TNA World Title Series : Le remède pour sauver Impact Wrestling ?
Préface : Hier soir, même en l'absence de Lucha Underground, la jeune et discrète Wednesday Night War a continué. D'un côté, le WWE Network présentait son deuxième 'Live Special Event' en moins d'une semaine, NXT TakeOver : Respect. 2h30 de pur bonheur pour un fan de catch, et surtout des miliers d'abonnés ayant anticipé l'émotionnelle revanche de Bayley vs. Sasha Banks dans le premier Iron Woman Match (et accessoirement, Main-Event de la soirée) de l'Histoire de la WWE. De l'autre, sur la petite et déjà dégoûtée du catch Destination America, la TNA proposait un Impact Wrestling post-Bound For Glory 2015 un peu particulier, mais tout aussi intéressant et chargé d'actions.
"Less Bullshit. More Wrestling" - Indeed !
Depuis la fin des dernières nombreuses sessions d'enregistrements TV de juin-juillet dernier, la TNA a de nouveau repris la mauvaise habitude de n'apparaître que dans la partie négative de l'actualité, flirtant sans consentement avec des rumeurs de plus en plus apocalyptiques (lesquelles m'ont même inspiré l'écriture de "TNA's Final Impact", c'est vous dire !). Pourtant, préparant progressivement et discrètement le terrain, Dixie Carter & Cie avaient bien prévus leur coup. Sur les écrans d'Impact Wrestling, les fans dubitatifs de l'avenir de l'entreprise même assistaient à une guerre inter-promotionnelle accélérée entre les forces de la TNA et de la Global-Force Wrestling de Jeff Jarrett - fondateur effacé devenu revenant nostalgique puis traître envahisseur en seulement quelques semaines - puis un très maigre "build-up" pour un Live Pay-Per-View au pays des Hardy Boyz. Une localisation qui n'aura pas du tout été choisi au hasard, d'ailleurs ...
Evénement oscillant entre problèmes techniques, angles inutiles et maladroits et catch de solide qualité, cette édition 2015 de Bound For Glory aura surtout été le théâtre (donc, finalement et contre toute attente, prévu à l'avance !) du déclenchement officiel de l'ère Billy Corgan, définitivement au sommet créatif aujourd'hui (pourquoi, d'après vous, l'ex-Jay Bradley devenu Aiden O'Shea est de retour ?). En effet, le nouveau Senior Producer vedette d'Impact Wrestling et leader des Smashing Pumkins, bien connu de la pop-culture occidental, a enfin montré son vrai visage cette semaine. Auparavant simple conseiller (et curieusement, auteur de l'introduction d'Earl Hebner au TNA Hall of Fame), Corgan est désormais présenté au côté de la Présidente Dixie Carter, à l'écran, en parallèle de son apparente prise de pouvoir scénaristique. Autrement dit, c'est sûrement l'ex-patron de la RESISTANCE Pro qui est à l'origine des plans préparés pendant l'été et qui portent leurs fruits désormais, lesquels sont apparus suite à la succession de rebondissements scénaristiques suivante.
Suite au couronnement de Matt Hardy dans le Main-Event de BFG 2015 (un Triple Threat Match comprenant aussi le champion du Monde poids-lourd, Ethan Carter III, le véritable challenger #1 Drew Galloway et l'arbitre spécial Jeff Hardy), pour le plus grand plaisir de ses fans locaux (d'où l'absence de coïncidence quant à la localisation du show), EC3 a joué son personnage de "heel" riche et influent à la perfection en faisant passer une injonction judiciaire contre Dixie Carter, Matt et Jeff Hardy énonçant un complot contre lui amenant à une victoire par favoritisme.
Pour contrer cela (c'est-à-dire l'absence des rings pour les Hardy Boyz et, par conséquent, celle du titre de champion du Monde poids-lourd de la TNA jusqu'à nouvel ordre), Matt a décidé de rendre son titre fraîchement remporté vacant, annulant l'injonction dans un acte d'abnégation jamais vu de la part d'un "babyface" de nos jours (lequel n'avait, de plus, pas vraiment mérité cette stature au détriment de talents plus utiles comme EC3 ou Drew Galloway - un sentiment qu'avait donc bien anticipé la TNA qui l'a utilisé à son avantage).
Profitant de ce nouveau dénouement, Dixie et Billy Corgan ont, pour finir, conjointement annoncé la tenue d'un énorme tournoi ayant lieu jusqu'à la fin de l'année et dans lequel 32 lutteur(se)s tenteront de remporter le titre Mondial vacant. Ainsi ont été créées les TNA World Title Series, débutées hier soir sur Impact Wrestling.
Apeurant jusque là ses fans par le manque de nouveaux enregistrements TV entre BFG et le Maximum Impact UK Tour 8 (n'ayant annoncé qu'une "tournée médiatique" pour sa venue en Inde fin novembre-début décembre), la TNA avait donc finalement tout prévu, une planification jamais vue de sa part, grâce à l'ingéniosité insoupçonnée de Billy Corgan. Car avec ce massif tournoi arrangé sur plusieurs mois, la TNA a de quoi proposé une unique série d'épisodes d'Impact Wrestling chargé d'enjeux compétitifs et déchargé de scénarios maladroits et poussifs comme on en avait jusque là l'habitude sur les ondes d'Impact ou de WWE RAW.
Revenant à ce qu'elle sait faire de mieux - de "l'action totale non-stop" - avec le peu qu'elle a de nos jours, la TNA se permet ainsi de construire au mieux son avenir, dont le devenir reste brumeux passé février 2016, tout en proposant à ses fans un show réellement alternatif et à une forte valeure in-ring comme tant de fois suggérée par des critiques comme le légendaire Jim Ross.
Ce tournoi, qui plus est, révolutionne la façon d'aborder la compétition "catchesque" au sein du "kayfabe". En apparence, d'abord, il allie l'imposante structure du prestigieux G1 Climax de la New-Japan Pro-Wrestling, et le passif de ses propres Bound For Glory Series. Et en substance, il verra 8 groupes (porteurs d'un thème bien identifiable, les premiers étant : Group UK, Group Champions, Group Knockouts et Group Wildcard) de 4 lutteurs chacun s'affrontant selon les règles du Round-Robin. Les 16 meilleurs de ses groupes au terme de cette partie de la compétition s'affronteront ensuite au cours d'un tournoi classique à simple élimination dont le vainqueur deviendra détenteur incontesté du titre de champion du Monde poids-lourd de la TNA. Une complexité admirable complimentée par les plus grands bookers, tel Gabe Sapolszky (patron d'EVOLVE, spécialisée dans le catch hybride, et cofondateur de la Ring of Honor) : "Le taux de planning qui a dû aller avec l'établissement de ses TNA World Title Series est extraordinaire. Très intéressé de voir tout cela se dérouler à l'écran".
Comportant tout type de lutteurs du roster - en particulier des Knockouts, une première pour un tournoi de cette envergure, pour un tel enjeu, dans une grande compagnie américaine (#DivasRevolution ? Plus vraiment convaincu ...) - cette compétition a été, en plus, entièrement (ou presque) enregistré préalablement à sa diffusion, comptant comme un simple ensemble de matches pour des One Night Only PPVs quelconques (les résultats sont donc d'ores et déjà connus) (profitant donc de la présence encore accessible de luteurs stars comme Austin Aries ou James Storm). Un avantage certain, ayant donc requis un énorme travail à l'avance, pour une compagnie qui doit désormais pleinement se focaliser sur sa future place sur le marché américain, une fois de plus.
... A SUIVRE : Prochainement sur The Alt, un article spécial sur les meilleures storylines de l'Histoire du catch sera publiée. Parce que le catch compétitif s'est bien, mais le catch scénarisé c'est parfois encore mieux !