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Top 10 Storylines : (#2) La révolution tyrannique du New World Order et la métamorphose du 'Stinger'
Le 17/02/2016
En pleine guerre des audiences et de domination nationale avec une WWF/E chancelante, la World Championship Wrestling de Ted Turner cherche désespéramment en 1995 le moyen de prendre l'avantage sur son concurrent. Tout ce qu'il fallait au jeune et ambitieux producteur exécutif de WCW Monday Nitro, Eric Bischoff, était une idée de génie.
Une inspiration qu'il trouvera par hasard en séjour chez l'allié nippon de la WCW, New-Japan Pro-Wrestling.
Alors qu'il réfléchit aux prochaines acquisitions de Superstars de la WWF/E qu'il pourrait faire après celles précédentes d'Hulk Hogan ou Randy Savage, il observe assis dans une loge VIP de l'immense Tokyo Dome, le Main-Event de Wrestling World 1996 – événement centré sur une guerre inter-promotionnelle opposant la NJPW à l'UWFi, compagnie de « shoot-wrestling » (l'ancêtre du MMA actuel) fondée quelques années auparavant suite à un exode de la New-Japan. C'est en effet là que germe en lui l'idée qui grandira quelques mois plus tard sous la forme du New World Order.
Déterminé à frapper un grand coup, 'Easy E' signe à deux contrats à garantie juteuse deux jeunes top-stars, Scott Hall (aka Razor Ramon) et Kevin Nash (aka Diesel). Débarquant successivement sur les ondes de Nitro en mai, les deux malabars se présentent en outsiders complets, suivant la mise en scène magistrale d'un des plus grands « worked shoots » (suivant le précédent, encore plus énigmatique et surtout terrifiant, de la naissance du 'Loose Cannon' Brian Pillman), faisant mines d'envahir la WCW au nom de Vince McMahon pour éradiquer la compétition.
Un Main-Event les opposant aux forces suprêmes du roster est donc mis en place pour Bash At The Beach '96, les opposant eux et un troisième homme mystère à Sting, Lex Luger et 'Macho Man'. Et, alors que le match bat son plein en faveur des deux Outsiders, le tout-puissant Hulk Hogan vient à la rescousse des « gentils » … et vous connaissez tous la suite : choquant le Monde entier, le 'Hulkster' trahit Savage et les héros de la WCW qui l'avaient finalement accepté parmi eux, se révélant non seulement comme le troisième envahisseur mais comme le cerveau de cet auto-proclamé « nouvel ordre mondial », plus connu sous le nom de nWo.
Si sur les écrans, la WCW semblait au plus mal, en coulisses tout n'avait jamais allé aussi bien : audiences de folie, ventes records de Pay-Per-Views, arènes « sold-out », stand de goodies dévalisés … La WCW était enfin sur le toit du Monde du catch planétaire !
Les semaines qui suivirent verront l'embrigadement de nouveaux membres (de The Giant – aka Paul Wight, The Big Show – à Ted DiBiase & Virgil, en passant par Syxx – aka The 1-2-3 Kid, X-Pac, Sean Waltman – et Randy Savage), la démolition de tout et tout le monde (l'Histoire retiendra particulièrement l'attaque perpétré sur la troupe de Cruiserweights sur un parking, notamment) et la prise de pouvoir d'émissions après émissions. Portant des couleurs plus cool en noir et blanc, contrastant avec son rouge et jaune kitschs traditionnels, le désormais Hollywood Hulk Hogan est installé comme jamais sur le trône – lui-même qui avait douté initialement de la pertinence et de l'efficacité d'un possible « heel-turn » le concernant.
Affrontant 'Rowdy' Roddy Piper, 'Nature Boy' Ric Flair ou encore Lex Luger, le gang du nWo révolutionne tous les codes pré-établis en préparation de son face-à-face final avec le moins traditionnel des « babyfaces » : se sentant comme trahi par ses alliés lors du controversé War Games Match de Fall Brawl 1996, Sting se sépare du reste des représentants de la WCW et, déprimé et frustré, quitte les écrans pour plusieurs semaines.
Au moment de son retour, le fidèle et loyal 'Stinger' est méconnaissable : aperçu dans les ombres des couloirs ou les hauteurs des échafaudages, le nouveau Sting – inspiré du personnage du film « The Crow » – arbore un masque blême de peintures noire et blanche sans expression, une longue veste de cuir et une batte de baseball inquisitrice. Pendant des mois, il menace le nWo et intimide les troupes du Bien qui en lui avaient perdu leur confiance – les sauvant simplement dans les instants les plus difficiles.
Son retour actif sur un ring attendra Starrcade 1997 et sa tant-attendue et préparée confrontation finale contre le champion Hogan. Ressortant grand vainqueur de ce match (malgré une controverse « made in Hogan » avec l'arbitrage de Bret 'The Hitman' Hart), champion du Monde et grand sauveur de la WCW, Sting semblait avoir débarrassé la compagnie de sa vermine la plus durable … C'est là que le véritable cancer de la WCW entra en jeu : les tumultes des politiques internes, menées principalement par Hulk Hogan, ne laisseront pas l'affaire s'enterrer.
Ponctué par de nombreux changements de titres en faveur du 'Hulkster', le nWo subsiste comme si de rien n'était, plus massif que jamais, avant de se scinder en deux entités. D'un côté, Kevin Nash devient le leader d'une plus jeune et plus cool nWo, appelé Wolfpac (dont Sting, l'anti-nWo par excellence, fera malheureusement partie) ; et de l'autre, Hogan conserve son leadership au sein de la faction noire et blanche, Hollywood.
Un bon remue-ménage qui provoquera la fin de la légendaire série d'invincibilité de l'enfant prodigue Bill Goldberg et nous offrira l'infâme « Fingerpoke of Doom », le soir de la dernière confrontation à armes égales entre Nitro et RAW Is War.
Mais sur ces cendres bien décevantes subsiste encore et toujours un héritage inégalable dans l'Histoire du catch (et repris plusieurs fois ensuite, comme avec les Aces & Eights, nWo raté de la TNA en 2012-2013, ou plus récemment entre le Suzuki-Gun et les forces de la Pro-Wrestling NOAH au Japon, pays des origines cachées du nWo). Révolutionnant les codes du catch télévisé, la nWo aura indirectement permis à Vince McMahon et la WWF/E d'organiser une contre-attaque devenue période la plus prolifique et populaire de son Histoire.
Billet d'humeur : Kenny Omega vs. Kota Ibushi, le prochain grand Main-Event de la NJPW
Le 15/02/2016
Veuillez pardonner cet excès de papiers (en particulier de Billets d'humeur) par les temps qui courent sur The Alt, surtout que celui-ci ne provient pas d'une autre plateforme, pouvant justifier sa mise en avant plus élaborée. Simplement, je viens de voir le Main-Event de NJPW The New Beginning 2016 in Niigata, Kenny Omega vs. Hiroshi Tanahashi (donc, attention : SPOILERS AHEAD !), suivant un partage sur ask.fm/Felixtaker (comme quoi, il y a une justification après tout !), et je me devais d'exprimer mes pensées qui s'en sont suivies.
Le match en lui-même était très appréciable : Kenny Omega est absolument excellent, dans son "selling", son intensité et son "storytelling" (mise à part des petites nuances qui ici, manquaient), et quant à Tanahashi, toujours aussi professionnel. Et grâce à lui, la New-Japan a couronné un nouveau champion Inter-Continental (lequel était, je le rappelle pour les retardataires, laissé vacant suivant le départ pour la WWE de Shinsuke Nakamura) en faisant de lui une vraie top-star, sans endommager son John Cena.
Malgré tout, le booking n'était pas franchement du même niveau. Certes, les références à AJ Styles ou Nakamura étaient là, mais le déroulement du match était très ambigüe : d'un côté, Omega et le reste du Bullet Club, démolissent l'épaule de Tanahashi à Osaka pour l'handicaper lors du dit Main-Event à Niigata ; d'un autre, Omega se place comme le "heel" plein de désillusions, écartant les distractions autour du ring pour s'en occuper lui-même, avant bien sûr de "troller" son monde avec l'intervention encore plus opportuniste des Young Bucks. Deux directions pour un même résultat, qui pour le coup allourdissaient le tout : selon moi, soit il fallait choisir le booking de la blessure handicapante, soit il fallait opter pour le booking "mind games".
Mais tout cela en sachant que ça n'a en réalité rien à voir avec ce dont je veux vraiment vous parler. Pardonnez-moi, déformation professionnelle ...
En effet, désormais que 'The Cleaner' a été établi comme le troisième parrain du Bullet Club (qui pourrait se diriger vers une première scission avec Bullet Club's Elite d'un côté et le reste, parmi les Tama Tonga et autres Bad-Luck Fale, de l'autre ?) et nouveau "gaijin" top-"heel" du roster, il semblerait qu'une nouvelle hiérarchie s'impose - laquelle amènerait sans aucun doute à une nouvelle rivalité de grande envergure. Si les Tanahashi, Hirooki Goto, G.B.H. et autres Tomohiro Ishii sont là pour rester encore quelques années, il semblerait qu'une nouvelle poignée commencent désormais à doucement les supplanter : le désormais indétrônable, Kazuchika Okada, Tetsuya Naito (même si son momentum ralentit dangereusement en ce moment) en "top-heel" nippon, Katsuyori Shibata en "top-face" alternatif, KUSHIDA à la tête de la Junior Division, et Kenny Omega en "gaijin top-heel". Aussi, manque-t-il un nom à cette liste. Okada vs. Omega est certain de faire les prochaines grandes affiches de la NJPW (comme un "revival" de Naito vs. Okada, ou un premier Okada vs. Shibata), mais le vrai "money-maker" à venir pour la NJPW concernant Omega, reste Omega vs. Kota Ibushi.
Pendant des années, Ibushi a été sporadiquement "pushé" par la New-Japan, s'arrogeant multiples titres de championnats Junior, pendant qu'à sa promotion-mère, la DDT, il bataillait face ou aux côtés de Kenny Omega. Et quand ce dernier a rejoint à plein temps les rangs de la New-Japan, Kota Ibushi, venant d'arriver dans l'Heavyweight Division de son côté, s'est perdu puis s'est blessé. A présent, avec 'The Cleaner' déjà au top de sa division, le programme de retour du jeune prodige japonais est tout trouvé.
Meilleurs amis, collègues depuis les premières heures, Omega et Ibushi ont une véritable alchimie et un passif commun qui ne peut qu'engendrer certains des meilleurs Main-Events que peut souhaiter la NJPW à l'avenir. Pas besoin de nouveaux imports pour contrebalancer la perte de quatre de ses plus grandes stars (cinq si l'on compte celle, plus précoce, de Prince Devitt/Finn Balor) de ces dernières années - forçant l'arrêt abrupte d'un booking général devenu trop répétitif et complaisant. Les solutions, comme elle l'a montré timidement mais sûrement avec The New Beginning 2016, sont juste sous son nez - dont une, attendant patiemment sur le banc de touche.
Top 10 Storylines : (#3) « The Summer of Punk » ou la deuxième naissance de CM Punk
Le 14/02/2016
En juin-juillet 2011, CM Punk a choqué le Monde du catch, secouant indirectement ses fondations et réveillant un engouement oublié de la part de nombreux fans à travers le Monde. Ce « Summer of Punk » improvisé n'était pourtant pas le premier : en juin 2005, en amont de son départ pour la WWE, un plan scénaristique ancré dans un contexte réel similaire s'était déroulé.
Concoctée par Punk et Gabe Sapolzsky (le grand manitou de la Ring of Honor) suite à l'annonce de la signature du premier à la WWE, cette storyline bien ficelée s'étendra sur tout l'été à compter de l'événement Death Before Dishonor III. Là, 'The Second-City Saint' y défait le champion du Monde de la ROH, Austin Aries, au terme d'un combat dantesque. Croyant assisté au dernier match de CM Punk sur un ring indépendant, les fans sont en émoi devant une telle victoire et attendent un discours de l'éloquent nouveau champion. Cette diatribe restera dans leurs mémoires à jamais : mettant en avant son gain, et l'objet qu'il détient désormais, Punk enchaîne métaphorisant sur le fait qu'il est en fait en train de trahir les fans l'écoutant avec passion. Il affirme les détester depuis le début, jusqu'à les avoir duper pour les forcer à réclamer la chance qu'il a eu ce soir-là de devenir enfin champion. Il déclare qu'il compte bien repartir avec l'honneur-même de la Ring of Honor (symbolisé par la dite ceinture) et, en chemin, prouvé à tous qu'il est bien meilleur que Low-Ki, AJ Styles et surtout son ex-grand rival Samoa Joe.
Prenant leur source dans cette promo légendaire suivront trois mois exceptionnellement bien scénarisés. Handicapée par l'absence de Bryan Danielson et Low-Ki (respectivement en tournée en Europe et au Japon) et les prochains départs définitifs de Samoa Joe ou encore AJ Styles, la promotion indépendante en vogue profitera de cette storyline pour installer James Gibson (aka Jamie Noble, anciennement de la WCW et de la WWE) comme le « top-babyface », défenseur « redneck » de l'honneur de la compagnie. Durant des semaines, il n'aura de cesse – en compagnie de Joe ou encore Mick Foley – de tenter de stopper l'impitoyable traître. Ce traître qui, bien que réticent à l'écran, mettra en valeur une poignée de jeunes lutteurs à l'avenir radieux – de Jay Lethal à Roderick Strong.
Finalement, il faudra attendre la veille du départ définitif du champion, pour le voir concéder son titre au terme d'un 4-Corners Survival Match marathon, face à Samoa Joe, le revenant ennemi juré Christopher Daniels et le résistant James Gibson. Une bataille acharnée, au storytelling finement mené, qui verra 'The Redneck Messiah' logiquement mettre un terme au règne de Punk. Une défaite difficile à l'aire de réhabilitation, qui précédera un émouvant « match de départ » face à son meilleur ami, Colt Cabana, sur son terrain de Chicago.
Si la trilogie Joe vs. Punk avait véritablement établi la Ring of Honor aux États-Unis, c'est bien cette storyline unique qui la retiendra définitivement dans l'Histoire du catch comme l'alternative suprême au « sports-entertainment ».
Billet d'humeur : Une évolution pas si positive pour la Ring of Honor ?
Le 13/02/2016
* Ceci est un extrait de la réponse à une question sur ask.fm/Felixtaker *
Je suis assez mitigé concernant la carte de ROH 14th Anniversary PPV, comme de plus en plus souvent avec le produit proposé par la Ring of Honor.
J'ai l'impression, pour extrapoler mon sentiment sur la ROH d’aujourd’hui en globalité (lequel avait déjà fait l'objet d'un Billet d'humeur), qu'un double facteur l'endommage - en tout cas à mes yeux.
Si sous Hunter 'Delirious' Johnson, elle a réussi à se sortir du gouffre créatif et administratif de Jim Cornette - succédant à Adam Pearce et l'HDNet Era, post-Gabe Sapolzsky, une période qui n'a pas toujours été facile, facile, mais qui réunissait tant d'excellents talents que tout le reste (notamment une première présence TV en réalité complètement inutile) était oublié - je trouve qu'elle commence à perdre son identité ancestrale pour s'en approprier une autre, très dissonante et pas forcément idéale.
Certes, elle atteint aujourd'hui des domaines et des succès auxquels elle n'aurait jamais rêvé en 2004-2005, comme la réussite très modeste de ses Live PPVs désormais réguliers, une meilleure présence TV et une administration mieux gérée (par Joe Koff et SBG, des proprios plutôt sympas) - sans oublier, des partenariats profitables, tels celui avec la NJPW de plus en plus important (et je vais y revenir) ; ou d'une moindre mesure celui annuel en Angleterre avec la PCW.
Néanmoins, au niveau créatif, in-ring et produit général, elle ressemble de plus en plus à un NXT bis, face à l'immense concurrence qu'il lui fait, et en adéquation avec son nouveau mantra "Creating Excellence". Un aveu comme quoi elle n'est plus l'alternative suprême du catch américain, mais la fabrique des nouvelles top-stars de la WWE. C'est génial qu'elle soit aujourd'hui reconnue pour cela, et le fait de le mettre en avant, lui a permis d'attendre de nouveaux publics, de son côté. Mais tout cela reste très ambigüe, tant elle continue de revendiquer son ancienne identité de "pure wrestling" et alternative suprême en usant de son slogan marketing "The Best Wrestling on the Planet". C'est faux ! Si son catch est généralement de bonne qualité, il ne lui reste que des soubresauts d'excellente qualité à la 2005-2007, tel Strong vs. Lethal (pas le marathon du dernier Death Before Dishonor).
De plus, autre facteur à double tranchant, son alliance avec la New-Japan : si celui-ci lui permet de rester crédible (de part son slogan par exemple) et d'avoir d'excellents talents internationaux à disposition (et permet à la NJPW de faire de même à ce niveau-là, mais aussi de renforcer son expansion occidentale très utile), cela remet ses propres talents et leurs développements sur le bas côté. C'est pourquoi un talent tel ACH n'arrive pas à avancer comme il le devrait, par exemple ... On le voit si explicitement cette année, avec des présences inter-promotionnelles aussi fortes chez l'une que chez l'autre - sauf que la Ring of Honor n'est pas la New-Japan. Elle n'est pas son égale dans sa structure, et dans le "star-power" de son roster (surtout maintenant que les Okada, Nakamura et Tanahashi sont largement reconnus par les fans mondiaux). Et pourtant, en 2016, elle va lui consacrer tant de temps et d'espace. A Wrestle Kingdom 10, une dizaine de ses principaux catcheurs étaient au Tokyo Dome Show, pour leur plus grand plaisir et honneur. Puis, pour son 14ème anniversaire à venir en Live Pay-Per-View, elle accueillera une dizaine de lutteurs NJPW en échange ... seulement une semaine après un autre show inter-promotionnel, NJPW/ROH Honor Rising, au Korakuen Hall. Sans compter, Global Wars 2016 et une tournée inter-promotionnelle entière sous la marque War of The Worlds 2016 en mai prochain !
L'alliance a déjà donné ses fruits, ça y est - alors pourquoi accentuer le trait, sûrement au détriment long-terme du roster de la Ring of Honor, de sa réputation et de son influence sur le circuit indépendant et international ? Que lui restera-t-elle quand la NJPW aura atteint son objectif et n'aura plus besoin d'elle ? Et quand les Adam Cole, Kyle O'Reilly, Jay Lethal, Roderick Strong et autres ACH auront été signés par WWE NXT, et ne laisserons que des lutteurs très "gimmickys" et "WWE-esque" (certes, plus ou moins talentueux à leur façon ... Mais pas celle de la ROH traditionnelle, dont l'héritage a été emporté par Gabe Sapolszky et ressurgi aujourd'hui avec l'EVOLVE) comme Dalton Castle ou War Machine ? Qu'adviendra-t-il alors de ses PPV Buys, de ses tournées et du reste de son succès à elle, et elle seule ?
En d'autres termes, au-delà de son changement de ton ou style déjà discuté ici auparavant, j'ai peur que désormais la Ring of Honor ne soit réduite qu'à créer l'excellence pour les autres et avec les autres, plutôt avec ses talents et pour son propre avenir tout simplement ...
Back To The Past #2 : WWE SummerSlam 2004
Le 12/02/2016
Bien le bonjour, et bienvenue pour le second numéro de Back To The Past ! Dans cette nouvelle chronique sur The Alt, je vais analyser un ancien Pay-Per-View de votre choix (chaque mois, vous pourrez élire au choix l'un de deux PPVs proposés sur ask.fm/Rollins_Thefuture), à la fois dans son déroulé match-par-match et dans son importance contextuelle.
A propos du PPV…
Ce mois-ci, je vais m'intéresser à « The Biggest Party Of The Summer » le bien nommé SummerSlam 2004 ! Ce PPV s'est déroulé le 15 Août 2004 à l'Air Canada Centre de Toronto, dans l'Ontario au Canada.
Il s'agit de la 17ème édition de cet événement, SummerSlam étant une des grandes traditions du calendrier de la WWE depuis 1988. Il fait en effet partie du « Big Four » de la WWE , accompagné des très célèbres Royal Rumble, WrestleMania et Survivor Series. Aujourd'hui encore, la tradition du SummerSlam se perpétue d'années en années.
En terme de réception, ce show au slogan « Let The Games Begin ... » a attiré 17 640 personnes sur place et 320 000 téléspectateurs payants (une nette baisse vis-à-vis de l'opus précédent) pour le troisième PPV commun entre les rosters séparés de Raw et Smackdown en cette année 2004.
Mais avant de passer au vif du sujet, voici les résultats brefs de ce SummerSlam 2004 :
- The Dudley Boys (Spike, Devon et Bubba Ray) b. Rey Mysterio, Paul London et Billy Kidman
- Kane b. Matt Hardy (Lita doit épouser le vainqueur)
- John Cena b. Booker T (c) (Best Of 5 Series Match pour le titre US)
- Edge (c) b. Chris Jericho et Batista (Triple Threat Match pour le titre Intercontinental)
- Kurt Angle b. Eddie Guerrero
- Triple H b. Eugene
- JBL (c) b. The Undertaker, par disqualification (WWE Championship)
- Randy Orton b. Chris Benoit (c) (World Heavyweight Championship)
Ce Pay-Per-View estival – de par sa carte très intéressante – avait donc de bons arguments pour nous offrir un spectacle d'exception. Voyons maintenant si cela à été le cas.
Le Match-par-Match
La plus grande fête de l'été s'ouvre donc avec un 6-Man Tag Team Match entre les Dudley Boys face à Rey Mysterio, Paul London et Billy Kidman. Deux semaines avant SummerSlam, Spike Dudley avait mit un sale coup à Rey Mysterio lors de Smackdown. Ce dernier avait donc l'occasion de se venger ce soir, accompagné des champions par équipe du « show bleu », face au Cruiserweight champion Spike Dudley, lui accompagné de ses deux « demi-frères ».
Parlons maintenant du match en lui même : C'était un bon « opener » très intéressant et très appréciable à regarder. Le rythme était très bon tout le long de l'affrontement notamment grâce à Paul London qui aura permis – à l'aide son catch très rapide et aérien – de rendre le match bien plus intense. A noter que ce dernier nous aura d'ailleurs gratifié d'un magnifique flip a l'extérieur du ring. Alors que la victoire semblait destinée à l'équipe « face », The Dudleys ont réussi à renverser la vapeur en fin de match ; offrant au public un bon début de show.
Les choses un peu plus sérieuses débutent ensuite avec le match opposant Kane à Matt Hardy. En effet, ce match avait une certaine importance aux yeux des deux lutteurs puisque le vainqueur avait le droit de se marier avec Lita ; celle-ci se retrouvant forcée d'épouser le vainqueur.
Le match observé était plutôt court mais assez intense. Matt Hardy voulait par tous les moyens se débarrasser au plus vite de Kane par l'intermédiaire d'un Twist Of Fate à l'extérieur du ring ou encore grâce à un coup de cloche très violent, qui aura résonné dans toute l'arène. Mais la résistance de Kane aura fait la différence grâce à un Chokeslam monumental depuis la 3ème corde. Il ressort donc vainqueur et obtient donc le droit d'épouser Lita, au plus grand malheur de cette dernière.
On enchaîne ensuite avec le premier d'une série de cinq matchs pour le titre de champion des États-Unis, opposant John Cena à Booker T. Mais rappelons tout d'abord les faits qui nous ont mené à cette stipulation particulière : la perte très controversée du titre US de John Cena aux mains de Booker T força en effet Theodore Long à mettre en place une série de cinq matchs, afin d'avoir un champion de la manière la plus légitime possible.
Cette première rencontre, entre ces deux très bon lutteurs, était malheureusement trop courte et sans réel plaisir à regarder. C'était un peu bâclé, et expédié en même pas 6 minutes. Pour un affrontement entre deux catcheurs de ce calibre, c'était très décevant. John Cena gagne donc le match mais Booker T conserve son titre, puisque c'est le premier qui comptera 3 victoires à son actif qui pourra être désigné champion US.
Passons au match suivant sans plus attendre, qui opposait le champion Edge, face à Batista et Chris Jericho pour le titre Intercontinental.
Les Triple Threat Matchs font selon moi partie des matchs les plus intéressants dans le monde du catch. En l'occurrence, ce match entre ces trois grands lutteurs nous l'a bien prouvé puisque cela aura été sans doute le match le plus captivant à suivre de cette soirée. En effet, il n'y avait pas de temps mort et les prises ce succédaient sans relâche, nous offrant un très bon match par la même occasion. On pourrait cependant reprocher à ce match d'être trop court, car il a duré seulement 8 minutes. Et j'aurais personnellement aimé en voir un peu plus. Sinon c'était un match solide.
Attardons-nous désormais au premier match de ce qu'on pourrait qualifier de quadruple Main-Event puisque tous les combats à suivre font énormément envie. Mais concentrons-nous tout d'abord sur Eddie Guerrero face à Kurt Angle, combat symbolisant la revanche de WrestleMania XX. Lors de ce show, Eddie Guerrero avait battu Kurt Angle en détachant sa chaussure avant que ce dernier ne tente un Angle Lock. Cela avait permis à Eddie Guerrero de se dégager plus facilement de la soumission, et de gagner ensuite le match ainsi que de conserver son titre mondial grâce à un Roll-Up. Quelques mois plus tard, une revanche avait enfin été mise en place pour SummerSlam 2004.
L'affrontement entre ces deux légendes était excellent. Il était très technique et se basait notamment sur un « work » méticuleux de Kurt Angle sur la cheville d'Eddie Guerrero. Dans ce match, il n'y avait aucune place pour l'ennui tant il y avait beaucoup de suspense. On ne savait absolument pas qui allait gagner, et les nombreux « nearfalls » nous auront fait sursauter plus d'une fois. Kurt Angle s'en est finalement sorti grâce à son travail méthodique sur la cheville d'Eddie, en obtenant finalement sa revanche face à ce dernier au terme d'un match de très haute volée.
Le match suivant opposait Triple H face au candide « attardé mental », Eugene. Et paradoxalement, il s'agissait sans doute de la rivalité la plus sérieuse de la soirée. C'est difficile à imaginer avec un personnage aussi peu sérieux en effet. C'est pour cela que je vais vous parler de la terrible « storyline » qui liait à ce moment-là 'The Game' au neveu « spécial » d'Eric Bischoff.
Lors d'un segment à Raw quelques semaines auparavant, The Rock était présent sur le ring, accompagné de Eugene. ' The Brahama Bull ' interrogeait Eugene pour savoir qui était son catcheur favori et ce dernier s'écria « Triple H ! ». En entendant ça, Triple H décida de lui faire une place d'honneur au sein d'Evolution. Mais en réalité, l'ancien champion du monde poids lourds voulait juste se servir de Eugene pour pouvoir récupérer son bien face à Chris Benoit. Néanmoins, lors de Vengeance 2004, Eugene coûta le titre à Triple H en lui assénant un coup de chaise par erreur. Par la suite, 'The Cerebral Assassin' décida de se débarrasser du neveu d'Eric Bischoff. Eugene fut ainsi passé à tabac par The Evolution de manière très violente : il fut évacué sur civière. Plus tard, Eugene effectua son retour et coûta – de manière volontaire cette fois-ci – le titre à Triple H. Pour se venger, 'The King Of Kings' tabassa très violemment, et dans une marre de sang, le mentor de Eugene : William Regal. A SummerSlam, les deux ont enfin eu l'occasion d'en découdre.
« Qu'en est t'il du match ? », me direz-vous : j'ai vraiment été très surpris par ce match, car il était vraiment très bon. Eugene à été loin d'être ridicule face à l'ancien champion du monde poids lourd et il a souvent été d'ailleurs dans des positions de dominations. L'histoire racontée par le match était vraiment bien également. Eugene s'inspirait des plus grands catcheurs de la WWE pendant ce match pour porter ses coups. Il a notamment reproduit le 'Rock Bottom', le 'Stone Cold Stunner' ou encore 'The Atomic Drop'. A un certain moment, nous avions vraiment cru que Eugene allait gagner. Mais au final, c'est Triple H qui s'en est sorti au terme d'un match très surprenant et très bon aussi, concluant cette « feud ».
Il ne reste plus que deux matchs désormais à analyser, et non des moindres puisqu'il s'agit des matchs pour les titres majeurs de Smackdown et de Raw. Mais commençons tout d'abord par le match pour le WWE Championship qui opposait The Undertaker face à JBL.
Lors du Great American Bash 2004, JBL avait battu Eddie Guerrero dans un « Texas Bullrope Match » très sanglant. Quelques temps plus tard, c'était au tour de The Undertaker de lancer un défi à JBL, pour un match à SummerSlam 2004.
Le match en soit était agréable à suivre, bien qu'un peu lent parfois malheureusement. Il fut cependant rythmé par les interventions d'Orlando Jordan, sans que ce soit trop lourd. Ce sont d'ailleurs ces interventions qui auront coûté le match à The Undertaker, puisque ce dernier asséna un coup de ceinture à JBL pendant que l'arbitre était au sol … Enfin, c'est ce que le 'Phenom' croyait puisque l'arbitre avait en effet vu cette action, causant la disqualification de l'Undertaker. Ce dernier s'énerva par la suite, et il se débarrassa de JBL en lui portant un énorme Chokeslam à travers le toit de sa limousine.
Comme vous vous en doutez, la rivalité ne s’arrêtera pas ici, puisque les deux seront en route ensuite pour s'affronter lors du premier Last Ride Match de l'Histoire, deux mois plus tard lors de No Mercy 2004.
Pour terminer cette soirée et mon analyse, nous évoquerons le Main Event qui opposait Chris Benoît à Randy Orton avec le World Heavyweight Championship en jeu. Quelques semaines plus tôt lors de Raw, Randy Orton avait remporté une Bataille Royale pour obtenir le droit d'affronter le champion Chris Benoît lors de SummerSlam 2004.
Ce match pour le titre donc, était un très bon Main Event de PPV. Sa durée était vraiment adéquate, de quoi nous satisfaire la promesse d'une très belle affiche, ainsi nous offrir un très bon affrontement en guise de match final. Les deux lutteurs se sont rendus coups pour coups, dans un match qui s'est révélé être totalement indécis du début jusqu’à la fin. Jusqu'au moment où Randy Orton nous gratifia d'un RKO sorti de nulle part ce qui lui permit de remporter le tire mondial à seulement 24 ans. Grâce à cette victoire, le fils de Bob Orton Jr. est ainsi devenu le plus jeune champion du monde de l'histoire de la WWE – détrônant le précédent record-man Brock Lesnar qui était devenu le plus jeune champion de la WWE en battant The Rock (record-man lui-même, jusque là) deux ans auparavant.
Malheureusement, la fête suivant ce grand couronnement fut vite gâchée pour Randy Orton. Lors du rematch – remporté ceci-dit par Randy Orton face à Chris Benoit – The Evolution trahit le nouveau champion dès le lendemain de SummerSlam. Et Randy Orton perdit le titre seulement un mois après l'avoir gagné, lors d'Unforgiven 2004, face à son ancien leader et mentor Triple H.
Conclusions
Ce SummerSlam 2004 était donc en somme un très bon PPV dans son ensemble, sans aucun véritable point faible, sauf le match médiocre entre John Cena et Booker T. Mais la qualité du reste du show, aura servi de contre-balance à ce petit point noir et aura donc permis de vite oublier et d'apprécier le reste du spectacle. Je vous invite donc à voir ce PPV si vous ne l'avez jamais vu.
Voilà, c'est tout pour ce deuxième numéro de Back To The Past. On se retrouve donc le mois prochain sur The Alt pour une nouvelle analyse d'un Pay-Per-View de votre choix. D'ici là, portez vous bien et à la prochaine !
Top 10 Storylines : (#4) De la destruction d'une amitié à la destruction de la Ring of Honor
Le 10/02/2016
Voici l'histoire de deux meilleurs amis québecois, qui ont débuté sur le ring ensemble, débarqué aux États-Unis ensemble et commencé une carrière à la WWE pleine de réussite à venir ensemble. Une histoire faite de haine, de jalousie, de violence, de larmes et de sang. Celle de Kevin Owens et Sami Zayn, avant d'être des Superstars : celle de Kevin Steen et El Generico quand ils sont devenus des stars.
Suivant une défaite face aux Young Bucks à Final Battle 2009, Steen & Generico se retrouvaient seuls sur le ring face au public, souhaitant s'adresser à eux plein d'émotions. Steen – remerciant tous ses adversaires passés, la Ring of Honor et ses fans – semblait être prêt à faire ses adieux. Puis se tournant vers on camarade de toujours et coéquipier, il fondit en larmes, incapable de lui dire ce qu'il pensait tout bas … jusqu'à finalement trouver la force de lui dire : « Et toi, El Generico … Je te hais tellement », ponctuant ces paroles choquantes et inattendues par un coup de pied dans les bijoux du faux mexicain et un coup de chaise dans le crâne.
Dès lors, celui que les fans avaient surnommés 'Mr.Wrestling' par appréciation s'allie avec Steve Corino et Jimmy Jacobs, deux « personnes diaboliques », dont il pense pouvoir tirer profit pour atteindre la gloire solitaire qu'il demandait tant. 'The Generic Luchador' – qui, abasourdi et attristé par une telle traîtrise ne pouvait trouver en lui la force de se venger, s'était trouvé un soutien en la personne de Colt Cabana – n'était plus pour lui ni son partenaire ni son ami, mais juste un boulet à traîner sur le chemin de son véritable but égoïste.
Cette tension maladive traînera dans les vestiaires et les rings de la ROH jusqu'à Final Battle 2010 : c'est là qu'après le Main-Event officiel, était autorisé un Unsanctionned Fight Without Honor – Mask vs. ROH Career Match. Un combat à morts comme on en a rarement vu (et comme on en verra encore plus rarement par la suite), voyant deux amis remplis de colère l'un envers l'autre tentèrent de s’entre-tuer. A sa conclusion, Kevin Steen était ordonné de quitter la Ring of Honor …
Mais l'histoire ne se limita pas à ses frontières : en 2011, elle déborda sur les projets de la Pro-Wrestling Guerrilla – offrant notamment un Ladder Match d'anthologie à SteenWolf.
Il faudra attendre ROH Best In The World 2011 pour voir ressurgir Steen, lui faisant croire à son envie honnête de rejoindre le programme de réhabilitation de Jacobs & Corino avant de clamer face à eux « F**ck Ring of Honor ! ». De là s'enclenchera une longue route inégale (ponctuée par un instant magique, voyant Steen retiré un masque d'El Generico d'un carton délivré à lui de nulle part) vers Final Battle 2012 et le tout-premier Ladder War Match, en un-contre-un entre ses deux plus grands spécialistes. Cette fois, c'est Steen – ayant enfin retrouvé Steve Corino & Jimmy Jacobs de nouveau du côté obscur pour former S.C.U.M., un clan projetant la destruction de la ROH sous le règne de Jim Cornette – qui repartit vainqueur de ce chapitre, toujours champion du Monde de la Ring of Honor … et le chapitre suivant attendit sagement de s'éveiller.
> Vidéo : ROH Final Battle 2010 Hype - El Generico vs. Kevin Steen <
Ce troisième et peut-être dernier acte (toujours en cours, potentiellement) date des débuts tant attendues de Kevin Steen – désormais Kevin Owens – à NXT (2.0), la plate-forme développemental révolutionnaire dont Sami Zayn (un cousin d'El Generico, reparti à Tijuana en 2013 pour s'occuper d'un orphelinat mexicain selon la légende) allait devenir le champion.
C'est à TakeOver : R-Evolution que les deux ami-ennemis se retrouvèrent enfin. Remportant le titre des mains d'Adrian Neville au terme d'un match époustouflant, Sami était félicité par une partie du roster dans un petit nouveau, avec qui il avait vécu tant de choses et parcouru tant de kilomètres. Ainsi, alors que tout semblait pardonné avec ce nouveau départ conjoint, tout pris une tournure de redite haineuse : ramenant son ami et nouveau champion de NXT vers les vestiaires, sur son épaule, Kevin Owens le renverse et essaye de le paralyser avec une violente Powerbomb sur le bord du ring. Une déclaration physique pour dire : « Je t'avais dit que tu ne serais plus un boulet pour moi … Et maintenant que je suis là où tu n'aurais jamais dû être avant moi, je suis prêt à tout pour te pourrir ta nouvelle vie, te saper ton bonheur et réclamer ce qu'il m'est toujours revenu de droit » !
Par la suite, leurs deux confrontations suivantes se solderont par des victoires de Kevin Owens par KO ou arrêt forcé du match, de part la violence des assauts de l'ancien 'Wrestling's Worst Nightmare'.
Paralysé par une blessure à l'épaule, Sami Zayn n'a fait son retour entre les cordes que très récemment – ayant laissé bien malgré lui sa place dans le main-roster à un Owens plus conquérant que jamais … La rétribution ne devrait donc plus trop tarder, et encore une fois elle se signera sous le signe de la violence !
De Bryan Danielson le grand, à Daniel Bryan le pur : l'étoile qui n'a jamais cherché à en être une
Le 09/02/2016
Hier soir, en rentrant d'un magnifique concert de musiques de films dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, j'apprenais que Bryan 'Daniel Bryan' Danielson comptait annoncer son départ à la retraite le soir-même à WWE RAW. Après des mois d'absence, d'examens médicaux, de discussions, d'envie de la part de Bryan et de ses fans de le revoir monter sur le ring, tout est amenée à une abrupte conclusion - en pleine "Injury Curse" comme appellent les américains cette semblante malédiction qui frappe depuis autant de mois les stars des rosters (composés du "main-roster" et de NXT) en amont de WrestleMania 32. Ainsi, avais-je hier soir réagi à la situation sur ask.fm/Felixtaker :
« Comme vous le constatez, je réagirais ici au sujet de Daniel Bryan. Effectivement, tout cela sent le "swerve" à plein nez, mais serait-ce l'observation d'un instinct objectif ou d'un espoir subjectif de la part d'un passionné (comme tant d'autres) qui n'a pas envie de dire "au revoir" à un de ses héros ?
Seul ce qui se passera devant les caméras de WWE RAW nous le dira ....
Ainsi, l'option de "swerve" à la Mark Henry est aussi probable que celle d'une réelle annonce de départ à la retraite à la Edge.
D'un côté, il y a cette annonce in extremis (accompagnée des tweets très rapides du roster de la WWE ...), signalant une envie possible sous-jacente de booster les audiences d'un show qui est en baisse. Sans oublier ce nouveau "branding" étrange sur le nom de "The Revival", dont la raison reste encore mystérieuse ...
De l'autre, on a les rapports des "insiders" comme Meltzer, Johnson ou le ProWrestlingSheet qui affirment la réalité de la chose, et l'état physique déplorable véritable de Bryan ...
So wait & see, mais quoi qu'il en soit, ce soir nous allons avoir droit à un grand moment d'émotion, qu'il soit profondément triste et émouvant ou qu'il soit choquant, surprenant et enthousiasmant. »
Malheureusement, le fameux tweet du 'Yes! Man' était tout ce qu'il y avait de plus sincère et réel, tel que nous l'avons compris en dernière partie de ce RAW. Dans un élan de "feel-good attitude", celui que les fans de la WWE connaissent sous le nom de Daniel Bryan a pris son temps au milieu de ses fans locaux (de Seattle, non loin d'Aberdeen, la petite ville bûcheronne d'où il vient) pour confirmer la fin définitive de sa carrière (car Terry Funk ou Ric Flair il n'est pas, j'en suis convaincu) et apprécier un dernier moment au contact d'un ring qu'il a tant aimé. Le sauveur - notre sauveur, celui que l'on a choisi envers et contre tout, comme il l'a lui-même rappellé en se souvenant de l'interruption du "build-up" de TLC 2013 - ne viendra plus nous sauver des plans inorganiques de Vince McMahon, Kevin Dunn & Cie, comme celui d'installer sur le trône un jeunot qui n'en a pas (pas encore ou pas du tout) les épaules. Et cet élu du peuple, bien qu'il en a arboré une ressemblance physique, n'avait rien de divin : petit, maigrichon en comparaison à ses collègues et loin d'être égocentrique, Daniel Bryan a été choisi, comme jamais personne auparavant, par le public soucieux de se faire entendre dans cette ère de réseaux sociaux ou les voix peuvent tout aussi bien se perdre que s'unifier ainsi. Lui, ce champion des passionnés et autres petites gens trop souvent ignorés et oubliés, tout ce qu'il voulait était catcher, en offrant la meilleure performance possible chaque soir. Catcher à n'importe quel prix, n'importe où et pour n'importe qui.
Des débuts difficiles mais toujours plein d'espoir
C'est ainsi qu'il a quitté la petite ville natale de Kurt Cobain, pour traverser le pays entier et atterir à l'école de catch texane du 'Heart-Break Kid' Shawn Michaels (aux côtés de celui qui deviendra son grand ami de toujours, Brian 'Spanky' Kendrick). Puisqu'il voulait catcher et rien d'autre, autant se donner les moyens d'apprendre des meilleurs. Néanmoins, l'un des meilleurs avec qui il comptait apprendre n'était pas souvent là, aussi il a dû apprendre sur le tas avant de rejoindre Memphis et intégrer l'un des nombreux anciens centres de développement de la WWF/E. C'est là, qu'en 2000-2001, il commence enfin à comprendre l'art de lutter entre les cordes, sous la houlette d'un des maîtres oubliés, William Regal. Malgré l'absence d'un héritage quelconque dans la profession, Bryan est doué d'un talent précoce. Le genre de talents qui n'aura pas l'occasion d'être exposé au-delà de WWE Velocity (malgré un "call-up" dès le Royal Rumble 2001 pour construire une nouvelle Cruiserweight Division) mais qui installera la réputation d'un circuit indépendant américain tout-nouveau, et de sa meneuse La Ring of Honor.
Après ses premières tournées au Japon (notamment à la NJPW, sous les traits et le masque de The American Dragon) et sa victoire au King of Indies Tournament 2001 (l'événement qui inspirera Gabe Sapolzsky dans la fondation de la ROH) en Californie, Bryan Danielson débute comme l'un des trois "pères fondateurs" de la petite promotion de Philadelphie, faillant avec Christopher Daniels face à Low-Ki dans le Main-Event de The Era of Honor Begins .... Dès lors, sa route vers son nirvana insoupçonnée prit petit à petit la forme d'un des plus grands parcours de l'Histoire du catch. Contrairement au junkie Cobain et son je-m'en-foutisme dénonçant la tristesse de sa jeunesse dans les rues paumés d'Aberdeen pour en faire une carrière, Bryan ne se laisse pas abattre par les circonstances et ne cesse de s'améliorer et de travailler au son de pensées toujours plus positives les unes que les autres. C'est ainsi, que revenant du Japon en 2005 après le célèbre "Summer of Punk", il devient l'entraîneur #1 du ROH Dojo et empoche son premier et unique titre de champion du Monde de la Ring of Honor.
Le plus grand artiste de l'Histoire de la Ring of Honor
Si Samoa Joe puis CM Punk ont permis avant lui d'installer la réputation de la Ring of Honor comme promotion reine de la scène indépendante occidentale, c'est à Bryan Danielson que revient le crédit de l'avoir construite et établie comme la véritable alternative au produit type soap-opéra de la WWE. Pendant près d'un an et demi, celui qui en premier se surnommera 'The Best In The World' règne sans partage sur les rings de la ROH : co-record man du nombre de défenses de titres durant son règne, Bryan y a défendu sa ceinture contre une légion de talents - d'Austin Aries à Samoa Joe, de Roderick Strong à Chris Hero et des japonais de la Pro-Wrestling NOAH, KENTA et Naomichi Marufuji, au tout-juste retraité Lance Storm. Et c'est durant ce règne qu'il rencontre celui que l'Histoire retiendra comme son plus grand rival, Nigel McGuinness.
Jeune britannique parti aux Etats-Unis pour conquérir la WWE grâce à une taille et un physique avantageux, il s'est pourtant petit à petit converti au "catch-as-catch-can" européen et au "stiff style" nippon, faisant de lui le parfait adversaire pour le technicien "heel" classique qu'était Bryan. Ensemble, ils font les grandes heures de la Ring of Honor - dépassant même celles pourvoyés par la trilogie de Joe vs. Punk - à commencer par leur violent Unification Match (unifiant les titres de champion du Monde et de champion Pure, faisant suite à l'égalité en un-contre-un entre les deux hommes) d'Unified à Liverpool, le premier show international de la ROH. Champion de la PWG ou encore de la petite-soeur de la ROH, FIP, au même moment, Bryan réitère ce même chef d'oeuvre au Japon, en Allemagne, ou encore à New-York City pour le sixième anniversaire de la compagnie. Aussi s'embarque-t-il dans une autre rivalité internationale, mais aussi inter-promotionnelle, face au plus intense et doué des Junior Heavyweights japonais, KENTA (connu aujourd'hui à WE NXT sous le nom d'Hideo Itami). Pour le battre, 'The American Dragon' fait tous les écarts : c'est l'épaule démontée qu'il l'affronte dans un de leurs plus beaux combats, lors de Glory By Honor 2006 au Manhattan Center. Le même soir, son autre némésis, McGuinness, revenait d'un excellent affrontement face à Marufuji : "Vu son état, je m'étais dit qu'il aurait tout le mal du monde à dépasser ma performance. Mais quand je l'ai vu arriver sur le ring, plein d'énergie et de détermination, et quand j'ai vu avec quelle passion il luttait ce soir-là, j'ai su que jamais je ne serais à sa hauteur".
C'est en 2009 que ce parcours des plus grandioses s'achève, non seulement pour Bryan, mais aussi pour Nigel - tout deux prêts à continuer leurs carrières respectives dans la "big league" de Stamford. Chacun porteur de nombreuses blessures (que ce soit Bryan et son oeil gauche démoli par Takeshi Morishima ; ou Nigel et son crâne, à jamais endommagé, par Austin Aries lors de leur chef d'oeuvre surprenant de Rising Above 2007), c'est l'un face à l'autre, au cours d'un dernier classique, qu'ils dirent "au revoir" à la compagnie qui les a vu explosé et qu'ils ont aidé à installer dans le top 3 des plus grandes organisations de catch occidental. Malheureusement, tout ne sera par la suite aussi majestueux que ce dernier cadeau au catch indépendant : refusé pour raisons médicales par la WWE, Nigel McGuinness deviendra Desmond Wolfe à la TNA - débutant de la meilleure des manières contre un autre artiste, Kurt Angle, avant de subir les dommages collatéraux de l'ère Hogan-Bischoff et de tomber dans l'oubli et de raccrocher les bottes contre son gré. Séparés par le destin, les deux hommes (amis mais pas autant que Daniel l'était avec un certain Colt Cabana, par exemple) n'oublieront cependant jamais ce que l'un a fait pour l'autre : "Le soir où il a utilisé sa mallette du Money In The Bank pour remporter son premier titre de champion du Monde poids-lourd de la WWE", raconte Nigel McGuinnes, "il m'a envoyé un message - et Bryan n'est pas un 'telephone guy' - simplement pour me dire qu'il aurait tellement voulu que je sois à ses côtés pour partager ce moment avec lui".
Le héros dont la WWE ne voulait pas, mais le héros dont la WWE avait besoin
Neuf ans après son premier contact avec l'empire McMahon, Bryan Danielson devient Daniel Bryan sur les écrans de la première version de WWE NXT - un remplaçement pour le désastre nommé "WWECW", en un hybride de Tough Enough. Là, le prince du "indy pro-wrestling" est humilié, et réduit au plus rookie des rookies. Placé sous l'égide de son anti-thèse, The Miz, Bryan est l'un des premiers éliminés de la "compétition". Et quand sa première heure de gloire semble venir avec le carnage inaugural de The Nexus à RAW (en signe d'insurrection de toutes les humiliations que ces jeunes lutteurs avaient subis lors de cette première saison de NXT), Bryan se retrouve renvoyé dès le lendemain - et ce pour avoir choqué les programmateurs de USA Network, après avoir suivi les directions créatives de ses supérieurs, à savoir être le plus violent possible dans le dit carnage. Repris directement par son ancien patron Gabe Sapolszky, pour de brèves participations à la construction de ses nouvelles promotions (EVOLVE - dont le noyau de sa conception lui revient - et Dragon Gate : USA, où il offrira un excellent match contre Shingo Takagi à Enter The Dragon), il est ré-engagé sur demande publique pour SummerSlam 2010. Le premier signe de grandes choses similaires à venir sans doute ...
Contrairement à son rival McGuinness à son arrivée à la TNA, Daniel Bryan n'a pas de réels premiers pas faciles à Stamford et séjourne en milieu de carte pendant plusieurs temps : un soir il remporte le titre des Etats-Unis, l'autre sa défense de titre à WrestleMania est annulée ; un soir il empoche le Money In The Bank de Smackdown! (à la place de Wade Barrett), un autre il perd match-sur-match. Mis aux côtés des Bella Twins (un autre signe de choses à venir), puis de Gail Kim et d'AJ Lee, il construit un "heel-turn" puis arrive à accaparer la ceinture de champion du Monde (débutant son initiallement insupportable "Yes ! Yes ! Yes !"), avant de la perdre en 18 secondes à WrestleMania 28 (dans le même match annulé l'an passé). Mais, coup du destin, comme le disait l'une de ses plus grandes inspirations sur le ring, Chris Benoit : "Il y a parfois un sentiment de victoire, en pleine défaite". En effet, c'est grâce à cette gabegie que les fans en plus grand nombre commencent à se rallier à sa cause, reprenant amusement contre lui son chant "Yes !", en réponse à ses "No ! No ! No !". Débute alors une lente et progressive conquête du coeur du public, de la plus involontaire et (ipso facto) organique des manières.
Formant pendant un an le duo incongru et divertissant Team Hell No, Bryan devient un régulier de l'upper mid-card et obtient ainsi l'opportunité monumentale d'affronter l'incontesté #1 du roster, John Cena, dans le Main-Event du 'Mania estival, SummerSlam 2013. Là, et uniquement pour servir de tremplin au nouveau "heel-turn" de Randy Orton et The Authority, il est couronné champion de la WWE en conclusion d'un superbe Main-Event. Remplissant son rôle de "heat bringer" pour ce Randy Orton vendu lors de nombreuses arnaques et autres défaites, l'ancien 'Best In The World' et la WWE ne soupçonnent pas le raz-de-marrée qu'ils provoquent. Vince McMahon et Triple H ayant en tête de préparer au mieux le retour de Batista, en "face" dominateur pour affronter un "heel" le plus détesté possible, ils ne réalisent pas le monstre qu'ils sont en train de créer : contre toute attente de la part de l'exécutif, les fans se rebellent ardemment contre ces plans, se sentant trahis par la manière dont Bryan semblait avoir été finalement accepté au sommet de la compagnie, pour être réduit en simple chair à canon pour les vieux chouchous de 'The Game'. Cette vague de mécontentement couplée à un soutien aussi puissant pour Bryan, se retrouvera en amont de TLC 2013 (cf. lien plus haut), durant sa storyline aux côtés d'une grandissant Wyatt Family, et bien sûr du fiasco escompté du Royal Rumble 2014. Point d'ancrage du surnommé sur l'instant "Week When Wrestling Died" (car accompagné de la désertion de CM Punk), il en sera celui de la victoire finale des petites gens, fans et clients de la WWE, sur les décisions et envies des "Powers-That-Be", dans leurs Titan Towers.
"CM Punk et moi, nous n'étions pas supposés de réussir à ce point à la WWE. Il a des tatouages et pas d'abdos, et je suis 'trop petit' : en somme, nous sommes loin d'être des Superstars standards. En d'autres termes, nous ne devrions même pas être là où nous sommes aujourd'hui." - Daniel Bryan
Si, en juin 2011, CM Punk avait réussi à enclencher une tant-demandée nouvelle ère (celle des dernières heures du "kayfabe", celle d'une communauté jamais aussi forte et connectée, et d'un catch mondial dans un "boom" discret), c'est bien Daniel Bryan en 2014 qui a réussi à rallier tous ces nouveaux (ou revenants, réactivés) fans en leur donnant l'espoir, l'envie véritable de changer les choses, sans les forçer (que ce soit de sa part, ou de celle de Vince McMahon) et en les unissant pour atteindre le plus grand "Moment of Pop", ce "mark-out moment", de notre génération. Celui-là même, qui est arrivé à WrestleMania xXx, concluant l'un des plus grands événements de l'Histoire de la WWE et sans doute, le plus important du tout-jeune WWE Network. A cet instant précis (même après le choc de la défaite inattendue de The Undertaker, après 21 victoires consécutives à 'Mania), tout allait bien dans le meilleur des Mondes ... Seulement à cet instant.
Vers un "au revoir" difficile ...
Suivant la beauté de WrestleMania à la Nouvelle-Orléans, s'en sont suivis nombre d'obstacles - un "Final Countdown" des plus attristants. D'abord, prit d'un mal à la nuque et d'une commotion cérébrale, Bryan n'eut guère le temps de savourer son premier (et dernier) grand règne au sommet du Monde du catch ; puis, lors de son retour pour le Royal Rumble 2015, il sera devancé par le "monster push" du jeune et inexpérimenté Roman Reigns (résultant en un plus grand mécontentement qu'en 2014) ; avant, enfin, de remporter le titre (de consolation) de champion Inter-Continental à WrestleMania 31, débutant un règne arrêté abruptement deux semaines plus tard. Par la suite, Daniel Bryan ne sera plus revu en tenue de combat, et ne catchera plus ... et pour toujours, de toute évidence.
Durant sa courte carrière à la WWE et son interrompu séjour au sommet des sommets, Bryan Danielson a réussi à impacter et modeler, l'Histoire du catch, comme personne après 'Stone Cold' Steve Austin. Et non seulement cette grande Histoire, mais aussi notre histoire, notre génération, notre passion de fans de catch. Tel l'antique Bruno Sammartino et sa symapthie naturelle partagée par tant de new-yorkais, ce simple jeune originaire d'un village de bûcherons a réussi contre toute-attente, y compris de sa part, à changer son monde et le monde de tant d'autres. Comme Mick Foley avant lui (au même look de clochards), il a acquis une appréciation du public sans pareil, sans être l'emblême de réussite revendiqué par les dogmes de Vince McMahon, Kevin Dunn et d'autres (même extérieurs au Monde du catch !). Et, à l'instar de CM Punk juste avant lui, il a ouvert la voie à nombre de ses collègues en rendant possible le succès pour des techniciens de renoms, de promotions indépendantes telles la Ring of Honor, comme Seth Rollins, Cesaro, Finn Balor ou Sami Zayn (comme quoi, sans Bryan, NXT n'aurait jamais eu le succès dont il profite aujorud'hui), des catcheurs de talent ayant simplement une envie : celle de catcher, plus que tout au Monde.
Alors, à toi Bryan Danielson - le catcheur, mais aussi la personne en dehors des rings, si "animal-friendly", un peu nerd et si généreuse (comme on l'a constaté sur les écrans, avec Connor The Crusher) : au revoir et merci.
Le 07/02/2016
Il y a plusieurs mois, dans la saga inaugurale en quatre parties de Rétro sur l'Histoire complète du catch international publiée sur Catch Au Quotidien, j'écrivais en partie II :
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A la fin des années 1970s, le catch américain est dit à l’agonie, peinant à se faire remarquer et à
évoluer au même rythme qu’une télévision changeante. La National Wrestling Alliance (NWA) et
son système de « territoires » commencent à s’affaiblir alors que l’American Wrestling Association
(AWA) et la World (Wide) Wrestling Federation (W(W)WF) – des promotions émancipées de
l’égide de la NWA au début des années 1960s – grandissent.
Dominantes dans bien des régions des États-Unis (respectivement le « Mid-West », c’est-à-dire le
Minnesota, Chicago et jusqu’au Canada, et la Mégalopole – Washington, New-York, Baltimore et le
New-Jersey), ces fédérations indépendantes n’ont néanmoins pas l’avantage de leur concurrente :
une exposition télévisuelle nationale.
Via la « Superstation » de Ted Turner W-TBS et la Georgia Championship Wrestling (fédération
devenue programme TV, bientôt renommé World Championship Wrestling, ancêtre de l’entreprise
éponyme), la NWA a jusque là un avantage majeur. Reste donc à trouver un moyen de ralentir
l’expansion des deux autres entités avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela, la coalition régente du
catch mondial décide de faire appel à un certain Jim Crockett.
Successeur de son père à la direction de Mid-Atlantic Championship Wrestling, Jim Crockett Jr.
est l’un des seuls grands promoteurs restant au sein de la NWA, notamment grâce aux deux stars
montantes du pays Dusty Rhodes et Ric Flair. Si Championship Wrestling From Hollywood,
World-Class Championship Wrestling ou Mid-South Wrestling arrivent encore à se faire une place
dans les régions encore acquises à la NWA, ils n’ont ni l’attraction ni l’exposition qu’a Mid-Atlantic
via W-TBS.
Ainsi, tandis que l’AWA gère maladroitement sa nouvelle propriété – Hulk Hogan, version rouge et
jaune – et la WWF de Vince McMahon Jr. & Linda McMahon tente tant bien que mal de s’étendre,
Jim Crockett engage une rivalité qui va révolutionner un catch américain stagnant, et qui va
modeler le succès de Starrcade, le premier « super-show » de l’Histoire du catch. Divertissant à
souhait et charismatique homme du peuple devant les caméras, ‘The American Dream’ est derrière
la mise en place de ce grand projet, qui forgera la légende de la NWA et aidera un imminent
« boom » du catch américain.
Opposé à la flamboyante et arrogante rockstar qu’est ‘Nature Boy’ Ric Flair, Dusty Rhodes aide
Jim Crockett Promotions (JCP, constituées de Mid-Atlantic et d’autres territoires du Sud) à
amasser des millions.
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Derrière les caméras, c'est effectivement ainsi que s'est planifié le dernier chef d’œuvre de la NWA, et la pièce maîtresse des carrières de Ric Flair, Dusty Rhodes et des toutes les stars de second-plan qui y prendront part de 1983 à 1986.
Jeune costaud formé par Verne Gagne et Billy Robinson, Ric Flair débute sa longue et fructueuse carrière sous l'inspiration totale de la rock-star qu'est Dusty Rhodes, voulant y être associé à tout prix. Mais en 1975, après un violent accident d'avion en compagnie d'autres lutteurs de l'époque, il réalise qu'il doit être seul maître de son destin et se forger sa propre légende. Dès lors, il adepte un style plus technique, moins flamboyant et puissant, sur le ring et incarne ce qu'il deviendra hors caméra : « The Limousine Ridin', Jet Flyin', Kiss Stealin', Son of a Gun », le 'Nature Boy' Ric Flair.
Sur le long chemin qui l'amènera au premier Starrcade en 1983, il devient le champion international marathon, allant de villes en villes, de pays en pays, pour y défendre ses divers titres pour des matches de marathoniens. Et quand arrive le dit Starrcade, il bat une bonne fois pour toutes Harley Race, remportant un nouveau titre de champion du Monde et celui, tacite, de meilleur catcheur au Monde et roi incontesté de la NWA.
Ce soir-là, c'est bien Dusty Rhodes qui défiait le vainqueur de ce Main-Event de légende pour le prochain match de championnat – la grande saga était lancée.
Suite à sa conquête du dernier rempart de l'ère « old-school » de la NWA, Flair s'emballe, achetant maison sur maison, voiture sur voiture et plus encore – son propre jet privé ! Le personnage devient l'homme, lui-même accentuant le personnage qu'il veut dépeindre. Rhodes, à l'opposé, bien que toujours aussi charismatique, se veut la voix et muscles du peuple. Il est le chouchou des fans de « rasslin' », celui qui combat avec honneur et reverse toute sa gloire en gratitude au public. Le conflit n'en devient donc que plus naturel : le riche face au pauvre, l'arrogant contre le modeste ou encore le machiavélique leader des Four Horsemen aux prises avec le capitaine élu et respecté des vestiaires – tout cela, sur la base d'un simple champion vs. challenger des plus classiques.
A Starrcade '84, dans un Million Dollar Challenge Match pour le championnat du Monde poids-lourd, Ric Flair l'emporte par KO sur décision de l'arbitre spécial Joe Frazier après un simple saignement à l'arcade sourcilière du challenger. Un des premiers et désormais célèbres « Dusty finish » pour préparer la revanche à Starrcade 1985.
Malheureusement, ce soir-là aussi le résultat reste le même : suite à l'intervention d'Arn Anderson puis d'un deuxième arbitre, le gagnant du match Dusty Rhodes n'obtient pas la ceinture, restant sur les hanches de Ric Flair de manière controversée.
Reporté intentionnellement pour faire durer l'attente et l'anticipation, le point final de cette rivalité sanglante et peuplée se déroulera sur la tournée inaugurale phénoménale du Great American Bash '86, voyant 'The American Dream' vaincre 'The Nature Boy' sans aides ni obstacles, dans une cage d'acier au centre du Greensboro Coliseum. Et ce, mettant un terme à l'une des plus grandes sagas jamais programmées dans l'Histoire du catch – qui plus est, celle qui aura révélé Arn Anderson, Tully Blanchard, Magnum TA et les Road Warriors. Un modèle (pas souvent appliqué!) pour des décennies à venir !