Alternative Hall of Fame 2018
Qu'est-ce qu'un "Hall of Fame" et à quoi sert-il ?
Littérallement "temple de la renommée", c'est une institution (ici, administrée immatériellement) qui consiste à honorer des individus ayant réalisé des choses majeures dans leurs domaines respectifs, ici le catch (ou "pro-wrestling") en général. Il permet de constater et de féliciter les contributions et l'influence d'un individu sur le milieu où il a fait carrière. Avec lui, les réputations deviennent légitimes et les légendes plus crédibles.
Comme chaque été sur The Alt, il est temps d'ouvrir une nouvelle aile annuelle à notre "temple de la renommée" alternatif. Et cette année, avec les aides de l'ensemble de la rédaction, c'est une classe de véritables légendes vivantes qui vous est présentée ci-dessous.
♦ The Alternative Wrestling Hall of Fame 2015 ♦
Le Catcheur = Minoru Suzuki
* Pour ses contributions au catch, sur le ring, en tant qu'art *
Quel catcheur reste encore infatiguable à 49 ans ? Quel catcheur reste encore crédible après 30 ans de carrière ? Quel catcheur reste encore terrifiant après tant d'années à faire le pître ou à jouer du nombre pour remporter ses matches ? Quel catcheur a encore le respect des fans de catch, des critiques, des catcheurs, des catcheuses et même des combattants et spécialistes du "véritable sport de combat" qu'est le MMA ? Il n'en reste qu'un : un guerrier solitaire du nom de Suzuki Minoru.
Former dans le célèbre dojo de la New-Japan Pro-Wrestling à la fin des années 1980 (aux côtés d'un certain collègue du Suzuki-Gun, Takashi Iizuka), il quitte rapidement les cours d'Antonio Inoki pour rejoindre ceux d'un autre catcheur beaucoup plus porté sur le "shoot-wrestling" en plein essor à l'époque, Yoshiaki Fujiwara (qui a donné son nom au fameux Armbar). Lutteur amateur d'origine (comme Yuji Nagata), il prend goût pour cette violence semi-scénarisée et décide de la passer à un niveau supérieur. En 1993, avec Masakatsu Funaki et d'autres lutteurs de la Pro-Wrestling Fujiwara Gumi, il fonde Pancrase. Inspirée du pancrace, le sport de combat ultime de la Grèce Antique à l'époque des premiers Jeux Olympiques, cette promotion promeut un "catch hybride" où la victoire n'est pas défini par un scénario mais par la violence et la technique des combattants. C'est la toute première itération des Mixed Martial Arts, quelques mois avant l'inauguration de l'Ultimate Fighting Championship, prédominante aujourd'hui en Occident.
Minoru Suzuki n'était pas un "freefighter" avant la création de Pancrase et s'est fait une réputation par lui-même au sein même de sa propre promotion, battant des combattants, considérés aujourd'hui comme des légendes du MMA, tels Ken Shamrock ou Bas Rutten. Mêlant un style proche du kick-boxing et des prises de soumission implaccables, Suzuki s'établit une véritable réputation et notoriété dans le petit monde du combat-libre et participe, à la fin des années 1990, à la création du MMA moderne.
Fort de sa réputation de psychopathe notoire entre les cordes, Minoru Suzuki revient à ses premiers amours au début des années 2000 avec des passages réussis à la Pro-Wrestling NOAH, alors au sommet, puis à l'All-Japan Pro-Wrestling avant de regagner les rivages bien connus de la NJPW. Dès lors, il joue le rôle de l'envahisseur : comme un shogun cruel et implaccable, il s'attaque à qui il veut, les démolit et rallie ses soutiens à sa propre cause sous la bannière du Suzuki-Gun. Mais son retour au catch japonais de premier ordre, qu'il domine encore aujourd'hui, ne l'empêche pas de tester de nouvelles choses - que ce soit avec la promotion semi-comique DDT ou même avec les compagnies de Joshi Puroresu qu'il admire, comme la GAEA Japan de Meiko Satomura, jouant le rôle de précurseur dans la nouvelle mode de l'Intergender Wrestling.
Outre un sourire maléfique et un Dropkick dévastateur, Minoru Suzuki est un véritable étendard multi-dimensionnel pour le catch japonais et international. Aussi porté sur la crédibilité technique du sport que sur sa progression en terme d'égalité des genres, il est aussi un lutteur généré envers ses collègues - comme le montre son duo avec Zack Sabre Jr. où il assume parfaitement le rôle de mentor effacé ou sa campagne de soutien pour son ami Yoshihiro Takayama. Il est, en cela et en plus d'être toujours au top niveau physique à l'approche de la cinquantaine, un exemple à suivre pour tout catcheur qui se respecte !
- Félix G.
Le Génie = Jim Ross
* Pour ses contributions au milieu du catch, en dehors du ring *
"Ils font la musique et nous faisons les paroles."
Le catch est capable de nous transmettre tout un tas d'émotions. Évidemment, les lutteurs impliqués dans un match y contribuent grandement, mais en réalité il s'agit du travail de bien plus de monde. Et pour nous qui sommes derrière nos écrans, les commentateurs ont un rôle primordial à jouer. Parmi eux, le plus grand de ces génies n'est autre que 'Good Ol' Jim Ross.
Suivant la trace des Gordon Solie et Lance Russell des années 1970 et début 1980, JR a été LA voix du catch américain de la fin des années 1980 à la fin des années 2000 - et arrive, encore aujourd'hui, a commenté des événements historiques comme NJPW Wrestle Kingdom 9. Après avoir fait ses armes à la Mid-South de Bill Watts, puis avoir soutenu la montée en puissance de Sting ou embelli la trilogie Steamboat-Flair à la WCW, sa voix n'a eu de cesse d'accompagner les plus grands moments de l'histoire de la WWF/E. Que ce soit l'incontournable match opposant Mankind à l'Undertaker lors du King of The Ring 1998 (avec son légendaire "By God he killed him ! He is broken in half !") ou encore lorsque son ami 'Stone Cold' Steve Austin s'était attaqué à Mike Tyson à RAW Is War quelques mois avant ("Tyson and Austin ! All Hell is breaking loose here !") ou quelques anées quand il effectue un "heel turn" inattendu au terme de WrestleMania X-7, en s'alliant avec son ennemi de toujours, Vince McMahon ("Stone Cold is shaking hands with Satan himself !").
Ainsi, non seulement Jim Ross n'a jamais cessé d'accentuer la beauté in-ring et le travail des catcheurs par ses commentaires techniques et précis, et la complexité de leurs personnages et de leurs rivalités en jouant la personne raisonnée, interrogée, toujours près de la pensée du spectateur, mais il a eu aussi un autre rôle tout aussi important derrière la caméra et les enceintes du téléviseur. Loyal, JR a toujours essayé de faire de son mieux pour améliorer le standing de la promotion dans laquelle il travaillait. A la WCW, il a notamment soutenu la nomination de Paul Heyman à ses côtés, poussant la carrière de ce dernier au niveau supérieur. A la WWF/E, il a longtemps été son recruteur principal et l'un des premiers conseillers du boss : il est ainsi en bonne partie à l'origine de la signature et des "pushs" de Mick Foley, Triple H, Steve Austin ou encore The Rock. Et, en cela, il faut aussi le saluer.
En somme, Jim Ross est une légende absolue de tout ce qui concerne le catch américain en dehors du ring. Un génie passionné par ce qu'il fait, qui nous transmet sa passion et son amour pour le catch par sa légendaire voix encore aujourd'hui, avec son incontournable Ross Report Podcast.
- Ludovic H.
L'Inventeur = Jushin 'Thunder' Liger
* Pour ses contributions au progrès, à l'innovation et l'évolution du catch in-ring *
Un costume légendaire (tiré du manga animé éponyme), une technique in-ring exceptionnelle, une fine psychologie malgré son masque imposant, un innovant « move-set » invraisemblable jusqu’alors, et une palette de grands matches quasi inespérée, même dans leurs rêves les plus fous, par bon nombre de catcheurs sur la planète – Pegasus Kid (aka Chris Benoit), El Samuraï, Owen Hart, The Great Sasuke, Black Tiger II (aka Eddie Guerrero), Brian Pillman, Rey Mysterio, ou plus récemment Kushida et Will Ospreay pour n’en nommer qu’une petite quantité.
Cet inventaire est un témoignage de la longévité, l’efficacité, et la qualité innommable de cette légende vivante qu’est Jushin ‘Thunder’ Liger.
Le débat de meilleur « performer » in-ring de l’histoire est une longue discussion impliquant des noms parmi ceux cités plus haut, mais qui d’autre peut prétendre avoir catché au top niveau durant près de quatre décennies ? Qui peut prétendre avoir gagné l’IWGP Junior Heavyweight Championship (ceinture la plus prestigieuse dans l’histoire du catch poids-moyen) à onze reprises sans jamais avoir démérité ? Qui peut prétendre avoir inspiré la quasi-intégralité des catcheurs poids-légers de cette génération, la précédente, et la suivante ? Et une autre chose est sûre : personne d’autre que, de son vrai nom, Keiichi Yamada ne peut prétendre avoir littéralement défini ce qu’est un Junior Heavyweight.
L’inventivité de Liger n’a d’égal que son talent immense. Et avec ce cher Jushin, cela équivaut presque à l’absence totale de limites : deux « 5-Stars Matches », le prix de Catcheur le plus remarquable de l’année 3 ans d’affilée (pour le Wrestling Observer Newsletter du célèbre Dave Meltzer), de Meilleur technicien de l’année 4 ans d’affilée, de Meilleur voltigeur 5 ans d’affilée, etc.
Si des prises comme le Wheelbarrow Facebuster ou la Running Powerbomb (devenue, pour tout commentaire qui se respecte, la Liger-Bomb), sans parler du Shooting-Star Press (son joyau) sont devenues des prises banales aujourd’hui, c’est dire l’unanimité qu’a suscité (et suscite encore !) Liger auprès des catcheurs au fil des temps : toutes ont été créées par Liger lui-même ! Quant à sa légendaire Surfboard - une prise de soumission typiquement mexicaine, aussi connue sous le nom de Romero Special, qu’il a lui-même démocratisé à l’international -, elle n’a cessé d’être reprise et modifiée par les grandes têtes d’affiches du catch, de Daniel Bryan à Marty Scurll, en passant par Dean Malenko (l’un des prétendants à ce titre de « L’Inventeur » lui-même).
Une autre chose également notable, mais devenue un simple détail dans cette incroyable carrière : il aurait été le tout premier catcheur à avoir lancé en plein match le fameux « Ask Him ! » (repris, pour en jouer, par son ancien clone maléfique, Super Liger, un certain Chris Jericho) à un arbitre pour lui ordonner de demander à son adversaire s’il voulait abandonner. Et ouai, mec !
Mais l’apogée de sa carrière ne s’arrête, ni aux années 1990, et ni même à la New-Japan Pro Wrestling, puisque lors des trente années à venir, la CMLL, la WCW, la WWE (récemment via NXT), la ROH ou même des promotions de « shoot-wrestling » (ancêtre du MMA) comme la Pancrase (d’un certain Alternative Hall of Famer tout neuf, Minoru Suzuki) auront toutes été touchées par la grâce de Liger, et avec un franc succès. Si certaines de ses promotions n’existent plus aujourd’hui, Liger, lui, est toujours là. Ni les continents, ni les styles de catch, ni les différents promoteurs n’auront terni sa grandeur.
Que ce soit à la table des commentateurs, ou sur un ring, sa simple présence sublimera éternellement le moment présent, comme il n’a cessé (et ne cesse) de sublimer l’histoire du catch. Ikari No Jyushin Ligeeeeer !
- Housni, Le Sniper
La Catcheuse = Lita
* Pour ses contributions au développement du catch féminin international *
Amy 'Lita' Dumas a tout vu et tout vécu en tant que catcheuse. Débutant professionnellement vers la fin des années 1990, période où le catch féminin américain était presque aux abonnés absents, elle n'a pas hésité à tenter l'aventure au Mexique, vivant dans la misère pour réaliser son but : devenir une catcheuse irréprochable. Une fois l'art de la Lucha Libre maîtrisée, elle a exploité ses notions de voltige au pays de l'extrême, l'ECW. Jolie rousse aux capacités in-ring surprenantes, elle se fait rapidement remarqué par Stamford ... qui lui donne le rôle de manager d'un rookie, Essa Rios (ex-Mr.Aguila). Intelligente, elle sait très bien se mettre elle-même en avant et devient rapidement la Zelina Vega de son Andrade 'Cien' Almas - ponctuant ses matches de Hurricanranas spectaculaires.
Au milieu de l'année 2000, elle rejoint les Hardy Boyz pour former le trio grunge dans le look et suicidaire dans le ring, Team Xtreme. La consécration n'est plus très loin : elle rivalise contre Stephanie McMahon pour empocher son premier titre de championne féminine et va, de là, représenter le "bon côté" du catch féminin à la WWF/E. Si Lita a l'allure d'une "diva" un peu punk, elle a - contrairement à la quasi-intégralité ses collègues de l'époque - des capacités in-ring digne d'une vraie catcheuse (à l'instar de son équivalente de l'autre côté du circuit américain, Gail Kim, future Alternative Hall of Famer elle-même). Trish Stratus, sa grande rivale, n'aura jamais eu le respect des fans sans ses matches contre Lita, tel leur célèbre Main-Event de RAW en 2004 (seul étendard positif du catch féminin à la WWE jusqu'à l'arrivée récente des Charlotte, Sasha Banks et autres Asuka). Une fois ses qualités de catcheuse démontrées, Lita a su briller, en dépit d'une situation réelle controversée, en tant que personnage aux côtés d'Edge et face à Matt Hardy puis John Cena.
En somme, Lita a tout tenté et tout réussi dans sa carrière et a, en chemin, réellement inspiré toute une génération de nouvelles catcheuses à une époque où l'attrait physique était la seule marque de renommée, non pas d'une catcheuse, mais d'une "diva". Encore aujourd'hui, après un "break" bien mérité sur la scène du punk-rock (à la Chris Jericho !), elle contribue encore aujourd'hui à donner de sa personne pour mettre en avant les autres, notamment aux commentaires du Mae Young Classic.
- Félix G.
♦ Mention Honorable : Meiko Satomura
Tel le disciple de Kenta Kobashi, Jun Akiyama, Meiko Satomura a débuté un peu après la période chaude pour le Puroresu. Et comme Akiyama, elle a su se bâtir une excellente carrière et imprégner de sa marque le catch féminin japonais et mondial.
Débutant à la GAEA Japan, avec ses premiers titres par équipe et solo, dont quelques apparitions à la WCW, elle se fait remarquer au cours de plusieurs tournois de haute volée. Très vite, elle devient l'une des catcheuses les plus "badass" et les plus craintes (kayfabe) du circuit Joshi Puroresu des années 2000, tel un véritable équivalent féminin de Minoru Suzuki aujourd'hui.
♦ A LIRE : Il était une fois au Japon, la Joshi Puroresu (+ bonus) ♦
Après la fermeture de la GAEA Japan en 2005, elle fonde sa propre promotion, la Sendai Girls Pro-Wrestling, avec le vétéran Jinsei Shinzaki (aka Hakushi à la WWF). Cette promotion est depuis devenue l'une des pierres d'angle du catch féminin japonais, aux côtés de la STARDOM. Elle y officie aujourd'hui comme "booker" et entraîneuse, et est à l'origine d'excellentes futures catcheuses comme Chihiro Hashimoto ou DASH Chisako. Néanmoins, elle n'est jamais resté très loin des autres scènes internationales, prêchant la bonne parole du catch féminin exigeant, technique et brutal : en Amérique, avec ses participations au tournoi King of Trios de la Chikara (jusqu'en finale, l'an dernier) et, en Angleterre, elle est actuellement détentrice du titre de champion de la Fight Club Pro, prouvant à quel point le genre n'est pas une barrière pour prétendre au statut de meilleur au monde ! A 38 ans et 23 ans d'expériences, Meiko Satomura fait partie de ces vétérans qui ne vieillissent pas avec le temps, comme son pendant masculin et bon ami, Minoru Suzuki.
- Heisenbergbad
Les Pionniers
* Pour leurs contributions à une branche particulière du monde du catch *
♦ Catch japonais (Puroresu) = Jumbo Tsuruta (RIP)
Avant Keiji Mutoh, Mitsuharu Misawa, Kenta Kobashi, Hiroshi Tanahashi, Kazuchika Okada ou Kento Miyahara, il y avait Jumbo Tsuruta. Il était ce qu'Okada est à Gedo pour Giant Baba. Les principales fondations de l'All-Japan Pro-Wrestling se sont faites autour de lui, bien avant que les "quatre pilliers du Paradis" règnent sur la compagnie de Baba. Il était son champion pour combattre les "gaijins" durs à cuir venant du quatre coins du monde comme Billy Robinson (Alt Hall of Famer 2017), Terry Funk, Nick Bockwinkel, Mil Mascaras (Alt Hall of Famer 2016) ou encore Bruiser Brody. Jumbo Tsuruta représentait déjà ce qu'était un 'Ace' avant que le terme ne se démocratise : grand (comme Baba les aimait à l'époque), physique solide, charismatique à souhait, un in-ring impeccable et surtout hyper populaire auprès des fans qui jouaient des coudes pour voir la "rising star" des années 1970. Pour preuve, il a été le premier catcheur à unifier les Pacific Wrestling Federation, NWA United National & NWA International Heavyweight Championships, donnant naissance au légendaire Triple Crown Championship. Et il a été également le premier catcheur japonais à remporter le AWA Heavyweight Championship, alors promotion américaine concurrente de la WWWF. Il a même représenté le Japon lors des Jeux Olympiques d'été de 1992 dans la catégorie de lutte amateur !
♦ A LIRE : Il était une fois au Japon, Jumbo Tsuruta ♦
A la fin de sa carrière, il aidera à passer la main à deux catcheurs désormais considérés comme des légendes eux-mêmes - Genichiro Tenryu et Mitsuharu Misawa, à travers deux rivalités d'exception. Jumbo Tsuruta est sans doute l'un des catcheurs les plus importants dans l'histoire de l'AJPW et du Puroresu en général. Qui sait si l'AJPW serait devenu ce qu'elle est sans Jumbo ...
- Heisenbergbad
♦ Catch mexicain (Lucha Libre) = Negro Casas
En 2017, nous avions recommencé le "rudo" original qu'était Blue Demon. Cette année, nous récompensons le Ric Flair de la Lucha Libre, l'increvable Negro Casas.
Issu d'une grande famille du catch mexicain, Casas a débuté à l'aube des années 1980 sans masque, une rareté pour un luchador. Sportif, il fait fort impression dès ses premiers matches, notamment contre un jeune Fuerza Guerrera (le père du plus connu Juventud Guerrera) et dans une longue rivalité face au célèbre Hijo del Santo (fils du légendaire El Santo). Premièrement attachée à l'EMLL (l'ancêtre de la CMLL), Negro Casas n'hésite pas à aller et venir, remportant de nombreux titres de différentes promotions et affrontant des adversaires aujourd'hui bien connus comme l'Alternative Hall of Famer 2015, Ultimo Dragon.
Dans les années 1990 et jusque dans les années 2000, il s'établit définitivemment à la CMLL (où il catche encore aujourd'hui au top niveau), en devenant l'un de ses principaux "rudos" (ou "heels"), remportant tournois sur tournois et participant même à la première Super J-Cup de la NJPW. En 2008, il établit son propre clan, La Pesta Negra ("la peste noire" dans la langue de Molière), et son rôle de vétéran "rudo" participe à l'établissement de nombreuses carrières, du premier Mistico à Dragon Lee, en plus d'en entraîner de nouvelles. Pas étonnant que Dave Meltzer le compare sans cesse au 'Nature Boy' !
- Félix G.
♦ Catch européen = Doug Williams
Doug Williams est un nom très important trop souvent oublié dans l'histoire du catch britanique. Il voyageait déjà et faisait connaître ce qu'était le style traditionnel anglais bien avant que des Nigel McGuinness ou Zack Sabre Jr. le démocratisent, eux-mêmes inspirés par M. Williams. Parmi les Main-Eventers des premiers shows de la Ring of Honor, et faisant même partie du match pour couronner son tout-premier champion, il a été l'un des piliers du ROH Pure Championship, un concept de "catch pur" très technique qu'il représentait à merveille. Après la ROH, Williams a transmis son style british au Japon à la Pro-Wrestling NOAH, en Allemagne avec la wXw, en Amérique du Nord avec la TNA et même en France à l'ICWA. Mais c'est de son séjour à Nashville dont on se souvient le plus : pour ses deux règnes de champion de la X-Division Title et ses nombreux succès en équipe avec un certain Nick Aldis, alias Magnus.
Qu'importe où il torturait ses adversaires avec son "chain wrestling" parfait, ils glanaient à chaque fois des titres, s'offrant sans aucun doute l'un des palmarès les plus impressionnants et diversifiés pour un catcheur anglais. Avec ses confrères "high-flyers", Jonny Storm & Jody Fleisch, il aura été le porte-étendard du catch britannique et européen, à l'avenir douteux, au début des années 2000 et aura participé aux bases solides qui ont servi au "boom" de la scène indépendant britannique mené par la PROGRESSS, l'ICW et la RevPro, et les Zack Sabre Jr., Will Ospreay, Marty Scurll et autres Pete Dunne.
- Heisenbergbad
♦ Catch américain = Shawn Michaels
Shawn Michaels n'a jamais été le meilleur catcheur de sa génération (salut, Bret !) mais a toujours offert ses meilleurs matches. Mais surtout, s'il est ici nommé "Pionnier du catch américain", c'est pour son rôle précurseur dans la fondation d'un nouveau style de catch, rapide, intense et agile, qui trône aujourd'hui dans les Main-Events des plus grandes compagnies de catch - que ce soit à la WWE avec des Seth Rollins, Daniel Bryan ou AJ Styles ou même à la New-Japan, avec Kenny Omega et les Young Bucks.
Catcheur par équipe de naissance, aux côtés de Marty Jannetty dans les Rockers à l'AWA puis la WWF/E, 'The Heartbreak Kid' n'avait, a priori, ni le charisme ni la technicité experte pour faire une grande carrière solo. Mais profitant d'un bon background de Lucha Libre et apprenant constamment, il a réussi à se forger un cheminement royal dans la deuxième moitié des années 1990 avec des performances de légende dans les deuxième et troisième Ladder Matches de la WWF/E, à WrestleMania X et SummerSlam 1994, aux Royal Rumble 1995 et 1996 puis dans le premier Iron Man Match, à WrestleMania XII. Rapide, explosif et parfois dangereux dans des matches comme le tout-premier Hell In A Cell, Michaels est le véritable pionnier du style actuel touchant même les Kevin Owens et Sami Zayn d'aujourd'hui.
Mais s'il a su inspirer des générations de catcheurs d'un tel acabit, c'est aussi parce qu'il a su aller au-delà de ses propres démons et a su se renouveler sans perdre de son talent : comme le montrent, notamment, ses rivalités contre Triple H puis John Cena dans les années 2000. C'est ainsi qu'il est devenu un véritable exemple à suivre sans vergogne !
- Félix G.
♦ [Comédie] = Les Kellett (RIP)
Si l'Alternative Hall of Fame a déjà su récompenser des styles de catch comme le "high-flying" et le "hardcore", il en est un que beaucoup oubient ou sous-estiment. Le catch comique est pourtant l'un des plus compliqués à maîtriser, tant la blague réside dans le mouvement et l'intelligence de celui-ci dans un contexte technique porté sur une victoire physique (sur un adversaire pas toujours porté sur l'humour).
Si aujourd'hui, le "comedy wrestling" est un peu laissé-pour-compte dans le catch occidental (car au Japon, avec la DDT, il carbure), il n'était pas peu représenté au sein même du catch in-ring le plus cérébral, le "british wrestling" des années 1960-1970. Chuck Taylor, Toru Yano, Ryusuke Taguchi, Kikutaro ou le meilleur élève de tous, Colt Cabana, n'existeraient pas sans les Catweazle, Vic Faulkner et autres Mick McMichael de la grande époque de World of Sports - et surtout, leur maître à tous, Les Kellett.
"Heel" cruel au cours des décennies précédentes, Les Kellett traîne une réputation (kayfabe) de roublard, bien à son avantage, à l'orée des années 1980 à l'approche de la cinquantaine. Dès lors, il en profite pour tricher avec classe et humour, en se jouant des techniques de ses adversaires et en les humiliant face à un public hilare. Car là est toute l'efficacité du "comedy wrestling" de Les Kellett : s'amuser avec son adversaire et son public, sans jamais perdre de vue l'objectif fictif de la victoire. Une intelligence créative in-ring très loin des frasques enfantines de ce pauvre Santino Marella ...
- Félix G.