectuée à point nommé, puisque suivant tout juste le succès historique des ventes de All In, et parfois très émouvante :
Les vidéos du mois
-- Pour commencer, un peu de douceur, avec (pour ceux qui ne l'auraient pas vus) la bande-annonce du "No Holds Barred" de la NJPW, "My Dad Is A Heel Wrestler" avec Hiroshi Tanahashi, un père se sentant coupable d'incarner un méchant masqué au doux nom de "Cafard" :
-- C'est la news dans la sphère du catch français : LinksTheSun se lance officiellement sur le sujet du catch ! Le YouTubeur connu pour ses Points Cultures ou encore son émission d'analyse de films, 50/50, est un fan de catch de coeur (Catch Newz l'a bien montré dans son interview de l'intéressé) et veut désormais partager sa passion avec sa nouvelle chronique, STATCH. Le ton est très simple mais peut ainsi participer à l'agrandissement de la communauté des fans de catch français ... et pourquoi pas !
-- Enfin, pour rester dans l'Hexagone, un sympathique projet vient d'être "crowdfundé" à 107%. Princesse Suplex est un court-métrage s'inspirant de la BD éponyme et utilisant le catch pour illustrer les fantasmes d'une jeune femme rêveuse, employée de bureau la semaine et catcheuse le week-end. Un beau petit projet à soutenir, dont les premières prémisses de scénario sont déjà disponibles !
Le Billet du Sniper : Cody Rhodes, d’enfant prodige de la WWE à superstar indépendante
Le 23/05/2018
~ par Housni, le Sniper ~
Il y a deux ans - presque jour pour jour, le 21 mai 2016 – le compte Twitter officiel de Cody Rhodes annonçait la fin (abrupte et volontaire) de son contrat avec la WWE. Il y avait eu alors (comme souvent) deux genres de réactions au moment de cette annonce.
Pour certains, c’était LE gros scandale. Encore une fois, la WWE n’a pas utilisé un de ses talents correctement, parce qu’il avait du potentiel, parce qu’il y avait moyen d’en faire une star gneu, gneu, gneu... Ces mêmes personnes qui n’iront (bien entendu) pas suivre et soutenir le parcours du catcheur maltraité qu’ils aimaient tant. [NdE : C’est faux !] Et pour d’autres, ce départ était une manière de se souvenir que Cody existait (le Sniper ne vous cachera pas qu’il faisait partie de ces personnes là).
Mais une question pouvait toute de même intéresser tout ce beau monde : que pourrait devenir ce produit 100% « made in WWE » une fois dans le circuit indépendant américain ? Lui qui n’avait jamais dépassé la « mid-card » jusque là, qui n’a pas un palmarès débordant, qui n’a pas l’in-ring d’autres catcheurs s’étant essayés à l’expérience en dehors de Stamford tel Johnny Mundo, Drew Galloway ou Shelton Benjamin. Cody a tout de même certaines forces et un talent certain, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a réussi à les mettre à littéralement profit.
Chapitre 1 : Une arrivée remarquée
À peine deux semaines après l’annonce de son départ du Vinny Mac Comedy Club, Cody signe son premier match sur la scène indé, le 19 août 2016, face à un certain Zack Sabre Jr. pour le compte d’EVOLVE. Un premier pari pour le cadet des frères Rhodes, tout fraîchement dépossédé de son nom de famille (kayfabe) pour des raisons contractuelles. Pour la première fois, il se retrouve dans un environnement qui lui était jusque là inconnu, face à un style d’adversaire qu’il n’avait jusque là jamais eu la « chance » d’affronter, et face à un public face à qui il n’avait jamais eu l’habitude de catcher.
Qui plus est, chose très importante avant d’arriver à ce premier match, Cody est alors très actif sur les réseaux sociaux. Un bon point pour que les gens ne l’oublient pas (coucou Neville/PAC !), et surtout pour montrer que pour son nouveau parcours hors WWE, Cody sera complètement « lui-même ». Sans maquillage et costume grotesques, sans masque, sans mentor ou sans parent pour lui faire de l’ombre.
C’est donc le 19 août à Baltimore, dans le Maryland (ville natale du légendaire James Ellsworth), que l’ex-Stardust (oh, au point où le 4ème mur en est hein...) fait ses débuts hors d’un ring estampillé WWE. A l’instar de Jay White (dont Le Sniper vous parlait dernièrement), les bases sont excellentes chez Cody. Alors qu’il débarquait encore sans sa femme, sans sa teinture blonde, sans le logo Bullet Club et sans ses amis les Young Bucks, Cody dégageait déjà un sacré quelque chose. Un thème musical exceptionnel (préparé par Downstait avant même son départ de Stamford), une étiquette « ex-WWE » encore toute fraîche, un très bon physique, et un nom de famille qui n’est pas du tout passé inaperçu dans l’histoire du catch américain : sur la forme, tout est poil avec Cody. Et ce n’est pas un hasard si son parcours indépendant a si bien commencé.
Ce soir-là, à Baltimore, il bat Zack Sabre Jr. - son inverse total - et de là, c’est l’autoroute de la gloire pour Cody : EVOLVE, Global-Force, North-Eastern Wrestling, WCPW, ROH et même un passage à la PWG et son sympatoche BOLA ! En été et automne 2016, Cody était au circuit indy ce que Cyril Hanouna est à C8, si tu ne veux pas voir sa gueule, autant zapper !
Mais le meilleur était encore à venir pour Cody … un certain 10 décembre 2016.
Chapitre 2 : Welcome to Japan … now, Shot ‘Em !
À la NJPW, les deux derniers mois de l’année sont un peu équivalents aux douze premiers mois à la WWE : ils sont vides. Une fois toutes les grosses affiches pour WrestleKingdom connues, le G1 Climax et Power Struggle passés, c’est le calme avant la tempête en attendant impatiemment le 4 janvier. Mais un petit tournoi occupe tout de même cette partie du calendrier pour la NJPW, la World Tag League. C’est lors de ce tournoi que le tremblement de terre a lieu. Superbe vidéo promo’ à l’appui, le message passe clairement : Cody fera officiellement ses débuts à la NJPW, au Tokyo Dome, le 4 janvier et rejoint officiellement le Bullet Club. #PourriGâté
Le Bullet Club, ce clan qui a fait sa légende grâce à des noms tels que Prince Devitt, Karl Anderson, AJ Styles, Kenny Omega, mais aussi Jeff Jarrett, Cody Hall, l’ex-Captain New-Japan - donc très certainement le clan le moins élitiste du monde. Mais bon, c’est comme la bande de potes la plus cool de l’école, la nouvelle nWo, c’est toujours bien de dire que tu en fais partie.
Le 4 janvier arrivé, Cody débarque au Japon avec son tout nouveau surnom ‘The American Nightmare’, en référence contrastée à son père, le légendaire ‘American Dream’, et se retrouve face à un autre ancien raté de Stamford, Juice Robinson. Le match fut… un match de Cody. Autrement dit, ça a existé, merci, au revoir. Une première impression fadasse qu’il va, heureusement, réussir à faire oublier les mois suivants d’une toute autre façon.
Entre temps, Cody passe par Impact Wrestling, où il embarque sa femme Brandi qui, magnifique comme elle est, embellit encore un peu plus le « produit » Cody Rhodes (Miz & Maryse, prenez-en de la graine !).
Chapitre 3 : Being The Elite To Be A (True) Superstar
Au moment de son arrivée sur le circuit indépendant, un duo monopolisait déjà pas mal le terrain, sur les rings et en dehors. Les frères Nick et Matt Jackson, les Young Bucks, certainement la plus grande équipe de la décennie et sans aucun doute la plus intelligente niveau business. Durant leur carrière, ils ont su parfaitement bien s’entourer aux côtés de Prince Devitt, AJ Styles, Kevin Steen, Roderick Strong, Kenny Omega et plus brièvement Adam Cole, et nul doute que l’autre « poids-lourd » actuel du circuit devait s’attirer leurs faveurs pour réussir.
Dans le même clan depuis peu, Cody et les Young Bucks font naturellement la paire (ou plutôt, le trio) à la Ring of Honor, puis à la New-Japan Pro-Wrestling, avant de forger une alchimie qu’ils emmèneront jusqu’à leur web-série à succès : Being The Elite. Cette émission est tout l’inverse de ce que le public américain peut retrouver devant sa télévision sur USA Network tous les lundis et mardis soirs : drôle, « vrai », intéressant et passionnant. Chacun incarne ce qu’il est : Cody est l’enfant terrible, trop gâté et capricieux, les Bucks, les « self-made brothers » trop « busy » du milieu, mais proches de leurs fans et toujours en quête de défis, sans oublier Kenny Omega, Hangman Page ou encore Marty Scurll, autres acteurs majeurs de la série. Et bien sûr, avec tout ce beau monde en quête de gloire, il faut bien que quelque chose se casse…
Chapitre 4 : Cody vs. Kenny, deux égos s’entrechoquent
Le 11 juin 2017, la NJPW tient au Osaka Jo-Hall son deuxième plus gros show de l’année, DOMINION. Cody, qui est un des nouveaux projets de Gedo, est bien évidemment de la partie, en « undercard » face à Michael Elgin. Kenny Omega, le leader en date du Bullet Club, est lui dans le Main-Event face au diamant Kazuchika Okada. Comme on dit « deux salles, deux ambiances », il y avait de quoi être jaloux, mon pote.
Alors que Cody défait Elgin dans un match… bon, un match de Cody quoi. Kenny Omega, lui, se retrouve dans un des meilleurs matchs de l’histoire du catch (et le préféré du Sniper !). Alors qu’Omega ne semble pas réussir à se débarrasser d’Okada, comme toi, tu n’arrives pas à te débarrasser de cette tâche faite accidentellement sur ta veste blanche, Cody déboule en plein match, accompagné du reste du Bullet Club, pour jeter l’éponge (ou plutôt la serviette, pour les anglophones) et donc déclarer forfait pour le compte d’Omega … avant d’être interrompu par ce dernier, en furie totale.
Et si Cody avait fait ça simplement pour « protéger » Omega ? Pour qu’il arrive quelques semaines à Long Beach, pour les G1 Special in USA en pleine forme, et par la même occasion, avouer à Kazuchika Okada qu’il est vraiment le plus fort ? Rien du tout ! C’était surtout un prétexte pour Cody de s’assurer que Kenny Omega ne prenne pas la ceinture, afin de se signer un « title shot » contre Okada aux États-Unis à Long Beach, pour le retour de la NJPW sur le sol américain… Pas folle la bêt… la break !
Qui plus est, entre temps, Cody ravit la ceinture mondiale de la ROH des mains du vétéran Christopher Daniels et devient le premier de sa légendaire famille à remporter cette ceinture incontournable du circuit américain.
Ainsi, lors du G1 Special in USA, Cody est pour la première fois en tête d’affiche d’un évènement de la NJPW. Il perd son match face au ‘Rainmaker’, mais les dissensions avec Kenny Omega continuent, après qu’il lui ait renvoyé la pareille, tentant d’interrompre le match. L’après-match dans les coulisses, ainsi que les prochaines semaines dans Being The Elite et dans les programmes de la NJPW et de la ROH continuent de faire avancer cette rivalité qui culmine lors du WrestleMania Week-End, plus précisément le 7 avril 2018, pour l’historique (mais pas vraiment pour sa qualité) Supercard of Honor XII qui permet à la promotion de battre son record d’affluence. Cody vs. Kenny : it’s not about Bullet Club, it’s not about power, it’s about money !
Chapitre 5 : La première bataille, avant de faire tapis ?
Remarquez qu’entre son départ de Stamford et ce match - qui est sans doute le combat le plus important de la carrière de Cody jusque là - il y a eu une très grosse évolution et avec elle, l’acquisition d’une nouvelle aura. Que ce soit dans son apparence, avec cette superbe teinture blonde qui lui donne plus que jamais une allure de star (en bonne émulation des Ric Flair, Freddie Blassie, Buddy Rogers et autres … Dusty Rhodes). Que ce soit ses excellentes promos ou son duo avec Brandi parfaitement raccord. Niveau in-ring, cependant… c’est toujours pas ça. Aucun match de référence avec pourtant, une palette d’adversaires très impressionnante : Kurt Angle, Chris Hero, Michael Elgin, Juice Robinson, Jay Lethal, Marty Scurll, Christopher Daniels, Kazuchika Okada, Kota Ibushi, etc. Mais Kenny Omega, avec une « feud » digne de ce nom, pourrait bien être ce premier match mémorable pour Cody.
Le 7 avril 2018, pour Supercard of Honor XII, Cody bat Kenny Omega dans le « semi-Main-Event » suite à une intervention ratée des Young Bucks. Le match fut, pour certains, le meilleur de la carrière de Cody, mais pour d’autres, le Sniper inclus, il manque toujours ce je-ne-sais-quoi pour être (RÉELLEMENT) digne d’un « classic match » comme ont pu en produire, à la pelle, certains de ses anciens adversaires.
Son match pour le championnat poids-lourd IWGP contre Okada et cet épisode de 9 mois contre Kenny Omega qui n’a même pas donné un si beau bébé que ça, ne sont pas les deux seules grosses activités de Cody depuis son départ de la WWE. Cet autre bon point est certainement un mini (pour faire bien et ne pas dire très gros) clin d’œil à l’enfer dans le quel il était à Stamford.
Le 16 mai 2017, le critique le plus controversé du net, Dave Meltzer et son mental d’acier répond à une série de questions quotidiennes surhumaines où se retrouvent souvent des œuvres de génies incompris. L’une d’entres elles marquera l’histoire : remplir une arène d’au moins 10.000 personnes, avec quelques mois de promo, et sans l’aide de grosses promotions.
♦ A LIRE : "All In", révolution en vue ou simple OVNI ? ♦
Chapitre 6 : ALL IN, ultime défi ou début d’une nouvelle ère ?
Quelques mois après ce fameux tweet, Cody et les frères Nick et Matt Jackson officialisent l’organisation d’un tel show sur les réseaux sociaux : il aura lieu le 1er septembre 2018 à Chicago. Comme vous le savez, le gratin du monde du catch y est déjà convié. Entre l’intégralité de The Elite, Kazuchika Okada, Rey Mysterio ou même le légendaire championnat du monde poids-lourd de la NWA (est-ce toujours réellement le cas ?), c’est un casting et une démarche qui transcendera les fans du monde entier. Cerise sur le gâteau, le trio va même jusqu’à faire cracher le site d’achat en ligne des billets et remplir le Sears Center Arena en l’espace de 30 minutes. Une première depuis plus de 20 ans sur le sol américain, sans le logo de la « vévéheu » collé quelque part.
"Force est de constater qu’en 2018, le catch hors WWE a pris une nouvelle tournure."
La Ring Of Honor qui bat son record d’affluence et qui ne s’est jamais aussi bien porté économiquement. Le Bullet Club qui ne cesse de cartonner en merchandising à un niveau presque inattendu. La New-Japan qui s’offre un WrestleKingdom en or massif cette année et qui remplit ses trois dates aux Etats-Unis en l’espace de quelques jusqu’à en prévoir officiellement une quatrième dans une plus grosse salle en juillet. Sans oublier le projet ALL IN qui est - jusque là - un énorme carton en plus d’être une première historique… Qu’on ne l’aime ou non, qu’il soit bon ou non, qu’il soit atteint d’une Baronne Corbinite Aigüe ou non, Cody est fortement lié à tous ces grands évènements et changements que le catch vit et a vécu ces dernières années.
Alors, est-ce que son nom et son charisme lui suffiront pour continuer de la plus belle manière sa carrière et élever la scène hors-WWE sans passer par de gros efforts in-ring ? Pourra-t-il repasser par un règne de champion de la ROH malgré la petite déception (in-ring) que fut le premier ? Ou bien est-ce que Cody et Dalton Castle continueront encore longtemps à foutre des infarctus à Samoa Joe, Takeshi Morishima, Nigel McGuinness ou Bryan Danielson ? La question reste en suspens, l’affaire reste à suivre … et le Sniper le garde dans son viseur !
"All In", révolution en vue ou simple OVNI ?
Le 15/05/2018

Ce dimanche 13 mai 2018, au siège de Pro-Wrestling Tees à Chicago, la bande de joyeux drills de Being The Elite a tenu sa première conférence de presse pour All In. Toute en spectacle, la séance s’est faite devant des fans et médias déjà acquis à la cause de Cody Rhodes et les Young Bucks et n’a donné que très peu d’annonces supplémentaires sur le show du 1er septembre : la participation d’une nouvelle star, Rey Mysterio Jr., et un match de championnat du monde poids-lourd NWA pour Cody (nicely done, Billy !). Mais le véritable objectif derrière cette conférence était de marteler une dernière fois (non, pas #FTRR, pour les retardataires au fond à gauche dans le coin sombre) le lancement de la billetterie, les heures suivantes.
Le défi n’était pas de faire de la communication marketing efficace (et cela, les Young Bucks et Cody Rhodes savaient déjà bien le faire avant même de se rencontrer). Le défi n’était pas d’organiser un show (Nick & Matt en avaient l'habitude à Reseda). Le défi était de dépasser la barre des 10.000 billets vendus pour un show de catch complètement indépendant, où Cody et les Bucks investiraient même leurs salaires s’il le fallait (d’où l’expression retenue pour « All In »). Ce défi a non seulement été relevé, il a été explosé ! Les 10.000 et quelques tickets mises en vente pour la soirée au Sears Centre de Chicago (le jour de la fête du travail américaine, bien choisi) ont tous été vendus en moins de 30 minutes ! Littéralement, comme l’ont souligné tous les médias de catch hier et aujourd’hui, du jamais vu aux Etats-Unis depuis (même pas la mort mais) la chute de la WCW à la fin des années 1990.
Une "blague", un "défi impossible" ... un bon angle de "crowdfunding" en somme ?
Le pari initial avait été lancé au célèbre journaliste et critique, Dave Meltzer, par Cody lui-même sur Twitter il y a tout juste un an. Meltzer affirmait alors, en réponse à un fan, que la Ring of Honor n’arriverait jamais dans un avenir proche à remplir une salle de plus de 10.000 personnes. Le fils du « fils d’un plombier » avait rétorqué qu’avec son nom et celui des frères Jackson à l’affiche, il ne leur suffirait que de trois mois de promotion (un détail du défi dont personne n’a souvenir d’ailleurs …) pour lui donner tort. Dès lors, la campagne de communication s’était mise en marche : Being The Elite est passé de simple vlog ou « road diairies » des Young Bucks et Kenny Omega à une véritable web-série influençant sur des « storylines » majeures de la ROH et NJPW, un compte Twitter @ALL_IN_2018 s’est ouvert en décembre 2017 annonçant des noms, date et lieu au compte-goutte, un partenariat commercial avec Pro-Wrestling Tees s’est signé et une véritable convention, STARRCAST (avec un certain 'Best In The World' au casting), s’est organisé autour.
Being The Elite, le show devenu plateforme de promotion d'All In, a-t-il désormais une raison d'exister ?
Aujourd’hui, le « club » de Cody & Cie est, comme on dit dans le jargon, plus qu’« over ». En 2018, il est de près ou de loin à l’origine de l’événement le plus fréquenté de l’histoire de la ROH (plus de 6.000 fans ont préféré son Supercard of Honor XII à NXT TakeOver : New Orleans), du succès similaire de NJPW Strong-Style Evolved et du prochain G1 Special in San Francisco au beaucoup plus imposant Cow Palace (et ce n’est pas un hasard, puisque c’est l’une des salles favorites de Cody Rhodes) – sans oublier CEOxNew-Japan, le show co-organisé par Kenny Omega. Contrairement au catch indépendant britannique par exemple, ou deux-trois promotions se partagent ce marché nouvellement grandissant, les parts du circuit indy américain que cette bande ne touche pas de leur "Midas touch" ne font que vivre ou survivre à côté (autrement dit, la Ring of Honor ne serait actuellement peut-être pas grand-chose sans elle).
♦ A LIRE : Comment le catch raconte une histoire en 2018 ♦
Le succès (commercial) aussi soudain et fracassant d’All In est aussi bien leur victoire que celle des fans eux-mêmes … ou pas ? Ce show auto-financé, le plus « alternatif » qui soit, est la preuve que des catcheurs non-WWE (ou presque, dans le cas de Cody) assez populaires, au sens aigu de la communication et du marketing, sont capables sans l’aide d’aucune structure ou agent (« P-W-G ! P-W-G !») de fédérer une véritable communauté autour d’eux et de la transformer en une clientèle fidèle et vorace – à condition de leur offrir, a priori, exactement ce qu’ils attendent en retour. Car pour ce show du 1er septembre déjà « sold out », Cody & The Bucks n’ont même plus besoin de rester « all in » puisque quoi qu’il arrive, s’ils se débrouillent assez bien tout en faisant le minimum d’efforts, les 10.000 et quelques fans qui ont leur ticket seront là et achèteront t-shirts et goodies au passage. De ce point de vue, seuls les prochains mois nous diront si le trio visionnaire ne va pas tomber dans les mêmes travers que Stamford (même si, personnellement, j’en doute). Autre doute : le show sera-t-il, à l’image de son idée folle, aussi révolutionnaire en termes de qualité in-ring et narrative ? Là encore, nous ne le serons que le soir même du 1er septembre prochain.
Le jamais vu, jamais fait et historique ne fait pas tout ...
Qu’en est-il de sa signification pour le « futur de la profession » ? La plupart des médias et spécialistes tiennent à souligner uniquement l’accomplissement de ce week-end en lui-même pour d’ores et déjà prédire un impact historique hypothétique sur l’industrie toute entière. Pourtant, ce show « anti-establishment », arrivé au bon moment et surfant sur la bonne vague, va-t-il vraiment changer le monde du catch comme l’a fait l’ECW de Paul Heyman ou la WWF des années 1980 avant lui ? Peut-être, mais pas forcément 100% en bien.
Du point de vue des catcheurs, l’influence d’All In et de ce qui suivra immédiatement après pourrait être aussi positive que négative. D’un côté, un tel succès donnera un argument de pression pour relancer sérieusement le débat autour de la formation d’un syndicat (ou « union » en anglais), après avoir prouvé le fait que des catcheurs n’avaient besoin d’aucune organisation derrière eux pour faire ce qu’ils entendaient. De l’autre, organiser un événement et en prendre les responsabilités administratives, juridiques et financières n’est pas à la portée de tous. Des structures comme la WWE ou la NJPW ont des mauvais côtés (plus chez une que chez l’autre, évidemment) mais elles ont pour elle un ensemble de garanties de protection médicale et juridique de leurs talents. Et même d’un point de vue créatif, si un personnage ou une « storyline » ne marche pas auprès du public, les critiques retombent sur la direction et l’équipe créative, rarement le catcheur lui-même. Seul face à son public, le droit à l’erreur devient très vite limité.
Quant aux promoteurs d’ailleurs, ce modèle volontairement « chaotique » et auto-entrepreunarial les poussera peut-être à donner davantage de pouvoirs créatifs et de liberté, en général, à leurs talents. D’un autre côté, cela peut les amener à négliger des postes clés dans l’organisation d’un show de catch : adieu « bookers », « agents » et scénaristes. Qui a dit que le monde du catch avait besoin d’un Gabe Sapolsky, d’un Chris Kreski ou … d’un Dusty Rhodes ? (Et ne parlez pas à Cody de Vince Russo !) Qui a dit qu’un programme purement scénaristique tel Lucha Underground avait vraiment lieu d’être ? Et qui a dit, encore une fois, qu’on avait besoin de « booker » la carte d’un show de A à Z pour le vendre ? Que serait la monstrueuse ascension de la NJPW en 2018 sans une organisation solide, une direction déterminée et avisée et une équipe créative efficace ?
Pour l’instant, All In (l’un des rares shows sans promotion organisatrice … de puis Heroes of Wrestling) est un ovni et non l'écriture d'une nouvelle page de l’histoire du catch. Et seul l’avenir conclura sur la positivité de son influence … mais en attendant, j’en connais trois qui se baignent dans des milliers de billets verts bien mérités (Matt Hardy style !) et de tout cela n'en ont strictement rien à foutre !
What I Liked This Month : Les Matchs du Mois - édition avril 2018
Le 05/05/2018
La période de fin mars-début avril est toujours très importante dans le monde du catch, grâce évidemment au WrestleMania Week-End et ses retombées les semaines suivantes. De plus en plus chargé chaque année, il nous a offert cette année une ribambelle de shows en tout genre, des plus classiques "supershows" à des conceptsplus "WTF-esques". Mais surtout - et c'est ce qui intéresse votre serviteur - une qualité in-ring général de haut niveau !
Néanmoins, il n'y avait pas que le 'Mania Week-End qui nous a fourni de supers matches ce mois-ci : la NJPW, l'AJPW ou même les Sendai Girls ont fait sentir leur présence aussi pour terminer ce mois d'avril 2018 fantastique.
Will Ospreay © vs. Marty Scurll – IWGP Junior Heavyweight Championship Match (NJPW Sakura Genesis 2018 – 01/04/18 – Tokyo, Japon)
Quand j'ai vu l'annonce de ce match, je me suis juste di : « encore ? ». Ospreay et Scurll n'ont jamais de mauvais matches ensemble mais à force leur série de matches devient un peu répétitive. Malgré tout, même le fait que cet opus a été "booké" à la va-vite, il y avait tout de même une histoire pour capter notre attention : Ospreay n'a jamais vaincu Scurll pour un titre, n'importe où. Est-ce que Will allait enfin réussir à briser cette malédiction ?
Il a tout fait pour en tout cas. Il a résisté comme il pouvait à tous les terribles Neckbreakers de Marty, pendant tout le match. Il a vraiment eu du mal à prendre l'avantage, malgré les supers échanges de contres à plusieurs reprises. Et plus le match continuait, plus la nuque d'Ospreay prenait - disons-le - terriblement cher. Le match a même pris une tournure terrifiante à la fin lorsque Will botcha un Spanish Fly depuis le tablier du ring s'ouvrant méchament le crâne. Le champion avait alors filé une peur bleue au public du Sumo Hall, se rappelant le cas de Katsuyori Shibata l'année précédente. Cette fin de match m'a personnellement vraiment mis mal à l'aise. Marty Scurll, en bon 'Villain' qu'il est, en a profité alors pour s'acharner dessus, accentuant la tension dramatique de l'affrontement.
En somme, ce match sort vraiment du lot, comparé aux autres Ospreay vs. Scurll. Un match assez éloigné du style "Junior" dont on a l'habitude à la NJPW : un véritable clash épique de 30 minutes de deux catcheurs au top !
Adam Cole vs. EC3 vs. Killian Dain vs. Lars Sullivan vs. The Velveteen Dream vs. Ricochet – NXT North-American Championship - Ladder Match (NXT Takeover : New Orleans – 07/04/18 – La Nouvelle-Orléans, Louisiane, Etats-Unis)
Et bien, en voilà une sacrée façon de commencer un show déjà très attendu !
A priori, je n'étais (et je le suis toujours) pas du tout fan de la création de ce nouveau titre de championnat. La ceinture est belle mais pourquoi créer un autre titre secondaire à NXT quand l'UK CHampionship faisait bien l'affaire ? Et puis bon, l'appeler le "North-American Championship", c'est un peu dissimuler un autre titre US sous un nom différent ... et un projet de territorisation encore en construction.
Mais au moins, ça nous a permis d'assister à un Ladder Match avec de supers talents. Nouveau signé, Ricochet a eu le meilleur début possible dans ce match, virevoltant dans tous les sens et auteur justement d'un des "spots" mémorables du match - celui où Lars Sullivan soulèva l'échelle et envoya Ricochet à l'extérieur, qui improvisa avec un magnifique Moonsault. Lars et Killian Dain ont eu l'occasion de continuer leur "feud", détruisant les autres catcheurs sur leur passage. EC3 et Adam Cole ont joué les opportunistes à la perfection et Velveteen Dream a continué sa bonne ascension à NXT et quel Purple Rainmaker du haut de l'échelle d'ailleurs ! Autrement, Adam Cole est un très bon choix comme premier champion, il le méritait.
En somme, un "opener" explosif tout bonnement incroyable, mais dur à suivre pour les autres matchs de la soiré, et un des meilleurs Ladder Matches de ces dernières années à la WWE sans aucun doute.
Andrade 'Cien' Almas © vs. Aleister Black – NXT Championship Match (NXT Takeover : New Orleans – 07/04/18 – La Nouvelle-Orléans, Louisiane, Etats-Unis)
Il y a un an, à quelques jours près, Aleister Black et Andrade Almas s'affrontaient déjà lors du même événement - Black l'emportant pour débuter sa carrière à NXT. Mais cette fois, l'enjeu était de taille : le titre NXT du mexicain était remis en jeu. Il y a un an, Tommy End devenait Aleister Black, et 'Cien' seravit encore de faire-valoir.
En 2018, ce dernier a heureusement bien changé de position sur la carte avec un "booking" enfin digne de son talent. Il n'est pas bon en promo et ne maîtrise pas très bien l'anglais ? Mettons-le avec quelqu'un qui sait très bien manier le micro comme Zelina Vega, et le tour était joué. Black, quant à lui, a eu le meilleur parcours possible pour lui : invaincu en Takeovers et perdant très peu en dehors de ces shows, il est vite devenu l'inévitable challenger pour le titre majeur.
Les deux hommesont fourni évidemment un super match, avec un rythme vraiment effréné tout du long en commençant par un début de match à cent à l'heure. Ils ont une très bonne alchimie, mixant parfaitement leurs styles respectifs. Et cerise sur le gâteau, Almas a sorti l'un des meilleurs contre au Black Mass que j'ai vu jusqu'à présent !
Je n'ai pas été très fan par contre des trop nombreuses interférences de Zelina. Un Hurricanrana occasionel ne me gêne pas, au contraire, cela lui permet de se démarquer des managers habituels. Mais ici, elle est intervenue trop souvent comparé à d'habitude ... Même si ça avait du sens qu'elle ait aidé Almas à atteindre le sommet et qu'elle lui coûte le titre ensuite. Je ne sais pas si ce "finish" était forcément nécessaire, tant Almas a déjà vaincu Drew McIntyre et Johnny Gargano "seul" mais bon, aucun match n'est parfait !
Johnny Gargano vs. Tommaso Ciampa – Unsanctionned Match (NXT Takeover : New Orleans – 07/04/18 – La Nouvelle-Orléans, Lousiane, Etats-Unis)
C'est bien connu : les amitiés dans le catch ne sont pas faites pour durer éternellement. Pourtant, l'histoire de DIY avait tout de la "success story". Deux catcheurs qui se connaissaient à peine sont mis ensemble à leurs débuts à NXT. Ils devaient alors apprendre à se faire confiance et à travailler ensemble s'ils voulaient réussir dans la "big league".
Ils commençaient à gagner et à se sécuriser une bonne place dans la division par équipe, alors qu'ils n'étaient même pas encore signés. Quelques mois plus tard, désormais avec un nom d'équipe adéquat et un tee-shirt, ils gagnaient les titres par équipes après un magnifique match contre The Revival. Tout allait pour le mieux pour Gargano & Ciampa quand ils perdirent malheureusement les ceintures face aux monstrueux Authors Of Pain. Après plusieurs rematches tumultueux, DIY avait enfin eu sa chance de récupérer les titres, dans un Ladder Match qui plus est. Ils avaient eu beau tout donner mais rien ne semblait pouvoir venir à bout d'AOP - la tâche était trop dure.
♦ A LIRE : Comment le catch raconte une histoire en 2018 ♦
Et l'inéluctable arriva : Ciampa transforma DIY en un simple souvenir. Si l'on en croit ses mots, la pure raison de sa trahison était qu'il se sentait "dans l'ombre de Johnny Wrestling", et qu'ils ne supportaient pas que "les fans eurent même le toupet de spéculer qu'il serait remplacé dans son match contre AOP". C'en était fini du "friendly" Tommaso Ciampa : il était temps que le 'Sicilan Psycopath' montre son vrai visage.
Ceux qui s'attendaient à un match classique pouvaient passer leur chemin. C'était un Unsanctionned Match et ça allait évidemment être une pure "brawl". Ca a été brutal en effet. Certains "spots" étaient terrifiants à voir, comme cette Suplex de la table des commentateurs directement sur le sol ou, le plus difficile à regarder, quand Ciampa est atterit à même le ciment après une Powerbomb.
Comme pour Golden Lovers vs. Young Bucks, ce fut un match épique. Long l'exécution également, mais beaucoup plus axé sur la violence et la bagarre physique que l'autre. Un affrontement ô combien gratifiant après cette "feud" classique, avec des moments incroyables de "storytelling" qui n'ont fait qu'augmenter le niveau du match, avec une fin tout droit sorti d'un film. Très probablement la fin parfaite (pour l'instant) à cette rivalité fratricide, où le bien triomphe du mal. Encore une fois, un classique mais quand on a deux catcheurs aussi bons dans leurs rôles on ne peut qu'être satisfait.
Après ces dernières secondes de show, tout ce que je pouvais penser était : "quel parcours déjà pour Johnny Gargano à NXT !". Celui-ci est "méga-over". Il a eu jusque là un "push" irréprochable et a vaincu son ex-meilleur ami devenu meilleur ennemi. Ceoendant, je doute que ce dernier en ait fini avec lui malheureusement, aux vues des récents événements. Mais je ne peux qu'imaginer cette réaction et ce moment quand Johnny Wrestling deviendra enfin NXT Champion !
Matt Riddle © vs. Will Ospreay – EVOLVE Championship – No Rope-Breaks Match (WWN Supershow : Mercury Rising 2018 – 06/04/18 – La Nouvelle-Orléans, Lousiane, Etats-Unis)
C'était sans doute l'un des matches que j'attendais le plus de ce WrestleMania Week-End. Une rencontre de rêve entre deux des hommes les plus chauds de l'indy depuis quelques années et deux des plus talenteux évidemment. Et fort heureusement, ils sont loin de m'avoir déçu !
L'état amoché d'Ospreay après son match contre Scurll, dont je parle plus haut, a énormément joué sur ce match. La tâche allait être très compliquée pour lui, surtout face à un adversaire aussi dangereux et inarrêtable lors de ce WM Week-End que Matt Riddle. De plus, il n'a de cesse désormais de transformer tous ses matchs de championnat en No Rope-Breaks (bien que cette stipulation n'ait servi à rien ici). Par ailleurs, l''Aerial Assassin' a fait une grave erreur en tentant un Spanish Fly depuis le bord du ring, qui fut contré évidemment par Riddle en German Suplex et qui n'arrangea rien à l'état déplorable de sa nuque.
Le match est ensuite passé au niveau supérieur quand Ospreay endura une lourde chute pour contrer une Sleeper Hold du champion, les deux hommes tombant depuis la troisième corde. Mais peu importe, le "fighting spirit" du jeune britannique l'obligea à continuer même si c'était pour se faire encore plus brutaliser par le 'King of Bros', nous offrant des dernières minutes trépidantes. En résumé, c'était clairement le meilleur match d'un WrestleMania Week-End surbooké pour les deux hommes.
Kota Ibushi vs. Adam Page (ROH Supercard Of Honor XII – 07/04/18 – La Nouvelle-Orléans, Lousiane, Etats-Unis)
Cela faisait 10 ans que Kota Ibushi n'avait pas catché à la ROH. Personnellement, j'aurais préféré le voir contre Jonathan Gresham tant ça aurait été intéressant de voir le mélange de styles, ou bien face à Will Ospreay déjà "teasé" de nombreuses fois par le passé. Mais à la place, il s'est retrouvé face à la "rising star" du Bullet Club qu'est Adam Page. C'est toujours une grande opportunité pour un catcheur de montrer ce qu'on ait capable de faire dans un ring lorsqu'il fait face à un des rares catcheurs à pouvoir sortir un bon match même contre une poupée gonflable, littéralement !
Page a certainement été à la hauteur, brillant dans un match très dynamique avec beaucoup d'action et d'intensité. A noter ce dangereux "spot" où ce dernier tenta un Moonsault depuis une barrière mais s'est fait contré en German Suplex, retombant directement sur la nuque ! Le tout forma un véritable sprint de quinze minutes avec très peu de temps morts et constitue sans doute le meilleur match de la jeune carrière du Hangman. 2018 serait-elle son année ?
SoCal Uncensored © vs. The Young Bucks & Flip Gordon – ROH World Six Man Tag Team Championship – Ladder Match (ROH Supercard of Honor XII – 07/04/18 - La Nouvelle-Orléans, Lousiane, Etats-Unis)
Deux Ladder Matches dans deux fédérations bien connues, le même soir, c'est pas tous les jours que ça arrive ! Preuve que tout est possible lors du 'Mania Week-End.
Je trouve l'association de Flip Gordon avec les Bucks bizarre, surtout quand on sait comment ils l'ont traité dans Being The Elite mais au moins il a bien contribué à ce match, avec plusieurs grosses prises de risque. Le match en lui-même a eu pas mal de "OMG moments", autant qu'il en faut pour un Ladder Match. Je pense notamment à ce double 450° de Nick & Flip à travers des tables à l'extérieur depuis le haut des coins et le Diving Elbow Drop de Matt propulsé à l'extérieur sur une table, ou encore au TKO de Kaz depuis le haut d'une échelle.
Seul l'intervention du Kingdom était inutile, tant ils n'ont eu aucun impact et était juste là pour jouer la victime des plus gros "spots".
Jonathan Gresham vs. Jay Lethal (ROH Masters of The Craft – 15/04/18 – Colombus, Ohio, Etats-Unis)
Cette rencontre était une revanche d'un superbe match dont j'avais parlé lors du WILTM de février, et quel show plus adéquat que celui-ci justement entre deux "maîtres de leur art".
Chacun a travaillé à nouveau un membre de son adversaire : la jambe pour Lethal et le bras pour Gresham. Les deux hommes ne se sont affrontés qu'une fois mais on ne dirait pas pourtant, chacun sortant contre après contre plus fabuleux les uns que les autres. Gresham sortit justement le meilleur contre de la Figure-Four Leglock que j'ai vu quand il la contra en une autre variation de Leglock. Il a aussi réussi une superbe transition quand Lethal tenta d'attraper la corde avec son bras, en plein Octopus Lock, en enroulant sa jambe autour du bras tendu de Jay.
Du véritable catch d'expert avec ces deux grands catcheurs : vivement leur belle, d'ores et déjà annoncée pour un nouveau show très prochainement.
Io Shirai vs. Meiko Satomura (Sendai Girls – 19/04/18 – Tokyo, Japon)
Avoir deux des meilleures catcheuses actuelles - voire de l'histoire, n'ayons pas peur des mots – était forcément gage d'un excellent match. Surtout quand ces deux-là ont déjà eu des matchs épiques à la Stardom.
Ici pas d'enjeu par contre : pas de World of Stardom Championship ou même de Sendai Girls World Championship, pour lesquels elles se sont déjà affrontées. Mais ce n'est clairement pas ça qui allait enlever la qualité au match.
Les deux femmes se connaissent très très bien. Elles se contrent leurs prises fétiches en début de match, avant d'en découdre plus tard dans des échanges très intenses. Personne n'a eu un vrai avantage, chacune plaçant ses grosses prises sur l'autre sans arriver à clouer son adversaire au sol. En conséquence, ce match se termina en un Time Limit Draw. Heureusement, après un résultat pareil, un autre match se produira certainement entre ces deux grandes rivales et j'ai très hâte de voir ça !
On tient ici sans aucun doute le meilleur match féminin cette année. C'est dire s'il sera très dur de le détrôner.
Shingo Takagi vs. Shuji Ishikawa – Champion Carnival Block A Match (AJPW Champion Carnival – Day 14 – 29/04/18 – Tokyo, Japon)
"Underdog" n'est pas un terme qu'on associe généralement à l'ancien Open The Dream Gate Champion, Shingo Takagi, qui est habituellement l'homme fort de la Dragon Gate. Mais quand on affronte un géant comme l'ancien Triple Crown Champion, Shuji Ishikawa, il n'y a pas moyen d'être autre chose que l'"underdog".
Comme lors de précédentes rencontres au cours de cet excellent Champion Carnival Tournament, face à adversaires plus massifs tel que Yuji Hino ou Joe Doering, Shingo a dû faire parler sa vitesse, caractéristique du style Dragon Gate, et son esprit de guerrier combattif.
Sa performance dans ce match s'est révélé donc être exceptionnelle et il reste l'un des catcheurs les plus solides et réguliers de la planète et aussi l'un des meilleurs catcheurs au Japon. Il était littéralement en feu dans ce match, sortant en plus un Tope Con Giro et un monstrueux Made In Japan - sans doute le plus gros qu'il est sorti de sa carrière ! Malheureusement tout ça n'a pas été assez pour garder l'un des japonais les plus en forme qu'est Ishikawa. Cela dit, même si ce dernier sortait ses plus grosses munitions, Shingo se dégageait encore et encore, entraînant le public avec lui. Il a fallu un Giant Slam à Ishikawa pour finir le valeureux Shingo, démontrant l'efficacité de l'une des meilleures prises de finition au monde actuellement.
Si vous cherchez le meilleur "underdog" vs. "giant" match de l'année, ne cherchez pas plus loin, vous l'avez ici. Qui plus est avec un Shingo qui nous a montré encore quel superbe catcheur il est, avec un style qui change de celui qu'on le voit habituellement à la Dragon Gate.
Back To The ... Present : WWE Greatest Royal Rumble ou quand le matérialisme passe avant le sport
Le 30/04/2018
Être payé pour faire les choses en grand, c'est bien, mais faire un effort pour donner une valeur ajoutée, c'est mieux. Malheureusement, ce n'était pas le cas du WWE Greatest Royal Rumble en Arabie Saoudite.
Il y a quelques mois de cela, la WWE annonçait à la plus grande surprise de tous qu’un nouvel événement Royal Rumble allait avoir lieu, seulement 3 mois après l’événement habituel du mois de janvier. C’est ainsi qu’est né The Greatest Royal Rumble. En ce soir du 27 avril 2018, la WWE proposait donc en effet le plus grand Royal Rumble match jamais organisé – d’où le nom du show – devant un large public Saoudien, peu habitué de ce genre d’événements sportifs. Malgré un cadre intéressant, et une carte plus qu’attrayante (dont nous parlerons un peu plus tard), le show a été très loin de se montrer à la hauteur. Voyons tout de suite pourquoi en commençant par les résultats en bref :
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John Cena b. Triple H (***1/4)
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Cedric Alexander © b. Kalisto et conserve son titre poids-moyen (***1/2)
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The Deleter Of Worlds b. The Bar et remportent les titres par équipe vacants de RAW (**)
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Jeff Hardy © b. Jinder Mahal pour conserver son titre US (*1/2)
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The Bludgeon Brothers © b. The Usos et restent champions par équipe de Smackdown (**1/4)
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Seth Rollins © b. Finn Balor, Samoa Joe & The Miz dans un Fatal 4 Way Ladder Match pour conserver son titre Intercontinental (***)
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AJ Styles vs Shinsuke Nakamura se termine en Double Count-Out, 'The Phenomenal One' reste donc champion de la WWE (***1/2)
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The Undertaker b. Rusev dans un Casket Match (*3/4)
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Brock Lesnar © b. Roman Reigns dans un Steel Cage match et garde son titre Universel (***1/4)
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Braun Strowman remporte le "Greatest Royal Rumble Match Ever" (**3/4)
Un programme et un contexte pourtant digne d’un WrestleMania …
Pour être honnête avec vous, lorsque cet événement a été annoncé, je n'étais absolument pas emballé par la nouvelle. Cependant, la carte a commencé doucement à se dessiner, et je me suis finalement dit que nous pourrions éventuellement avoir un show convenable. Comme on peut facilement le remarquer avec les résultats, la WWE a mis les petits plats dans les grands afin d'attirer le public Saoudien, en sortant un bon nombre d'atouts en sa possession. Ainsi, on observe la présence de noms connus de tous – que ce soit pour les non-initiés où pour les fans de la première heure – tels que Triple H, John Cena, The Undertaker, Rey Mysterio, etc.. De quoi toucher un maximum de personnes à la fois. Ce qui ne peut que marcher à la perfection. Cela rend également l'événement très prestigieux, sachant que des lutteurs tels que l'Undertaker ou encore Rey Mysterio ne sont que très rarement là.
De plus, la WWE proposait pas moins de 7 matchs de championnat, soit la défense de tous les titres masculins de la fédération, toujours dans cette même stratégie de toucher un maximum de public. Pour poursuivre dans cette voie, nous pouvions également retrouver quelques matchs à stipulation, et bien évidemment, le plus grand Royal Rumble jamais organisé. Parlons également du lieu dans lequel se déroulait ce spectacle, puisqu'il s'agissait du King Abdullah Sports City Stadium, un stade de football d'une capacité d'environ 60 000 places. De quoi accueillir beaucoup de monde, mais également proposer un cadre et une réalisation similaire à des shows comme WrestleMania. Le projet de séduction était donc lancé, et la WWE avait toutes les armes nécessaires pour proposer une représentation de qualité.
… qui s'est finalement transformé en pétard mouillé
Il faut quand même reconnaître que la WWE a bien choisi l'ordre des matchs. En proposant le Triple H vs John Cena en premier, ainsi que le match pour le titre poids moyen ensuite, l'événement a débuté sur une base qui était familière pour tout le monde, avec un match plutôt agréable, suivi d'un match de très haute volée ensuite, permettant de mettre le spectateur en confiance. Suite à ces deux matchs, j'étais plutôt ravi à vrai dire, mais c'était avant que la dégringolade commence… Effectivement, suite à ces deux matchs, on est passé – en termes de qualité in-ring – d'un show plutôt convainquant, à un house show, ni plus ni moins. Au revoir l'intensité, au revoir la construction des matchs. Place maintenant à des affrontements poussifs, expéditifs et dont on ne retient pas grand chose.
Même le Fatal 4-Way Ladder Match était en dessous de ce qu'on aurait pu attendre, malgré une très bonne fin de match. Et même si la revanche entre Styles et Nakamura aura très largement remonté le niveau, la suite n'était guère meilleure. Côté narratif, aucune tentative de rectification ou d'avancement majeure après un WrestleMania en demi-teinte : Lesnar s'en sort encore face à Reigns, quoique plus in extremis (pauvre Samoa Joe qui payera les pots cassés à Backlash) ; Styles-Nakamura continuera sans changement et, quant au reste, l'influx scénaristique était plus ou moins inexistant. Alors pourquoi autant de paresse sportive et scénaristique, en dépit de tous les arguments présentés pour faire de ce Greatest Royal Rumble un show dont on se souviendra ? Et bien, la réponse est toute simple.
Le fric, c'est chic !
Si il y a bien un seul mot qui peut résumer pourquoi cet événement était si poussif, c'est bien le mot argent. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Le simple fait que cet événement ait eu lieu dans un pays tel que l'Arabie Saoudite est un argument sur lequel on peut s'appuyer. En effet, ce pays est très peu lié au monde du catch en général, donc on pourrait se demander pourquoi s'exporter là-bas . Effectivement l'Arabie Saoudite est un des premiers producteurs de pétrole dans le monde, qui est un milieu extrêmement rentable puisque ce genre de pays n'ont comme désir que de dépenser l'argent gagné par leurs ventes d'hydrocarbure. Ainsi, l'organisation d'événements sportifs dans ce genre de pays là est également très rentable pour ceux qui les organisent. Il est de plus en plus courant de voir des compétitions sportives dans ces pays du Moyen-Orient, comme par exemple la future coupe du monde de Football 2022 au Qatar. Pour en revenir au Greatest Royal Rumble, nous avions appris quelques jours avant le show que la WWE allait se faire d'énormes bénéfices, allant jusqu'à 150 millions d'euros environ, sans compter les recettes concernant les ventes des tickets. Quelque part, le fait de produire un show de qualité ou non ne change absolument rien, puisque la compagnie se fait un bénéfice énorme tout en séduisant de nouveaux fans afin de produire d'autres événements dans ce pays sur le long terme.
Qu'en est-il du "Greatest" Royal Rumble Match ?
Évoquons maintenant le Main Event de la soirée, qui était bien évidemment le plus grand Royal Rumble jamais organisé comportant pas moins de 50 lutteurs. Même si le reste du PPV m'avait plutôt désespéré je dois l'avouer, il restait en moi un fragment d'espérance quant à ce match. Après tout, c'est le genre de bataille que tout le monde apprécie à l'unanimité, et bien que celle-ci soit "amicale" (traduction que l'enjeu était simplement "historique") on pouvait quand même s'attendre à quelque chose d'agréable. Mais cela n'a pas été tout à fait le cas. En effet, ce match a reflété parfaitement le reste de la soirée de par sa paresse scénaristique, notamment.
D'habitude, les matchs de ce genre sont ponctués par des enchaînements de moments forts, liés par une ligne directrice cohérente, apportant ainsi énormément de relief au match en question. Il n'en était rien ici. Il s'agissait juste de 50 lutteurs qui se succédaient dans le ring, sans réels moments particuliers à retenir. Même si cela reste divertissant, on reste quand même sur sa faim, avec cette amère impression de n'avoir rien retenu d'un match qui a pourtant duré une heure et quart. On pourra quand même noter l'excellente performance de Daniel Bryan, resté presque pendant toute la durée du match, avant de se faire éliminer par Big Cass, de quoi alimenter leur rivalité en vue de leur futur match lors de Backlash. Mais également les entrées très rafraîchissantes de lutteurs comme Rey Mysterio, qui auront donné un second souffle au match. Mis à part quelques détails çà et là, ce match aura peiné à convaincre, d'autant plus que la victoire de Braun Strowman était, certes, méritée mais évidente pour beaucoup d'entre nous.
En somme, The Greatest Royal Rumble était une sorte de show commercial, dédié à un public en particulier (soit peu initié et nécessitant d'un certain taux de "simplification", d'où cette paresse créative), ce qui explique le manque de qualité générale. De plus, le public timide de Saoudiens découvrant tout juste les joix des spectacles à grande échelle (catch ou autres) n'aura absolument pas aidé avec tout ceci, tant il était complètement absent et silencieux tout au long de la soirée. L'ambiance était presque comparable à une ambiance de bibliothèque et c'était parfois très triste à voir. Ce qui nous donne en tout et pour tout : une prestation historique à oublier.
Review Press #5 : La sélection mensuelle d'articles catch à lire
Le 21/04/2018
Comme il est curieux d'être fan de catch aujourd'hui ... La France se réveille doucement avec des essais scénaristiques et des shows enfin au niveau, mais aussi avec une mobilisation communautaire sans précédent (#CatchCovoit #JeCroisAuCatchFrançais #C'estCaLeCatch).
Et, pendant ce temps-là, bien sûr, le catch mondial continue sa route vers de nouveaux horizons toujours aussi impressionnants. Des nouvelles tentatives créatives à l'expansion des frontières entre les promotions, de la renaissance de territoires entiers à l'émergence de nouveaux intérêts nationaux (Coucou, la Chine !), tout semble aller si vite ... qu'il devient nécessaire de prendre le temps de faire le bilan et de prendre connaissance de toutes ses visions du monde entremêlées ! C'est la raison d'être de la Review Press.
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WWE
-- Voici tout le génie du scénariste indépendant et ultra-fan de catch, Tim Kail. Il est capable d'analyser et de décortiquer une simple scène d'une modernité sortant de l'ordinaire lors de WWE RAW (et dont on ne rêvera probablement jamais la démocratisation), d'une façon qu'on espérerait presque qu'il ne soit pas seulement dans l'équipe créative de Stamford mais à la place de son cerveau en chef - tout en lui donnant plus de crédit que quiconque. Si quelqu'un devrait imaginer le "New Kayfabe", c'est bien lui !
-- Dans le même genre d'auteurs pleins de réflexions riches et étonnantes, on trouve M. McGee du Spectacle of Excess. Très inspiré de la philosophie primordiale de notre cher Roland Barthes, il installe des analyses toujours très pointues, rajoutant du corps au sens des "storylines" et des réalités du catch. Dernièrement, il s'est intéressé au duo Kevin Owens & Sami Zayn, dont il a retracé avec brio le parcours d'avant WWE.
-- Avant Roman Reigns, avant Braun Strowman, avant Ryback et avant Mason Ryan, ils étaient trois : Batista, John Cena et surtout Bobby Lashley ! Si, à l'époque, ce dernier ressemblait plus à un Roman Reigns circa 2014 qu'au Brock Lesnar circa 2002 que Vinny Mac espérait dans ses rêves érotques, il n'est plus le même aujourd'hui.
Après ses succès en MMA et son passage très réussi à la TNA/Impact Wrestling, 'Walking Armageddon' est une montagne de puissance in-ring mais aussi de charisme et de personnalité. Et pour ceux d'entre vous qui ne sont pas encore convaincus, n'hésitez surtout pas à jeter un oeil à la liste de ses meilleurs matches réalisée par Voices of Wrestling !
-- Enfin, pour ceux qui n'ont pas (encore) vu l'excellent documentaire d'HBO sur André Le Géant, vous pouvez tout à fait lire le très stylistique dossier Explore de L'Equipe ... reprenant quasiment en copié/collé les éléments du docu' (en rajoutant l'influence culturelle récente du monsieur qui manquait).
NJPW
-- Ce mois-ci, on en a entendu des vertes et des pas-mûres sur le nouveau Steven Spielberg, Ready Player One. Mais le commentaire qui restait globalement en tête, c'était qu'on allait "s'en souvenir dans les quarante prochaines années". De la même façon que je ne suis pas nécessairement de cet avis, j'aimerais être de cet avis pour un match de catch en particulier : Golden Lovers vs. Young Bucks. Essence même du catch par équipe de haut niveau, match 5 étoiles pour Dave Meltzer, il est surtout le premier match depuis les grandes heures de l'AJPW et de l'ECW a avoir su aussi bien exprimer une narration complexe et profonde sur le ring. C'est exactement ce qu'a retenu Vice Sports dans un très bon article sur le sujet !
-- La NJPW semble enfin rentrer dans le mainstream américain. En promotion de son show Strong-Style Evolved, elle en a profité pour attirer les regards du respectable New-York Times. Entre l'ambition de son diffuseur américain, AXS TV, et la puissance de feu accumulé de ses différents partenariats, la NJPW pourrait bien un jour sérieusement concurrencer la WWE selon le journal.
-- Cody Rhodes est une star, c'est officiel depuis ses frasques sur Being The Elite. Mais c'est surtout un homme porteur, à la fois, d'un héritage aussi glorieux que pesant et à la fois de son propre destin. 'The American Nightmare' commence seulement aujourd'hui à équilibrer le tout pour se tracer un chemin dorée vers la popularité qu'il possède aujourd'hui. Et pour mieux le comprendre (et sincèrement, je ne me suis jamais autant identifié à un catcheur après un article), lisez au plus vite son portrait sur The Ringer !
Ailleurs
-- Le 17 mars dernier, à Plouasne, la promotion bretonne Ouest Catch a fait sensation, comme le retranscrit VoxCatch. Elle a tenté quelque chose quasiment sans précédent (c'est dire s'il était temps) dans le tot-petit monde du catch français : un "heel-turn" ! Ex-WWE, Tom La Ruffa a vaincu Tristan Archer dans un match très attendu en trahissant justement les attentes des fans français, devenant champion grâce à la traîtrise inattendue du "M. Loyal" de toutes les fédérations françaises et unique star YouTube du catch français, Sturry. Se lancer dans un tel scénario est une chose - et une preuve de bonne volonté - mais savoir l'exploiter comme il faut est encore autre chose ...
-- Et en parlant de ce même Tom La Ruffa, il apparaît en bonne place dans un article du journal mainstream britannique, The Sun, après avoir participé à un show de catch indépendant de grand ampleur en Turquie.
-- Pour finir, chers lecteurs, si vous avez loupé les meilleurs matches du WrestleMania Week-End, rassurez-vous : l'incroyable Larry Csonka de 411Mania les a listé et pré-analysé pour vous !
Les podcasts du mois
-- Si Catchacast se doit d'être votre référence en matière de vulagrisation catchesque francophone, How 2 Wrestling doit forcément apparaître comme son pendant anglophone. C'est grâce à ce podcast que ce couple a appris à aimer le catch ensemble. Si c'est Kefin qui ramène sa science et ses connaissances aiguisés en matière de catch, et son humour décalé de l'ultra-connu Attitude Era Podcast, c'est sa compagne Jo qui apporte les points de vues les plus intriguants et un regard neuf sur ce qui nous paraît "normal" à nous, fans de catch aguerris.
Et pour ceux qui comptaient faire la sieste en ces premiers jours d'été (en avance) étouffants, leur (très) long épisode sur Vince McMahon est à écouter de bout en bout, renseignant sur son histoire tourmentée mais aussi sur sa personnalité si ambigüe :
-- Colt Cabana est plus que l'ambassadeur du catch indépendant, il est son pionnier moderne. Après avoir lancé la mode du podcast-catch avec son Art of Wrestling et du vlog-catch, avec son documentaire Wrestling Road Diairies (avec les dernières semaines de Bryan Danielson avant qu'il ne devienne Daniel Bryan), il n'a de cesse de se renouveler et ainsi de tracer sa propre route.
Depuis quelques semaines, il a transformé son podcast d'interview en reportage, relatant ses différents voyages et rencontres. Dans cet épisode, particulièrement bien réussi, il nous transporte dans l'envers du décor de la salle de catch la plus mythique au monde : Korakuen Hall.
Les vidéos du mois
-- Depuis ses débuts, The Alt suit la renaissance de la NWA sous l'égide de Billy Corgan et David Lagana. La seconde Review Press présentait même le premier épisode de leur nouveau format sur YouTube, Ten Pounds of Gold. Sujet principal de "Comment le catch raconte une histoire en 2018" (#SelfPublicity), cette web-série a signé l'un de ses meilleurs épisodes (pourtant, peut-être le plus court) ce mois-ci. Entre des conversations intéressantes de conceptualisation du "kayfabe" et des "teases" de partenariats avec la Ring of Honor et la bande d'All-In, tout y est pour donner envie de la suivre !
-- Mais la vidéo qui m'a le plus marqué ce mois-ci promouvait un match qui n'a finalement pas eu lieu. La Game-Changer Wrestling (GCW) est, en l'état, une promotion à l'histoire récente. Si elle organise toujours des "death-matches", elle s'est reforgée son identité autour d'un produit varié et innovant, en n'hésitant pas à faire la part belle à ses lutteurs. C'est le cas , depuis l'an dernier, avec 'Bad Boy' Joey Janela qui a désormais son propre show annuel lors du WrestleMania Week-End - Joey Janela's Spring Break.
Cette année, la GCW a misé sur Matt Riddle, avec son Bloodsport, où chaque combat se déroulait dans un ring sans corde et aux règles proches du MMA, rappelant le match Drew Gulak vs. Timothy Thatcher et surtout le film éponyme avec JCVD. Pour le promouvoir, la GCW a délivré une série de vidéos superbement bien réalisées, rafraîchissantes et enthousiasmantes, en particulier celle annonçant Riddle vs. Low-Ki (qui sera remplacé à la dernière minute par Minoru Suzuki). Le ton, l'ambiance sonore et chromatique et l'idée du match lui-même m'ont traversé ... à chaque fois que j'ai regardé cette vidéo :
Comment le catch raconte une histoire en 2018
Le 12/04/2018
Le week-end dernier, le monde du catch s'est rassemblé en (très grand) nombre pour un nouveau WrestleMania Week-End à la Nouvelle-Orléans. Des fans du catch de tous les pays se sont réunis, passant près d'une semaine à enchaîner des shows du matin au soir. Une ribambelle de cartes produites aussi bien par la WWE, principale source d'attention et d'attraction, que par les différents organismes indépendants : de la Ring of Honor à la grande famille du WWN, en passant par Impact Wrestling, Lucha Underground ou encore Revolution Pro-Wrestling accueillies dans le cadre du WrestleCon. Des affiches sur-chargées et des matches de rêve à la pelle, c'était la garantie proposée par ce week-end paradisiaque pour n'importe quel passionné assez endurant.
Mais le catch ne peut s'appuyer uniquement sur de belles rencontres et une qualité in-ring "top-notch" : Shinsuke Nakamura vs. AJ Styles II en a été la preuve à 'Mania 34. Il a besoin de "build-up", de "pay-off" et de "storytelling". Traduction : il fonctionne bien seulement s'il élabore des scénarios travaillés, faits de relations cohérentes entre des personnages identifiables, afin de raconter des histoires tout bonnement captivantes.
♦ A LIRE : Ce qui ne va pas avec le produit WWE ♦
Actuellement, quatre histoires de ce calibre animent l'imagination des fans de catch. Toutes les quatre sont difficilement comparables : chacune se situe à sa propre échelle, possède ses propres variables et enjeux, et surtout suit son propre modèle. Innovante. Originale. Risquée. Facile. Classique. Moderne. Simple. Ambitieuse. Toutes sont très différentes mais toutes sont, à leur manière, efficaces ... et montrent ainsi comment le catch peut raconter une belle histoire. Prends-en de la graine, Papy Vinny !
L'ambition de Ten Pounds of Gold ravive une vieille flamme
"J'ai réalisé qu'il n'était pas nécessaire de créer une promotion, mais seulement de raconter des histoires." - Sam Roberts (Sam Roberts Wrestling Podcast, 28/03/2018)
Je l'ai réalisé moi aussi, grâce à cette web-série au budget modeste mais à l'audience grandissante. Quand elle a débuté, je l'avais décrite en ces brefs termes dans ma Review Press mensuelle :
"Suite à son rachat raté de la TNA, Billy Corgan (accompagné par Dave Lagana, l'ex-head writer de la compagnie de Nashville) s'est retrouvé propriétaire majoritaire de cette bonne vieille National Wrestling Alliance. Fan de catch "old-school", le leader des Smashing Pumpkins compte la remettre au goût du jour suivant un plan de plusieurs années. Cette quête presque impossible a commencé avec l'appréciable web-série Ten Pounds of Gold, s'intéressant à l'actuel champion du monde poids-lourd, Tim Storm - un professeur d'Histoire de 53 ans."
Billy Corgan a fait le pari de la reconstruction à long-terme autour d'une idée créative originale. Celle d'une pure et simple narration filmique, non de la renaissance d'une structure ou d'un roster mais d'une marque prestigieuse. Et pour racheter la NWA auprès des fans de catch, après plus d'une décennie de médiocrité (à l'exception faite de la série Cabana vs. Pearce en 2011-2012, à la fin controversée), il a choisi de se focaliser sur le plus important : son fameux titre de championnat du monde poids-lourd et son porteur. En l'occurence, c'est aujourd'hui Nick Aldis qui endosse le rôle du protagoniste principal - doucement réhabilité lui aussi, en tant que "heel" pourfendeur du vétéran et héros transitoire de la web-série, Tim Storm. C'est donc à travers sa "croisade", sans frontières géographiques ou promotionnelles, que ce champion-globe-trotteur nouvelle génération mène la narration - aussi bien en Chine, cette semaine, ou très probablement, à la Ring of Honor et au show All In prochainement.
Cette narration s'inscrit dans le modèle hyper-réaliste de la série des EVOLVE Mini-Docs de Kenny Johnson, collant aux événements réels à l'intérieur comme à l'extérieur du ring, en amplifiant les personnalités et les relations des catcheurs. Pour les abonnés au WWE Network, elle peut aussi s'apparenter à une version active et dynamique (en terme de temporalité) de ce qu'offre la collection des WWE 24 - un format type documentaire très proche de la réalité souvent à la limite du franchissement du "quatrième mur" - qui n'est qu'une sous-couche de l'ensemble des réalisations créatives de la WWE, non son produit principal où s'orchestre la narration.
Par ce choix alternatif, Ten Pounds of Gold remplace le show TV hebdomadaire traditionnelle, tout en exploitant les mêmes filons : promouvoir la marque, ses talents et surtout leurs matches - ou plutôt, ici, le déroulement d'un règne. C'est donc en toute simplicité que Corgan, Lagana et Aldis participent au renouveau d'une antiquité, non sans modernité et ingéniosité.
Si son principe fonctionne parfaitement, son importance dans le paysage actuelle est mineure face au prochain exemple. Web-série hebdomadaire elle aussi, elle bouscule davantage le courant de pensée mainstream. Moins rigoureux dans son écriture et sa réflexion, ce nouveau phénomène au mode déstructuré, résultat d'une liberté d'expression créative à plusieurs voix, s'oriente néanmoins dans deux directions pragmatiques : engranger de la popularité et de l'argent.
Being The Elite joue avec les codes du genre
"Tu es notre meilleur personnage, Marty !" - Matt Jackson ("Finale", Being The Elite #100)
En premier lieu, un vlog à la Candice & Joey Show ou Kevin Steen's Weekend Escapades (eux-mêmes, des reprises du road-trip documentaire de renom, marqueur d'une époque où le circuit indépendant n'était rien de ce qu'il est devenu aujourd'hui, The Wrestling Road Diairies), la chaîne YouTube des Young Bucks et Kenny Omega s'est transformée en terrain d'expérimentation pour gimmicks puis en une véritable fiction au fil de son évolution. Initialement influencée par les diverses "storylines" impliquant ses protagonistes à la Ring of Honor ou la NJPW, tel un complément bonus pour les connaisseurs, elle est devenue la source même de ces dernières, influençant elle-même l'orchestration des shows des dites compagnies.
Composée d'une trame principale en plus de plusieurs sous-histoires, elle constitue un feuilleton 2.0, une web-série où sont narrées les voyages, rivalités et relations qu'entretiennent les frères Jackson et leur univers. Car si ce produit est bien estampillé The Elite, la poignée la plus "divertissante" du Bullet Club, il tourne en vérité principalement autour d'eux : Being The Elite est leur show, leur création. Il permet de vendre leurs produits, leurs marques, leurs personnages et bientôt leur propre gala de catch, All In.
A l'image de cette identité quelque peu ambigüe, son écriture narrative ne cesse de jouer - mettant volontairement les pieds dans le plat pour ce faire - avec la confusion entre "shoot" et "work", réalité et fiction, redéfinissant même à sa guise les codes du "kayfabe". Le "kayfabe" façon Bucks est incongru, admet des éléments du réel et crée du méta (eg. la citation ci-dessus) sans vergogne. Un comportement similaire à ceux de la nouvelle génération des fans de catch sur Twitter, s'amusant de l'importance perdue du "kayfabe" à grands renforts de memes gimmickés ("Rusev Day", "Get These Hands" ou, pour un exemple plus pertinent, #FTRR) tout en soulevant son caractère indispensable à l'appréciation de n'importe quel produit catch qu'ils consomment. En cela, Being The Elite constitue une manière plus fine de faire évoluer les modalités fictionnelles que peut emprunter le catch. Et ce, à l'opposé d'innovations davantage portées sur la fiction, à l'instar des productions provenant de l'univers fantastique (et lassant) de Matt Hardy, de la parodique Southpaw Regional Wrestling, de la série-promotion Lucha Underground (qui n'évolue guère et n'apporte plus grand-chose d'innovant aujourd'hui) ou d'une série-série catch comme Netflix's GLOW ou la drôlatique mais éphémère Undisputed.
♦ A LIRE : "The Ashes of Chikara" ou l'essor du catch filmique ♦
Being The Elite est, en ce sens, le nouveau show de catch immanquable du moment. Mais il n'est pas exempt d'imperfections allant à l'encontre de son aspect expérimental et de sa narration déconstruite. Aussi bien dans son fond que dans sa forme, il est parfois maladroit dans sa réalisation. Par exemple, quand le point de vue choisi est celui du vlog, où l'on sait que la caméra est celle d'un téléphone utilisée pour filmer la scène, on comprend qu'elle existe donc dans l'univers présenté par les Bucks, et que celui-ci fait partie de notre réalité. Puis, l'instant d'après, la caméra devient uniquement l'oeil du narrateur, confiant des éléments fictionnelles au spectateur, et n'existe plus en tant que telle dans la diégèse (l'univers fictif de la narration). Cette transition de modes narratifs est rendue fluide, organique et finalement naturelle par le montage et la cohérence de chaque épisode mais paraît souvent approximative - ce qui risque d'interrompre la suspension volontaire d'incrédulité, ce pilier inconscient à toutes fictions, et donc au "kayfabe", nécessaire au spectateur.
Face aux problèmes posés par l'expérimentation de nouvelles idées, les grandes compagnies produisant le catch tel qu'il est regardé en grande quantité et en majorité choisissent trop souvent la voie de la complaisance. Néanmoins, les vieux ressorts classiques arrivent à fonctionner encore aujourd'hui, lorsqu'ils sont utilisés avec efficacité comme le montrent les deux exemples suivants.
La réunion des Golden Lovers, ou comment savoir profiter du timing
"Tous les sentiments reviennent d'un coup, un par un : amitié, amour, souffrance, rancoeur, trahison et finalement le pardon." - Showbuckle (The Tale of The Golden Lovers)
Voici un exemple typique de comment le catch est en mesure de raconter une belle histoire en utilisant le réel, en écoutant les attentes et envies des fans et en prenant en compte les idées des catcheurs. La NJPW a toujours su tirer profit des "lores", des backgrounds "kayfabes" de ses catcheurs dans leurs interactions. Ainsi, bien avant la mise en place de leur réunion (dès le G1 Climax 2017), elle a laissé Kenny Omega et Kota Ibushi avoir de rares interactions ensemble, suivant ce que conseillait de mieux le timing (notablement leur échange de regards lors du match du second face à AJ Styles à Invasion Attack 2015). Et elle a su en profiter a posteriori dans le lent "build-up" de leur réunion - se servant de leur passif (y consacrant même le documentaire ci-dessus) pour donner de l'enjeu à un événement attendu depuis si longtemps par les fans japonais (matchant presque le phénomène des Crush Gals dans les années 1980-1990s), mais incompréhensible pour certains fans occidentaux ignorant l'importance de leur relation.
La New-Japan a su ainsi orchestrer une réunion cohérente et légitime dans le cadre de sa narration globale, car inscrite comme point d'ancrage de la dissolution chaotique et complexe du Bullet Club et de l’opposition Kenny-Cody-Bucks. Autrement dit, cette réunion ne paraît pas être simplement une réunion, mais la formulation d'une étape majeure de l'évolution de plusieurs personnages - du duo en question à leurs antagonistes, Cody et Hangman Page, en passant par leur entourage, Marty Scurll, les Bucks et le clan Tonga. Un coup réussi, sans avoir eu besoin d'une plateforme formalisée et régulière pour faire avancer la narration mais par petite quantité d'étapes scénaristiques distribuées avec parcimonie et efficacité au fil des mois. Cette maîtrise des dimensions multiples de cette "storyline" somme toute classique, le YouTubeur Showbuckle l'a très bien intégré et admirablement retranscrit dans sa superbe vidéo narrative - dont la fin me donne, coup sur coup, la chair de poule.
[NB - 17/04/2018 : Après la parution de cet article, la chaîne de Showbuckle a été "vidée" suite à une réclamation de la NJPW. La vidéo citée ici a donc été supprimée. Elle sera repostée dès qu'elle sera republiée de son côté ... 30/04/2018 : Elle a bien été ré-uploadée sur Vimeo, comme suit à ce lien.]
Ce qui manque peut-être à ce programme (bien qu'il ne fait que commencer !), c’est la nature plus cruelle acquise par Kenny Omega ses dernières années, en adaptation à l’abandon d’Ibushi (tel que le narre Showbuckle dans sa vidéo). Un désir de gloire et de grandeur qui pourrait aller à l’encontre de ces retrouvailles, orientées vers l’amitié et la joie de vivre et de satisfaire les fans. Tout comme la précarité des envies et la bougeotte d’Ibushi, qui n'est pas resté fidèle à certaines promotions par le passé et qui peut potentiellement provoqué une méfiance chez ce cher Omega, s'il est tenté de reproduire le même schéma à l'avenir. A voir si la NJPW réussit à traduire cela correctement dans l'évolution de cette "storyline"... Une évolution qui ressemble fortement à ce qui est arrivé à un populaire duo de NXT, DIY, dont la "feud" fratricide a été le point d'orgue de ce WrestleMania Week-End 2018 !
La séparation de Johnny Gargano & Tommaso Ciampa : l'exemple d'une "feud" efficace mais pas assez
"Tu ne briseras pas tout ce que j'ai construit. / Tu ne me briseras jamais." - CFO$ ("Rebel Heart")
WrestleMania 34 nous a donné droit à un excellent Charlotte vs. Asuka, à un essai narratif inédit mais bancal et décevant pour Undertaker vs. Cena et même à des entrées polluées par de la réalité augmentée. (Tenter, tester, je veux bien mais on ne dit pas "less is more" pour rien : la preuve avec l'arrivée sans musique mais huée et donc réussie de Tommaso Ciampa la veille !) A l'inverse, le soir précédent a été d'une cohérence et d'une qualité exemplaire : certains critiques l'ont d'ailleurs décrit comme possiblement le meilleur TakeOver de l'histoire ... et ce, non sans l'aide, d'un Grudge Match à l'anticipation majeure mais à la réception, selon moi, exagérée (oserais-je dire, "markisée").
La formule ici est "vintage". Le format de narration est traditionnel, arrangé suivant une programmation télévisuelle hebdomadaire, comportant d'autres "storylines" sans lien. Et l'histoire en est elle-même est tout ce qu'il y a de plus classique. Un duo gagne en popularité à mesure qu'il monte les échelons et fait face aux obstacles et difficultés. Puis, l'un des deux hommes, refusant de partager le "spotlight" plus longtemps, se sépare violemment de son coéquipier. Ce dernier remonte la pente sans lui, l'autre le jalouse et décide de s'en prendre à lui - l'affrontement devient alors inévitable. En somme, une version alternative du récit des Rockers, Marty Jannetty & Shawn Michaels, maintes et maintes fois repris. La blessure de Tommaso Ciampa, son absence et son envie de vengeance injustifiée grandissante n'ont fait en l'occurence que rajouter à l'anticipation de ce premier combat entre les deux anciens amis. La recette a été suivie à la lettre dans le cas du "split" de DIY, et a même profité de petites graines plantées précédemment (le match lors du Cruiserweight Classic ou le sauvetage de Ciampa par Gargano lors du Ladder Match face aux Authors of Pain) amplifiant l'émotion des sentiments exprimés entre les deux protagonistes. Mais l'équipe créative de NXT s'est arrêté là : en même temps, si ça fonctionne aussi bien pourquoi en faire plus ?
Personnellement, j'ai beau avoir apprécié le match en lui-même et la première partie du "build-up" (les graines de dissension plantées çà et là), sa seconde partie et son "pay-off" ne m'ont pas convaincu. Le potentiel énorme de richesse narrative que contient cette "feud" n'a pas été exploitée à la hauteur des moyens disponibles. Pour commencer, Ciampa n'a pas de réelle motivation, originale, contre Gargano. Il le traite d'égoïste, mais jamais il n'est expliqué ou signifié en quoi ce dernier pourrait l'être. Johnny Wrestling est un "babyface" à l'ancienne, bon, morale, juste, loyal et courageux. A aucun instant n'a-t-il eu de gestes violents ou pris une décision douteuse, à remettre possiblement en question, à l'égard de son ex-partenaire. Dans cette optique, la blessure et absence de Ciampa n'est même pas utilisée : Gargano s'en est-il soucié ? A-t-il essayé de lui rendre visite ou s'est-il au moins posé la question ? Enfin, en dehors du fait qu'il s'en est pris à son tant apprécié ami et coéquipier (pour des raisons vaseuses donc), Ciampa n'a aucune raison suffisante pour être détesté de la sorte (le public de NXT n'est cependant pas impartial, et est beaucoup plus tolérant et aidant que la normale). A noter au moins qu'il aura tenu sa promesse : il avait promis qu'il deviendrait "le catcheur le plus dangereux de NXT" et il est effectivement revenu plus psychopathe que jamais et plus musclé et dangereux, physiquement, que jamais !
Quant à Gargano, il semble prendre les choses bien trop à coeur. Il n'hésite pas à mettre sa carrière en jeu une nouvelle fois, réagit trop rapidement et facilement par l'agression et ne doute pas vraiment des sentiments qu'il éprouve envers Ciampa. Après tout, c'est son meilleur ami. Ce n'est pas simplement parce que votre meilleur ami pète un plomb qu'il faut tout de suite s'en séparer, laisser tomber et le traiter comme un ennemi, sans penser une seule seconde à l'aider. Ciampa n'a même pas essayé de s'en prendre à sa femme, Candice LeRae - un élément de réalité, dans la relation des personnages et de leur univers, sur lequel aurait dû (et devrait, par la suite) capitaliser la narration ! Et puis, en quoi est-il "un symbole" ? Ce n'est pas très humble et modeste de la part d'un "babyface" aussi traditionnel ... En somme, ce premier "pay-off" pour Gargano semble arriver bien trop tôt. Triple H devrait se rappeler de ses précédentes créations (ie. Sami Zayn vs. Neville), réviser ses propres classiques (ie. Ric Flair vs. Dusty Rhodes) ou discuter plus souvent avec Paul Heyman de comment il avait aussi bien gérer Raven vs. Tommy Dreamer !
♦ A LIRE : Tommy Dreamer vs. Raven, le chef d'oeuvre de Paul Heyman ♦
En conclusion, plusieurs routes peuvent être empruntées pour réussir à engager les fans de catch dans une rivalité, un personnage, un match ou une marque. Mais quelque soit le format, le modèle ou l'ordre de grandeur sur lesquels installer une narration, il est toujours nécessaire de faire l'effort d'une réflexion emprunt d'imagination pour pousser son potentiel narratif jusqu'au bout. Les meilleures histoires sont les mieux travaillées, les mieux orchestrées, les mieux planifiées mais les mieux improvisées aussi. Et, finalement, que l'on change les codes ou non, que l'on change de format ou non, ce sont toujours ces mêmes principes qui fonctionnent et nous font vivre les meilleurs moments de catch possibles.
What I Liked This Month : Les Matchs du Mois - édition mars 2018
Le 06/04/2018
Trois mois seulement ont passé depuis le début de l'année 2018, et sa jauge "qualité in-ring" est déjà mieux rempli que la majorité des autres années. Plusieurs matches sont d'ores et déjà éligibles au "Match De L'Année", et le WrestleMania Week-End ne fait à peine que commencer ! Le mois de mars aura appartenue (sans surprise) à la New-Japan mais elle n'a pas remplie cette jauge seule : la Ring of Honor, la Dragon Gate et même la wXw l'ont bien aidé aussi.
Kazuchika Okada vs. Will Ospreay (NJPW 46th Anniversary – 06/03/18 – Tokyo, Japon)
3 octobre 2015 : une date très importante dans la carrière de 'The Aerial Assasin'. Elle correspond au jour où il a affronté pour la première fois le 'Rainmaker'. Un "dream match" avant l'heure, tenu aux premières heures de la collaboration de la compagnie japonaise avec la Revolution Pro, et qui a été le déclencheur de sa signature à la NJPW. Impressionné par le talent d'Ospreay, Okada avait effectivement recommandé chaudement le talent du jeune "high-flyer" britannique, à Gedo, Jado & Cie, obtenant même son intégration dans son clan CHAOS. Six mois plus tard, Will débutait face à son futur grand rival KUSHIDA et vous connaissez la suite.
Ce rematch, suivant la tradition annuelle champion poids-lourd vs champion Junior, opposait donc deux frères de clan, un prodige à son mentor devenu deux amis. Sur le ring, il a commencé avec un bon échange technique, avant que les deux accélérent le rythme, chacun voulant s'imposer face à l'autre. Contrant les contres des contres de son adversaire, ces deux jeunes hyper-talentueux ont montré leur alchimie : Okada est même arrivé à contrer l'Os-Cutter avec un énorme Dropkick, tandis qu'Ospreay réussit à sortir l'un des meilleurs contre au Rainmaker Lariat que j'ai jamais vu !
Cet excellent combat aura permis de voir un Ospreay un peu plus complet, comparé à son dernier "spotfest" face à Hiromu Takahashi et un très bon changement de ton pour "Mr. Main-Event" Okada. Je suis décidément un grand fan de ce concept annuel de la New Japan, et si vous êtes comme moi : que diriez-vous d'un Naito vs. Hiromu l'année prochaine ?
John 'Bad Bones' Klinger © vs. WALTER vs. Ilja Dragunov – wXw Unified World Championship Match (wXw 16-Carat Gold Tournament – Day 2 – 10/03/18 – Oberhaussen, Allemagne)
Il y a un an de cela, le jeune (un autre) Ilja Dragunov battait WALTER en finale du 16-Carat Gold, mais échouait ensuite à battre le champion John Klinger. De retour en 2018, il était maintenant venu le tour du 'Ring General' WALTER de concourir pour le titre d'Unified World Champion. Pourtant, à la surprise générale, WALTER décida de compliquer encore plus les choses pour le champion : il se permit d'ajouter un deuxième challenger pour Klinger, transformant ainsi son propre match en 3-Way. La mission numéro une de WALTER n'était pas simplement de regagner le titre, mais de faire perdre Bad Bones à coup sûr, lui qui, selon lui, manquait de respect au titre, avec toutes ses tricheries. Et quelle réaction du public face à cette annonce surprenante ! Le troisième homme et utra-favori de la wXw, Ilja Dragunov, reçut sans doute l'une des plus grosses "pops" entendues en Indy !
Je ne peux vous parler de ce match sans mentionner l'atmosphère juste électrique qui régnait pendant tout le match. Et chacun sait qu'une telle ambiance rend généralement n'importe quel match encore meilleur. Chaque catcheur a en plus magnifiquement bien joué son rôle : de la très bonne prestation de Klinger, qui voulait sans cesse trouver un moyen de quitter le navire, à la destruction générale menée par WALTER, sans oublier le retour très nerveux et enflammé de l'"underdog", Dragunov, après avoir tant encaissé (en a témoigné son torse laminé - merci WALTER !). Une sacrée "chop fest" !
La victoire d'Ilja Dragunov, et tout son chemin parcouru jusqu'à ce titre, constitue sans doute l'une des meilleures oeuvres de "booking" actuellement. De sa guerre contre WALTER en finale du tournoi, à son échec puis sa remise en question face à Klinger au wXw 17th Anniversary Show. Un talent très spécial.
Voici, en somme, un match qui restera dans l'Histoire comme un classique de la wXw. L'atmosphère, le retour en force d'Ilja, la performance des trois hommes et enfin la victoire de Dragunov tant espérée : tout en fait un match d'une grand qualité. On fera difficilement un meilleur 3-Way Match cette année...
Kota Ibushi vs. YOSHI-HASHI – New Japan Cup First Round Match (NJPW New Japan Cup 2018 – Day 3 – 11/03/18 – Amagasaki, Hyogo, Japon)
Comme pour le Yuji Nagata vs. YOSHI-HASHI du G1 Climax l'année dernière, je m'attendais ici à un bon, voire très bon match - mais pas à un aussi bon.
Si Kota Ibushi est une certitude de qualité, YOSHI-HASHI, bien que solide, suscite rarement une attention similaire. Mais, on a senti cette fois qu'il avait vraiment augmenté son niveau, réussissant à faire douter pas mal de monde vers la fin plus il enchaînait les "kick outs". Surtout après que Ibushi décide d'exécuter un Moonsault d'un balcon !
Bien qu'échouant au premier round du tournoi, c'était assurément un des meilleurs matchs de la carrière de YOSHI-HASHI. L'un de ceux qui faudra ajouter à ses combats contre Kenny Omega au G1 Climax 26 et Yuji Nagata au G1 Climax 27.
Zack Sabre Jr. vs. Hiroshi Tanahashi – New Japan Cup Final (NJPW New Japan Cup 2018 – Day 9 – 21/03/18 – Nagaoka, Niigata, Japon)
Ce match était la "belle". 'The Man With Infinite Holds' et l'ancien 'Ace' possédait déjà une victoire chacun sur l'autre : Zack avait battu Tanahashi le premier jour du G1 Climax 27 et Tanahashi avait battu ZSJ quelques semaines plus tard pour conserver son titre de champion Inter-Continental. L'issue de ce match était donc plus flou - le "méga-push" de Zack dans ce tournoi s'équilibrait avec la probabilité de voir Tana-Okada une nouvelle fois à l'ocassion de la 11ème défense de titre de ce dernier (record détenu par le premier). Néanmoins, malgré l'immense talent des deux hommes, leurs premiers matchs ne m'avaient pas marqué plus que ça. Mais si leur troisième match figure dans ce classement, il y a bien une raison : c'est sans doute l'une des meilleures finales de ces dernières années, qui plus est pour la meilleure New-Japan Cup que j'ai vu.
Zack Sabre Jr. apporte vraiment ce style différent quui manque actuellement à la New-Japan. L'ayant déjà constaté par le passé, Tanahashi a voulu aller sur son terrain, échangeant pas mal de soumissions avec lui et se rappelant son background en lutte amateur. Malgré le grand catcheur qu'il est, les années ont passé et son corps, auquel il accorde peu de repos, l'ont cruellement handicapé. Zack a anticipé ses moindres erreurs, identifiant toutes habitudes - comme quand il est remonté dans le ring façon Ricky Steamboat - et l'entortillant dans toutes les prises de soumission possibles (avec "7 822 soumissions", y'a de quoi faire en même temps !). Quand on voit comment il a terminé ses adversaires dans le tournoi, dur d'imaginer comment se sortir d'un tel piège technique dont seul ce magicien en a le secret.
Naito, Ibushi, SANADA, et Tanahashi en finale : on peut dire que la NJPW aura sacrément bien "booké" l'Anglais ! Une très bonne idée en plus de mettre TAKA Michinoku comme son "hype man" et de laisser ZSJ improviser dans ses promos post-match, lui qui s'est terriblement bien adapté à son rôle de "heel" cruel et arrogant.
Masaaki Mochizuki © vs. Ben-K – Open The Dream Gate Championship Match (Dragon Gate Champion Gate In Osaka – Day 2 – 04/03/18 – Osaka, Japon)
Comme pour Kzy le mois dernier, ce match était le tout-premier Open The Dream Gate Championship pour le bien moins expérimenté, mais tout aussi prometteur, Ben-K. Ne serait-ce qu'à voir cette première grosse opportunité, on voit tout de suite le potentiel qu'a Ben-K. Bien évidemment, non sans l'aide d'un super Masaaki Mochizuki.
Malgré l'énorme écart d'expérience (à peine deux ans d'expérience pour Ben-K, contre 24 pour le champion, c'est assez énorme !), le jeune challenger connaissait parfaitement l'arsenal de son adversaire. Comme pour Kzy, Mochizuki a dû trouver une autre solution pour battre son adversaire. J'aime notamment comment son travail sur le bras de Ben-K a réussi à payer sur le "finish". Il a été contraint de terminer le travail sur une soumission, se voyant privé de son Sankaku-Geri, sans cesse contrer par des Spears de Ben-K.
A travers cet excellent règne, bien mérité, du vétéran, la Dragon Gate réussit jusque là avec brio à mettre en valeur sa nouvelle génération : prenez-en de la graine Stamford, c'est comme ça qu'on crée des futures stars !
The Golden Lovers (Kenny Omega & Kota Ibushi) vs. The Young Bucks (Nick & Matt Jackson) (NJPW Strong-Style Evolved – 25/03/18 – Long Beach, Californie, Etats-Unis)
Golden Lovers vs. The Young Bucks, ça y est, c'est fait. Une rencontre qui se sera fait attendre. Un "dream match" qui était déjà présent aussi bien dans les têtes des fans que des compétiteurs réunis, en particulier des Young Bucks. Et finalement, il a fallu qu'un homme s'en mêle pour le mettre en place ... il n'y a même pas pris part. 'The American Nightmare' Cody Rhodes a manipulé les frères Jackson pour les pousser à déclencher cet affrontement, explosant les fondations de The Elite et la paix qui régnait jusque là avec les Lovers réunis. C'est surtout 'Bad Back' Matt, qui a souffert de ce lavage de cerveau, en témoigne sa ceinture à la Hollywood Hogan, un cadeau de Cody, qu'il seul gardera au cours du match. Nick a préféré enlever la sienne avant le match, histoire de montrer qu'il n'était pas complètement acquis à la cause de ce méprisable Cody. Une forte différence d'opinion assumée très rare chez les Bucks !
Le match, quant à lui, ne s'est pas exactement passé comme je l'aurais pensé. Je croyais $etre sur le point de voir un rythme très dynamique enchaînant les grosses séquences, à l'instar d'un bon Tag Match "made in PWG". En réalité, les deux duos ont travaillé à un rythme bien plus lent, en considérant leurs styles habituels, et mêlant beaucoup de "storytelling" - entre la blessure au dos de Matt Jackson et la "storyline" entre Kenny et les Young Bucks, principalement narrée sur Being The Elite. Et pourtant je n'ai absolument pas été déçu. On sentait vraiment que les deux équipes étaient vraiment au même niveau et n'allaient pas réussir à se départager au bout d'une vingtaine de minutes seulement. En ce sens, ce Grudge Match m'a vraiment rappelé le premier Okada vs Omega au niveau de la durée, où ils avaient eu un match plus long que la plupart pensait voir, pour montrer à quel point l'issue était serrée et chacun était déterminé à obtenir la victoire.
Les Young Bucks ont sans doute fourni la performance la plus complète de leur carrière, prouvant qu'ils n'étaient pas que des "spot monkeys", se contentant d'enchaîner les Superkick Partys et de reprendre les mimiques d'anciennes légendes. Matt Jackson a été exceptionnel, faisant preuve à nouveau d'un excellent "selling", provoquant d'abord un rejet chez son ami Kenny avant de le pousser à ressortir à ses vieilles tactiques de 'Cleaner'. Malgré les manipulations de Cody, Matt a hésité quelques fois à aller trop loin et à blesser son meilleur ami lors de certaines tentatives. Ces dernières nous a fourni des moments particulièrement forts : parmi eux, il y a celui où Omega était prêt à lui porter son One-Winged Angel avant que Matt ne le force alors à le faire. Il n'y avait plus de marche arrière, ils ne seraient plus pareils après ce match, mais si Omega devait en finir et battre ses meilleurs amis, il devait alors aller jusqu'au bout.
En conclusion, un match au "storytelling" impeccable et au "pay off" gratifiant quand on a suivit toute cette affaire depuis des mois. Un épique périple de 39 minutes, contée par deux équipes fantastiques au top du catch par équipe. Bravo messieurs !
The Hungbucks (Hangman Page & The Young Bucks) © vs. SoCal Uncensored (Christopher Daniels, Frankie Kazarian & Scorpio Sky) – ROH World Six Man Tag Team Championship - Las Vegas Street Fight (ROH 16th Anniversary – 09/03/18 – Las Vegas, Nevada, Etats-Unis)
Les Young Bucks & The Addiction se connaissent bien. Ils se sont affrontés de multiples fois dans de multiples fédérations au cours des années. Pour rappel, c'est face à Kaz & Daniels que les frères Jackson ont débuté le fameux Meltzer Driver. Et parfois leurs matches devenaient plus violents : lorsque les Young Bucks s'appelaient encore Generation Me à la TNA, ou bien plus récemment lors du classique Ladder War 6 impliquant aussi les Motor-City Machine Guns. Mais rien de comparable à ce match ! En soit, un bon usage de la stipulation : un véritable Street Fight !
De l'action non-stop (#ClinD'Oeil), avec des tables, des chaises, des poubelles, des échelles, même une ceinture cloûtée ! Une barrière de l'extérieur du ring a aussi été utilisée, rappelant justement Ladder War 6, avec cet effroyable "Bump" du (bien nommé) 'Fallen Angel' ! Qui n'a pas été oublié une nouvelle fois, recevant une autre chute dessus - à croire qu'il aime la sensation d'acier froid et dur sur son corps... Enfin, la blessure toujours persistante de Matt Jackson au dos a bien joué sur le finish, et quel finish sadique !
Par contre, l'intervention de Shane Taylor (récent allié de SoCal Uncensored) était absolument inutile, selon moi, n'apportant rien de complémentaire à la brutalité du combat. Et je ne suis pas du tout fan du "high-flying" de Hangman Page, à qui cela ne correspond pas mais qui a néanmoins contribué à ce sanglant "spotfest".