G1 Special in USA : un petit pas pour la NJPW, un grand pas pour l'Histoire
Des mois qu'on l'attendait ce premier week-end de juillet, cette "toute-première" venue de la New-Japan Pro-Wrestling, seuleà l'affiche, sur le sol américain (Invasion Attack Tour 2012, everybody ? ... Pauvre MVP). Diffusées tant bien que mal en direct sur AXS TV (le diffuseur américain de la NJPW depuis 2-3 ans), ces deux soirées pré-G1 Climax 27 vont (cette fois) définitivement marquées l'histoire moderne de la compagnie nippone. Environ 2500 fans occidentaux chaque soir en seront tenus témoins à l'avenir. Une très rare défense de la ceinture poids-lourd IWGP (la première, me semble-t-il, depuis War of the Worlds 2014). La naissance d'un nouveau titre de champion, en préparation - si tout va bien - d'un nouveau territoire physique pour la New-Japan de l'autre côté du Pacifique. Mais surtout, les G1 Special in USA auront permis une exposition positive de premier ordre à la NJPW, son produit et ses stars. Et les amateurs présents auront su retransmettre une ambiance traditionnelle, sans oublier de faire entendre leur voix, soutenant ceux qui, pour eux, sont à même d'emmener la NJPW vers les hauteurs à l'internationale.
Retour sur l'ensemble des éléments, matches et personnalités qui auront composés ce premier réel pas vers la nouvelle guerre mondiale du monde du catch !
Une présentation en demi-teinte : commentaires, production et décor
La scène restait respectable pour l'ampleur relative de tels événements. Pas au niveau d'un "super-show" de la New-Japan, mais tout à fait à la hauteur d'un grand événement annuel de la Ring of Honor, avec lumières, titantron et pyrotechnies (take that, WWE !) en prime. La longue rampe d'entrée et le passage sur le côté pour les perdants, que l'on peut retrouver à la NJPW, étaient des détails bienvenus pour accentuer le fait que le spectacle était bien signée "NJPW" et rien d'autre.
Quant à l'emballage, cette fois télévisuelle, proposé par AXS TV (avec assistance, par moments comme on le voit dans certains plans de caméra, par l'équipe-caméra de la NJPW), il était - il faut l'admettre - très bancal. Les bandeaux pour les noms n'étaient pas adéquats, quand ils se montraient. Le son des micros, digne d'un show indépendant local. Enfin, sur le montage en direct, les plans de fans à la WWE circa 2016-2017 trahissaient l'essence du produit pro-sport/catch pur de la NJPW, focalisé sur le ring et rien d'autre. Surtout que certains de ces plans allaient à l'encontre de l'action ou, parfois, de la présentation des catcheurs. Néanmoins, on retiendra les replays (souvent absents des shows de la New-Japan) et ralentis bien amenés.
Pour finir sur ses aspects de présentation, j'avoue avoir été déçus de ne pas entendre le duo aujourd'hui très fonctionnel Don Callis & Kevin Kelly. Cela peut paraître fou, mais l'ex-champion UFC Josh Barnett & Jim Ross (duo aux commentaires de NJPW on AXS TV) n'étaient bien souvent pas à la hauteur de la tâche. Bûtant maladroitement sur leurs phrases, répétant les mêmes choses un show sur l'autre, en retard sur certaines "storylines", ils étaient majoritairement à la ramasse en dehors des grands matches ...
Une qualité de matches très inégale, mais solide dans l'ensemble
... un sentiment de balancier qui se retrouvait tout au long du déroulement des deux shows, par ailleurs. Aux cartes très fournies en talents, proposant pourtant des matches de championnat et un tournoi rondement mené, les deux soirées de ces G1 Special in USA n'arrêtaient pas de jongler entre affrontements sérieux et dignes du meilleur que puisse offrir la NJPW, et rencontres de "house shows" sans enjeux ou particulière combattivité.
Jouer avec les réactions des fans comme l'ont fait Cody Rhodes et Marty Scurll dans le 8-Man Tag Match le second soir peut être divertissant, mais détonnait peut-être trop avec le reste de la soirée. On sentait que le "booking" hésitait à ravir les fans sur place ou à faire de ses deux soirées des équivalents de "Special Events"/Pay-Per-Views pour la WWE - certes médiocres, mais concentrés en terme d'obejctifs et d'identités de produit, à savoir à enjeux sérieux et importances historiques solennelles.
Fort heureusement, Kenny Omega, Tomohiro Ishii et consors nous auront offerts des performances dignes de leurs valeurs. Le 8-Man Single-Elimination Tournament n'aura eu aucun point faible, et Kazuchika Okada aura réussi à faire sortir une grande performance de Cody Rhodes, tous deux jouant parfaitement sur le suspense entourant la décision finale (avec des petits échos à Okada-Omega II, bien amenés).
Afin de ne pas trop m'étaler sur tous ses grands matches proposés au cours de ce week-end, voici un petit classement rapide :
1 | Kenny Omega vs. Tomohiro Ishii |
2 | Kenny Omega vs. Michael Elgin |
3 | Tomohiro Ishii vs. Tetsuya Naito |
4 | Kazuchika Okada vs. Cody Rhodes |
5 | Kenny Omega vs. Jay Lethal |
6 | Tomohiro Ishii vs. Zack Sabre Jr. |
7 | The Young Bucks vs. RPG Vice |
8 | Zack Sabre Jr. vs. Juice Robinson |
9 | War Machine vs. GoD |
10 | Team CMLL, Jay White & Juice Robinson vs. LIJ |
Les fans sont venus, ils ont ciblé et ils se feront entendre !
En entrant dans ce fameux week-end, de nombreux fans de la NJPW craignaient qu'un règne ne prenne fin trop tôt, et au profit de la mauvaise personne. Focalisée sur sa nouvelle étape d'expansion en Occident, la NJPW avait programmé Okada vs. Cody Rhodes pour le titre de champion poids-lourd IWGP et semblait prête à filer le bébé à l'ex-WWE. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas, mais que de suspens et surtout que de ferveur à l'égard du champion défendant, de la part du public américain. Ce dernier a traité Cody comme un vrai étranger, venu réclamé le succès mérité par l'invincible "golden-boy" de la New-Japan, acclamé et soutenu comme jamais. Le tout formant une atmosphère de tension, sur laquelle Okada et Cody ont eu vite fait de capitaliser pour accentuer le suspense de la situation.
De la même façon, Billy Gunn (en compagnie de "no one's boy" Yoshi Tastu) aura été violemment rejeté par ses compatriotes, aucunement venus pour soutenir un "nostalgia act". En conséquence, 'Mr. Ass' l'aura joué complètement "heel" presque de bout en bout du week-end ... jusqu'à respectueusement salué la victoire du grand Hiroshi Tanahashi (lui aussi, accueilli comme un roi ... pourtant venu avec une "replica belt" de sa ceinture Inter-Continental réparée), en conclusion de leur solide match de championnat Inter-Continental.
Deux réactions sans doute choquantes pour la direction de la NJPW, qui avaient misés sur l'attrait local de certaines de ses stars, mais du moins indicatives de l'efficacité du "booking" de ses Main-Eventers et autres stars en plein "push" (telles Hiromu Takahashi, KUSHIDA, Tetsuya Naito ou même Juice Robinson). De fait, le public japonais généralement se montre modestement indifférents pour signifier son rejet - préférant juste s'exclamer de satisfaction. A contrario, les fans américains acclament aussi bien qu'ils huent, ceux pour quoi ils sont contres. Dans cette optique, les instances supérieures de la NJPW ont pu constater de l'inefficacité, par exemple, d'un Cody Rhodes en Main-Event, et pourront donc prendre acte du fait lors de la prochaine dissolution du Bullet Club ...
Retour en 2018, Kenny Omega et divorce progressif avec la ROH
Car ici réside l'étape historique latente que constitueront à l'avenir ses G1 Special in USA. De nombreuses graines de dissension entre les deux fortes têtes du Bullet Club, stars de ce week-end : Cody Rhodes, "l'outsider" vedettisé mais rejetté par le public, et Kenny Omega, le preneur de trône et conquérant du monde du catch, peut-être sur le départ l'an prochain. Si la NJPW a bien fait ne pas avoir confié tout de suite la place de "top-gaijin" à Cody Rhodes, que devrait-il advenir malgré tout de Kenny Omega ?
Quasi-complet "babyface" désormais, et détenteur de son lot de consolation (temporairement ?), Kenny Omega devrait dans la logique des choses bientôt remplacer ce dernier par son véritable trophée - celui d'IWGP Heavyweight Champion. Cody n'est en effet pas à la hauteur du tout, et le règne d'Okada - bien qu'excellent à tous les niveaux - s'essouffle. Ainsi, le futur du nouveau championnat US paraît aussi incertainement que la direction que prendra Omega dans les prochains mois ... Qui pourra bien le porter au même niveau que lui, une fois qu'il l'aura perdu ? Comment ne peut-il pas défaire Okada à l'avenir ? Comment le Bullet Club survivra une fois dissolue, ou simplement après son départ éventuel ?
... Et comment la NJPW pourrait s'en sortir sans lui, à son retour annoncé aux States en 2018 ? En effet, après avoir sur-exploité une Ring of Honor de plus en plus générique, la promotion-reine du Japon ne la traite aujourd'hui plus comme un partenaire privilégié, en égal à égal, mais comme une simple alliée internationale de plus. La ROH et ses talents ne sont plus que des bouche-trous pour la NJPW, qui désormais a véritablement réussi à faire son trou (justement) sur son propre territoire. Aujourd'hui, il faut l'avouer, la ROH ne sert plus vraiment à grand-chose à la NJPW ... Et cela, risque de coûter grandement à cette promotion américaine qui, depuis quelques années, capitalisait énormément sur cette alliance privilégiée.
Alors que la NJPW entre tranquillement dans sa période la plus florissante de l'année, bien aidée par un G1 Climax 27 des plus impressionnants en perspective, le nouveau monde du catch se profile de plus en plus. La guerre mondiale entre WWE et NJPW se centralise de plus en plus, entre ses deux pôles, laissant le reste à leurs côtés ou sur les côtés. Qu'on se le dise : deux grandes puissances se partagent aujourd'hui la quasi-entièreté du monde du catch !
PS :
- Jay White, fort de son "break-out match" contre Will Ospreay, s'est vu offrir deux victoires, sans grande performance de sa part. Avec de tels cadeaux, ça sent un gros "push" pour lui, à son retour à Tokyo ! (Chase Owens, son cadeau à lui, fut d'avoir été présent devant la caméra !)
- Comme pour rappeler maladroitement le grand nombre d'absents (outre les Minoru Suzuki, Yuji Nagata et Tiger Mask W/Kota Ibushi, je pense notamment à Davey-Boy Smith Jr. qui aurait été un parfait remplacement pour Billy Gunn, face à Tanahashi !), Ricochet est apparu comme un cheveu sur la soupe, pour mettre en avant Ryusuke Taguchi .... et en a profité pour "shooter" sur la Lucha Underground (dont les conditions contractuelles l'ont sans doute empêché d'apparaître sur AXS TV)
- Certes, il n'y avait pas assez de "spotlights" pour tout le monde, mais quel dommage d'avoir autant délaissé des stars comme Tetsuya Naito (dernier du quatuor de Main-Eventers de la NJPW actuellement, pas aussi bien traité que les trois autres au cours du week-end) ou Will Ospreay, très populaire auprès des fans occidentaux ...
- Quelle étrange moment que cet après-match entre les Young Bucks et RPG Vice. Trent Barretta est-il vraiment prêt/fait pour la division poids-lourd ? (Cela dit, un Suzuki vs. Barretta, pour le titre NEVER, pour bien commencer, donne envie) Est-ce vraiment la fin pour Rocky Romero, qui est pourtant encore en grande forme ?!
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