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Billet d'humeur : Quelle utilité au IWGP US Championship ?
Le 16/05/2017
* Ce billet d'humeur est une remise en page de réponses à une question posée sur ask.fm/Felixtaker *
Comme annoncé juste avant NJPW/ROH War of The Worlds 2017 (PPV) au Hammerstein Ballroom, la NJPW va bientôt inaugurer le championnat américain IWGP. Le premier champion sera le vainqueur d'un tournoi type round-robin, organisé à l'occasion des deux soirées NJPW G1 Special in USA début juillet en Californie.
La création d'un tel titre (imitant clairement, à la fois l'Universal Championsip et l'UK Championship de la WWE) me semble assez excessive et peu subtile - de la part d'une NJPW qui, jusque là, a toujours su l'être dans sa nouvelle guerre face à la WWE.
Néanmoins, si elle ne l'installe que comme le prix spécifiquement attaché à son nouveau territoire américain en préparation - comme l'était l'Open The Freedom Gate Championship à la DG:USA, pour la Dragon Gate, ou l'est désormais l'United Kingdom Championship pour le show anglais du WWE Network - et ne l'utilise dans son "main-roster" qu'à de grandes occasions comme DOMINION ou WrestleKingdom, pourquoi pas.
A contrario, s'il ne devient qu'un titre de plus dans une liste déjà assez lourde (et que la NJPW n'a seulement apprise à la maîtriser complètement qu'il y a peu), ce titre et sa fonction n'aura aucune espèce de sens. Son existence sera même au détriment du bon équilibre du reste, tant il n'est pas facile de gérer correctement, avec justesse, autant de titres.
Aussi, peut-être que ces G1 Special in USA n'étaient pas la meilleure occasion pour l'inaugurer. Les fans ne veulent pas y voir un autre doublet NJPW/ROH, mais des matches préludes au G1 Climax et des matches de championnat majeurs. Un show NJPW typique, mais sur le sol américain. Or, ils sont déjà "sold-out" sur cette simple promesse, ce n'était pas la peine d'en rajouter - surtout si c'est pour réduire la place au côté "typique" des shows ...
Sans doute aurait-il mieux fallu s'en servir comme d'un argument pour un retour aux USA, pourquoi pas post-G1 - dans des villes comme Chicago ou NYC, comme c'est pressenti par certains. Là, une telle "innovation" aurait fait sens : 1) en se démarquant des dits doublets qui ont lieu habituellement de ce côté là des Etats-Unis ; 2) en n'interférant pas avec la "hype" pro-New-Japan du G1 Climax ; 3) en redonnant uen raison à certains spectateurs des G1 Special in USA d'assister à de tels nouveaux shows - où une certaine histoire y serait écrite.
Enfin, quant à son prochain éventuel premier champion, cette ceinture semble avoir été faite pour être portée par Cody Rhodes. Et si, comme j'aimerais à le penser, il y a dissolution partielle du Bullet Club bientôt, avec Cody comme nouveau leader (avec défection (forcée) de The Elite, d'Omega et les Bucks), cela continuerait à l'installer comme une figure importante de l'expansion occidentale de la NJPW. Surtout pur lui, un catcheur solide et charismatique mais qui est loin du niveau hyper-élevé in-ring d'un Okada ou Omega (et encore, s'ils n'avaient que ça), peut-être ce qui compte le plus à la traditionnaliste New-Japan. Quoi qu'il arrive, ce sera toujours mieux que MVP - champion Inter-Continental IWGP inaugural, sensé permettre l'implatation de la NJPW aux Etats-Unis en 2011 ...
Malgré tout, ces erreurs tactiques possibles ne devraient pas ternir aux éclatantes et historiques soirées que seront les G1 Special in USA !
Back To The Past #12 : TNA The Whole F'n Show (2010)
Le 08/05/2017
* Ne manquez pas la sortie de la prochaine chronique, grâce à la page Facebook de Back To The Past*
Après avoir évoqué l'excellent No Way Out 2001 la dernière fois, nous nous retrouvons ce mois ci pour un nouveau Back To The Past, douzième du nom. Pour les nouveaux lecteurs, le but de cette chronique est d'analyser des Pay-Per-Views (PPV) de catch, toutes époques et toutes fédérations confondues. Nous quittons l'univers de la WWE pour cette fois-ci, puisque nous allons parler de TNA : The Whole F'n Show 2010.
A propos du PPV
The Whole F'n Show s'est déroulé le 12 Août 2010 dans la très célèbre « Impact Zone » véritable temple de la TNA depuis 2004, situé à Orlando en Floride. Il s'agit d'un show plutôt spécial, puisqu'il ne s'agit pas d'un PPV, mais plutôt d'un show hebdomadaire de la TNA. Mais pourquoi en parler me direz-vous ? Et bien parce que la carte proposée gratuitement à la télévision américaine était initialement prévue pour le PPV Hardcore Justice qui s'était déroulé 4 jours plus tôt. Seulement, toute la carte a été changée pour finalement accueillir les anciennes gloires de la ECW. Les matchs prévus pour le show de départ ont donc été reportés à l'édition suivante d'iMPACT ! (aujourd'hui Impact Wrestling) afin de nous offrir un « weekly » de qualité. Le nom donné à l'événement fait référence à Rob Van Dam, la nouvelle star de la TNA arrivée 5 mois plus tôt. De plus, 1,5 millions de personnes étaient devant leur téléviseur (une audience importante, pour la TNA), ainsi que près de 1400 personnes étaient présentes dans une Impact Zone comble.
Avant de passer au vif du sujet et de développer un peu plus à propos de ce show, regardons les résultats de cet événement :
- Kurt Angle b. AJ Styles
- Angelina Love b. Madison Rayne © pour devenir la nouvelle championne féminine de la TNA.
- Matt Morgan b. D'Angelo Dinero et Mr. Anderson
- Jeff Hardy b. Shannon Moore dans un Open Challenge.
- The Motor City Machine Guns (Chris Sabin & Alex Shelley) © b. Beer Money, Inc. (Bobby Roode & James Storm) pour conserver leurs titres par équipe dans un 2 out of 3 falls match.
- Rob Van Dam © b. Abyss dans un « Stairway To Janice Ladder Match » pour conserver son titre de champion du monde.
Voyons tout de suite si le spectacle a été au rendez-vous.
Le match par match
La soirée commence sans plus attendre avec un match de rêve opposant l'excellent AJ Styles, face au médaillé d'or des Jeux Olympiques d'Atlanta 1996, Kurt Angle, remettant sa carrière en jeu lors de ce match.
Quoi de mieux pour commencer un événement qu'un classique entre ces deux excellents lutteurs, tous deux à la WWE actuellement.
Le match à tenu toutes ses promesses. On savait pertinemment que les deux hommes fonctionnaient très bien ensemble, comme le prouve leur excellent match lors de Genesis 2010 plus tôt dans l'année. On pourrait penser que le match à été raccourci pour pouvoir rentrer dans le format de 1h30 propre aux shows hebdomadaires de la TNA. En effet, le match à duré seulement 8 petites minutes. Mais il s'agissait de 8 minutes d'une intensité rare. Le match s'est très rapidement emballé, nous offrant de nombreux contres et enchaînements parfaitement exécutés. Il y avait peu de temps morts et pas de place pour l'ennui. Kurt Angle s'en sort victorieux et sauve ainsi sa carrière à la TNA. C'était un match très convainquant en somme, qui récolte la note amplement méritée de 3,75/5 par Dave Meltzer. Cet affrontement était donc un excellent moyen de débuter la soirée.
La soirée continue avec un match opposant Angelina Love, face à la championne des Knockouts, Madison Rayne
Il n'y a pas grand-chose à retenir de ce match, puisqu'il a été très court. On retiendra l'apparition d'une mystérieuse femme casquée pilotant une moto, qui favorisait Madison Rayne dans tous ces matchs. Mais Velvet Sky a finalement réussi à renverser la balance pour permettre à son amie de remporter le titre féminin. On apprendra quelques temps plus tard que la mystérieuse femme était en réalité Tara, également connue sous le nom de Victoria à la WWE.
Le match suivant opposait Matt Morgan, face à D'Angelo Dinero (anciennement Elijah Burke à la WWE) et Mr. Anderson aussi connu sous le nom de Mr. Kennedy à la WWE dans un triple threat match.
Encore un match très court, sans doute raccourci par rapport à la durée réduite du show. Il n'y a pas grand-chose à retenir si ce n'est la victoire sans forcer de Matt Morgan, qui conforte son rôle de « heel » après avoir trahi son ancien partenaire par équipe Hernandez quelques semaines auparavant.
Nous poursuivons avec un Open Challenge lancé par Jeff Hardy. En effet, n'importe qui pouvait se mesurer à lui et c'est finalement son ami de longue date, Shannon Moore qui à répondu à l'appel.
Ce match – opposant les deux amis – était un affrontement très convenable. Un combat certes classique mais plutôt plaisant et efficace. On peut y retrouver le schéma classique du match de catch, mais qui s'avère toujours être payant. Au final, on y observe un Shannon Moore très convainquant avec des prises bien exécutées, et un Jeff Hardy fidèle à lui même. Un bon match en somme, nous permettant de bien continuer la soirée.
Nous passons ensuite aux choses sérieuses avec le match opposant les Motor City Machine Guns alors champions par équipe, face à Beer Money. Il s'agit du tout dernier match d'une série de 5 matchs. En effet, les deux équipes se sont affrontées sur une série de matchs, s'étalant sur plusieurs semaines. Celles-ci en étaient restées à 2-2 avant le match de ce soir. La 5ème manche va donc départager les deux équipes dans un match au meilleur des 3 manches.

Faisons tout d'abord le tour des protagonistes qui composent ce match. D'un côté Beer Money, une équipe que l'on ne présente plus, et multiple fois championne par équipe au sein de la TNA. De l'autre, les Motor City Machine Guns, équipe composée de deux lutteurs extrêmement rapides et aériens, et dont leur travail par équipe a fait leur réputation. On a donc deux excellentes équipes face à face. Alors le match a-t-il été à la hauteur de l'affiche ? Et bien c'est un grand oui, car le match était tout simplement exceptionnel. Dès les toutes premières secondes, la rencontre s'est rapidement emballée. Cela partait de tous les côtés, on se savait plus où regarder. C'était un réel plaisir de suivre les différents mouvements effectués par les deux équipes. L'opposition de style entre les deux équipes était intéressante, ce qui nous a offert un combat parfaitement équilibré et varié, de quoi alterner les plaisirs. De plus, l'affrontement à été particulièrement bien construit. L'idée de rendre difficile l'acquisition de la victoire pour les « MCMG » avec l'utilisation de deux prises de finition successives sur Beer Money, a permis de ne pas décrédibiliser ces derniers. Finalement, ce match était de loin le meilleur de la soirée, et sans doute le meilleur match par équipe que j'ai eu l'occasion de voir ces derniers temps. Ainsi, cette bataille obtient un 4,5/5 largement justifié de la part de Dave Meltzer.
La soirée se termine avec un match opposant Rob Van Dam et Abyss pour le titre de champion du monde poids lourd de la TNA dans un « Stairway To Janice Ladder Match ». C'est une stipulation assez unique puisque c'est la seule fois que ce type de match a eu lieu à la TNA. Expliquons rapidement les règles : Il s'agit d'un match qui se déroule en 2 temps. Dans une première partie, les lutteurs doivent récupérer un objet suspendu au dessus du ring, en l’occurrence ici Janice, l'arme favorite de Abyss. Une fois l'objet récupéré, le seul moyen de remporter le match est par tombé ou soumission. Un autre match de ce type à eu lieu à la WWE en 2011 lors de TLC, opposant Triple H à Kevin Nash.
Le match entre les deux lutteurs était un très bon match dans l'ensemble. Doté d'un rythme surprenant, l'affrontement a su convaincre, avec notamment des « spots » plus violents les uns que les autres. Car oui, l'affrontement entre les deux protagonistes était plutôt violent. Forcément, puisque Abyss est impliqué. En effet, ce dernier nous a apporté tout son matériel de torture, tel que des planches de fils barbelés, du verre des punaises, et autres. Mais finalement, tous ces objets se sont retournés contre lui dans des séquences toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. On se souviendra du Powerbomb de Rob Van Dam sur le ring recouvert de punaises et de verre, ainsi que du « Coast To Coast » de ce dernier sur un Abyss pris au piège entre le coin du ring en une planche de fils barbelés. C'était donc un bon match pour conclure la soirée.
A la fin de cette rencontre, Hulk Hogan fit son entrée pour rendre hommage aux lutteurs de la ECW ayant participé à Hardcore Justice 2010 4 jours plus tôt. Après que la plupart d'entre soient arrivés sur le ring, les stars de la TNA ont attaqué très violemment celles de l'ancienne ECW, en revendiquant que ces dernières avaient volé leur place au sein de la compagnie. Malheureusement, la fin de soirée fut tragique pour Rob Van Dam, puisqu'on le retrouva immaculé de litres de sang dans les vestiaires, attaqué par Abyss avec la fameuse Janice. Étant blessé, Rob Van Dam laissa son titre vacant jusqu’à Bound For Glory 2010, où Jeff Hardy remporta un triple threat match face à Kurt Angle et Mr. Anderson. Cette soirée sera notamment marquée par le « heel turn » du nouveau champion à la plus grande surprise de tous.
Conclusions
Ce Whole F'n Show de la TNA était en somme un excellent show hebdomadaire, nous offrant de très belles rencontres déjà précédemment citées. Je vous conseille évidemment de voir le match par équipe si vous ne l'avez jamais vu. On ne pourra pas reprocher à certains matchs d'être inutiles et courts, car il a fallu sans doute réduire le temps des affrontements pour les faire rentrer dans le format de l'émission. Les matchs se sont enchaînés sans temps morts et cela à donné une bonne ligne directrice au show, de quoi nous donner un très bon événement. De plus, le segment final aura conclu l'événement dans un chaos total, de quoi nous offrir une bonne rivalité par la suite. On remarquera quand même l'exagération de la blessure de Rob Van Dam, bien que cet angle soit tout aussi intéressant pour construire une rivalité face à Abyss.
Voilà, c'est tout pour cette douzième édition de Back To The Past. On se donne rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle analyse surprise.
Catch Bolivien : Quand les femmes combattent racisme et sexisme sur le ring
Le 12/04/2017

Le monde du catch est divisé en trois pôles majeurs : les Etats-Unis, propriété officieuse de la WWE ; le Japon, dominé par la NJPW notamment ; et le Mexique, partagé entre la traditionnelle CMLL et la plus moderne AAA. Chacun de ces pôles comporte des caractéristiques spécifiques et des attraits différents, et chacun a influencé ou influence le développement du catch dans d'autres pays. Le catch américain s'est répandu au Canada et à Porto-Rico, et sert aujourd'hui de modèle à la remontée fulgurante du catch britannique (et européen en général, pour ne pas oublier l'allemande wXw). En plus de quoi, il sert de base à des petites promotions traditionnels ou éphémères s'étendant de la France à Hong-Kong, en passant par l'Italie, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Le Puroresu nippon, quant à lui, reste majoritairement inhérent à son pays d'origine. La Lucha Libre latine a, elle, su conquérir toute l'Amérique du Sud, en particulier le Brésil et le Chili. Néanmoins, depuis une quinzaine d'années, c'est en Bolivie qu'est né un nouveau genre de catch, mélangeant Lucha "old-school" et progrès social. Un catch féminin qui ne cesse de briser les stéréotypes en dehors du ring - une vraie "women's revolution" !
A l'aube des années 2000s, alors que le catch mexicain et le catch américain (majoritairement celui de la WWF/E) se démocratisent à la télévision, le catch local de Bolivie peine à remplir continuellement ses salles. Juan Mamani, promoteur de Titanes del Ring à Alto, en banlieue de La Paz, décide de tenter l'innovation : il introduit du catch féminin au menu, mais pas n'importe lequel. Il engage et entraîne des femmes d'ethnies indigènes, Aymaras ou Quechuas, que les boliviens nomment crudement "cholitas", les "métissées". Si la récompense n'est pas glorieuse (l'équivalent de quelques dollars pour un combat deux fois par semaine), l'idée est bonne et fonctionne. Le public d'Alto, majoritairement pauvre, revient en masse pour voir ces combats de chiffonnières - "rudas" (les méchantes) contre "tecnicas" (les gentilles) - en robes traditionnelles (les "polleras"). Pour les Cholitas, c'est une façon d'être vues comme plus qu'une "métisse", et de surpasser ce racisme quotidien. En somme, elles permettent de véhiculer aux autres femmes, dans les gradins, un message fort : une femme peut avoir des ambitions, s'imposer et surtout une femme peut se défendre, y compris contre les hommes. Une leçon importante pour un pays qui a attendu mars 2013 pour punir comme il se doit la violence domestique faite aux femmes.
Suite à ce phénomène du "Cholita Wrestling", le terme "cholita" est ainsi passé d'insulte raciste et sexiste du langage courant, à une qualification valorisante voire inspirant le respect. Les femmes indigènes peuvent désormais être vues comme des femmes fortes et indépendantes (car souvent mères célibataires et indépendantes), cumulant un travail et un réputation - celle de catcheuse.

En 2006, le documentaire The Fighting Cholitas, primé dans de nombreux festivals internationaux, capte cette nouvelle mode locale. La pratique atteint un nouveau niveau de popularité, de nombreux touristes occidentaux sont attirés par ces curieux combats. Néanmoins, ce succès rencontre des difficultés. Un certain machisme de la part des promoteurs montre le bout de son nez. Carmen Rosa, la star de Titanes del Ring, monopolise les rings, traitant durement les autres, déjà assez mal payées. En 2011, la majorité des Cholitas quittent alors la promotion pour former la leur : Cholita Wrestling, aussi connu sous le nom de Fighting Cholitas (reprenant le titre du documentaire). Dirigé par un couple, l'un entraîneur et l'autre cholita vétéran, le groupe ne produit que du catch féminin - le seul aujourd'hui à présenter du "Cholitas Wrestling".
Une belle démonstration de féminisme - qui néanmoins, a encore du progrès à faire en coulisses, selon les pratiquantes (voir ci-dessous) - qui reflète curieusement les nouvelles tendances politiques du pays. En 2014 (cf. lien plus haut), 53% des membres du Parlement bolivien, et 47% des membres du Sénat, étaient des femmes. Une belle preuve de la nouvelle place des femmes dans ce pays, et peut-être, qui sait, de l'influence du catch sur les idées et les moeurs ?
Back To The Past #11 : WWF No Way Out 2001
Le 20/02/2017
* Ne manquez pas la sortie de la prochaine chronique, grâce à la page Facebook de Back To The Past*
Après avoir évoqué le très grand SummerSlam 2002 la dernière fois, nous nous retrouvons ce mois ci pour un nouveau Back To The Past, onzième du nom. Pour les nouveaux lecteurs, le but de cette chronique est d'analyser des Pay-Per-Views (PPV) de catch, toutes époques et toutes fédérations confondues. Commençons sans plus attendre et parlons de WWF No Way Out 2001.
A propos du PPV
WWF No Way Out 2001 s'est déroulé le 25 Février 2001 au Thomas & Mack Center situé à Las Vegas dans le Nevada. Ce PPV était une tradition de la WWF pendant de nombreuses années, se trouvant en pleine « Road To Wrestlemania », période dans laquelle nous sommes actuellement. La première édition de ce show a vu le jour en 1998 et ce jusqu'en 2009 avant de faire un petit retour en 2012 durant le mois de Juin cette fois-ci. En terme d'affluence, 15 223 fans passionnés s'étaient donnés rendez-vous dans une salle comble. Le show a également attiré 590 000 acheteurs pour ce qui est des vidéos à la demande, ce qui constitue une hausse très importante de 110 000 acheteurs par rapport à l'année précédente, mais également un record pour le PPV No Way Out qui n'arrivera jamais à dépasser ce chiffre.
Avant de passer au vif du sujet et de développer un peu plus à propos de ce show, regardons les résultats de cet événement :
- The Big Show b. Raven © et devient le nouveau Hardcore champion.
- Chris Jericho © b. Eddie Guerrero, Chris Benoit, et X-Pac et conserve son titre Intercontinental.
- Stephanie McMahon b. Trish Stratus
- Triple H b. Steve Austin dans un Three Stages Of Hell Match
- Steven Richards b. Jerry Lawler
- The Dudley Boys © b. Edge & Christian & The Undertaker & Kane pour conserver les titres par équipe dans un Triple Threat Tables Match.
- The Rock b. Kurt Angle pour devenir le nouveau champion de la WWF.
De part sa carte, ce PPV a attiré beaucoup de monde, aussi bien dans l'arène que devant la télévision, comme nous l'avons vu précédemment. Voyons tout de suite si celui-ci a été à la hauteur.
Le match-par-match
Ce No Way Out 2001 commence les hostilités avec un match opposant The Big Show face au Hardcore champion, Raven.
Cependant il n'y a pas vraiment eu de match puisque de nombreux prétendants au titre Hardcore comme Billy Gunn, Hardcore Holly, Steve Blackman ou encore Crash Holly sont intervenus dans le match. En effet la règle du 24/7 appliquée au titre était de mise. Cette règle – créée par Crash Holly lors de son règne – stipulait que le titre Hardcore devait être défendu 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7. Des lutteurs pouvaient donc attaquer le champion à n'importe quel moment pour lui ravir sa ceinture. Même si le match n'a pas vraiment eu lieu, ce moment était plutôt divertissant et à permis de plutôt bien démarrer le PPV .
Le match suivant opposait le champion Intercontinental Chris Jericho – qui remettait son titre en jeu – face à Chris Benoit, Eddie Guerrero et X-Pac dans un Fatal-4-Way.
Et c’était un excellent match pour continuer la soirée. En effet, les quatre hommes nous ont offert une très belle bataille. A la fois rythmé, rapide et sans temps morts, le match a su nous tenir en haleine pendant toute sa durée. Il était également très intense, puisque les lutteurs n'y sont pas allés de main morte. Les prises étaient effectivement portées avec un réel impact. On notera d'ailleurs les « suplexes » dévastatrices de Chris Benoit ainsi que son très bon travail de « selling » tout au long du match. On peut également se souvenir du coup de pied favori de X-Pac en fin de match qui aura décroché la tête du « Rabid Wolverine ». Pour terminer, Chris Jericho remporte la victoire du justesse grâce à un petit paquet pour conclure ce très bon match de championnat.
Suite à cette excellente rencontre, nous poursuivons la soirée avec un match opposant Trish Stratus à Stephanie McMahon.
Quelques temps avant le PPV, Vince McMahon réclama un divorce pour se séparer de sa femme Linda. Cette dernière tomba dans une dépression nerveuse. Elle resta dans un fauteuil roulant, sans bouger, et ce pendant de longues semaines. Suite à cet événement, Trish Stratus se rapprocha de Mr. McMahon, ce qui n'a pas plu à Stephanie. La nouvelle « amie » de ce dernier était trop envahissante selon Stephanie et celle-ci voulait montrer sa supériorité lors d'un match à No Way Out.
Avant même de voir le match, on pouvait avoir un peu peur de ce que cela aurait pu donner. On sait que Stephanie McMahon n'est pas lutteuse de métier, et que ce genre de match est donc par conséquent difficile à gérer, autant pour elle que pour Trish Stratus. Cependant, le match s'est avéré très surprenant, et dans le bon sens du terme. Effectivement le match était correct, voire même bon. L'affrontement était plutôt bien construit et il faut souligner le très bon travail de Trish Stratus mais aussi de Stephanie McMahon durant tout le match. Parce qu'on a eu un vrai match de catch, et non un crêpage de chignons comme on aurait pu avoir. L'ensemble était agréable et Trish Stratus très bien aidé son adversaire pour réaliser les prises. Les deux adversaires auront donc bien fonctionné ensemble, pour nous rendre un produit finalement agréable.
Après ce match plutôt surprenant, nous passons à un des deux Main Events de la soirée qui opposait Steve Austin face à Triple H dans un Three Stages Of Hell Match, le premier de l'histoire. Il s'agit d'un match au meilleurs des 3 manches, mais avec des stipulations. Pour le cas de ce match, la première manche était un match simple, suivi d'un Street Fight avant de conclure le tout par un match en cage.
Mais avant de parler du match, rappelons les faits qui nous ont menés à celui-ci.
Lors des Survivor Series 1999, un match était sensé se passer opposant Triple H face à The Rock et face à Steve Austin avec le titre de la WWF en jeu. Ce soir là, « The Texas Rattlesnake » se fit renverser par une voiture dans le parking de l’arène, ce qui entraîna son forfait pour le match de championnat à venir. 9 mois plus tard, Steve Austin effectua son retour, en cherchant qui était l'auteur du « hit and run » des Survivor Series 1999. Rikishi s'avoua coupable en justifiant que « c'était pour aider The Rock ». Lors de No Mercy 2000 Steve Austin affronta Rikishi dans un match sans aucune prise interdite. Pendant le match, Austin tenta d'écraser Rikishi contre un mur avec son 4x4 mais la police l'en empêcha au dernier moment et Steve Austin fut arrêté. Quelques temps plus tard, Triple H révéla que c'était finalement lui qui était derrière toute cette histoire, puisqu'il avait payé Rikishi pour provoquer l'accident. Lors des Survivor Series 2000 Steve Austin se vengea de « The Game » en faisant chuter la voiture de Triple H depuis un chariot élévateur alors que celui-ci était dedans. Suite à ça le deux lutteurs se livrèrent une guerre sanglante et sans merci jusqu'à No Way Out 2001.
Encore une fois, la WWF nous propose un de ces clips précédent chaque match important dont elle a le secret. Tout en racontant l'histoire qui lie les protagonistes, une excitation furieuse nous prend de voir enfin le match tant attendu. Des frissons traversent notre corps et ça y est ; le match débute.
Que pouvons nous donc dire de cet affrontement ? Et bien tout simplement qu'il était fabuleux, exceptionnel, jouissif même, sans l'ombre d'un doute le match de la soirée. Ce match démontre parfaitement à quel point Stone Cold et Triple H sont de très grands catcheurs. Malgré une durée importante de 36 minutes, le match n'a jamais perdu en intensité. Les deux athlètes se rendaient coups pour coups dans une bataille violente et sans merci. Le public était à fond dans le match ce qui nous apporta une ambiance fort agréable. Les deux catcheurs ne se sont pas fait de cadeaux notamment avec des coups de chaises très virulents, ou encore des coups madrillet entouré de fil barbelé – si chers à Mick Foley – faisant saigner quiconque s'en approchait. Au moment ou nous pouvions nous questionner sur ce qui manquait pour rendre ce match parfait, les deux protagonistes nous l'apportaient aussitôt dans la troisième manche : des « nearfalls ». Alors qu'une prise de finition s'avérait suffisante pour empocher la victoire dans les manches précédentes, ce n'était pas le cas pour la manche se déroulant dans la cage. A chaque « Pedigree » ou « Stone Cold Stunner » on se disait « bon c'est fini » avant que le lutteur qui subissait la prise nous fasse mentir, à notre plus grand plaisir. Plusieurs fois nous avons pu sursauter de plaisir en voyant l'un ou l'autre se dégager, laissant ainsi le suspense et le plaisir durer encore un peu plus longtemps. Quant à elle la fin choisie était la meilleure possible en terme de « booking », puisque les deux lutteurs se sont assommés en même temps – l'un avec un marteau et l'autre avec le madrillet de fil barbelé – voyant Triple H retomber sur son adversaire de manière inconsciente pour empocher la victoire sur le fil du rasoir.
La rancœur ne dura pas éternellement entre les deux lutteurs puisqu'ils feront notamment équipe après Wrestlemania 17 à la suite du heel turn de Steve Austin. Ils formeront d'ailleurs le « Two men power trip » et iront battre The Undertaker et Kane lors de Backlash 2001 dans un match ou le titre Intercontinental et le titre de la WWF étaient en jeu.
Après ce match dantesque nous passons au match opposant Steven Richards à Jerry Lawler. Je vais faire très vite car il n'y a rien à dire à ce sujet. Le match était rapide, sans moments forts et il faisait un peu tâche juste après la claque que l'on venait de se prendre. Aussitôt arrivé, aussitôt oublié.
Après cette petite partie du show franchement oubliable, nous poursuivons avec un Triple Threat Tables Match pour les titres par équipe opposant les Dudley Boys, alors champions en titre, qui affrontaient Edge & Christian ainsi que Kane & The Undertaker.
L'affrontement entre ces 3 grandes équipes était un match plutôt convenable. Celui-ci était ponctué de bonnes séquences tantôt, ainsi que d'un bon rythme global. Le match était plutôt indécis mais l'intervention de Haku et Rikishi pour empêcher les « Brothers Of Destruction » de gagner était un peu regrettable, puisque celle ci enlevait une petite part du suspens. Mais c'était quand même un match correct dans l'ensemble.
Nous terminons la soirée avec le match opposant le champion de la WWF Kurt Angle qui remettait en jeu sa place dans le Main Event de Wrestlemania 17 face à The Rock. Ce dernier avait battu The Big Show lors d'un épisode de Smackdown quelques semaines auparavant pour obtenir le droit d'affronter le champion.
Ce dernier match de la soirée était un excellent match, doté d'un rythme plutôt rapide.
C'est le genre d'affrontements qu'on adore, avec des interventions, des arbitres au sol, des coups derrière le dos de celui-ci ainsi que de nombreux nearfalls. L'ensemble était très divertissant. Le match s'est réellement emballé après l'intervention du Big Show, non content de s'être fait battre par The Rock quelques jours plus tôt. De nombreux retournements de situation ponctuaient alors le match, avec une bataille « Rock Bottom » contre « Angle Slam » où chacun tentaient de conclure le match en vain. C'est finalement « The Great One » qui est sorti vainqueur de la rencontre tout en gagnant son ticket pour le Main Event de ce qui allait être le plus grand Wrestlemania de tous les temps.
Conclusions
Ce No Way Out 2001 était un excellent PPV et ce du début jusqu’à la fin. En oubliant le match opposant Steven Richards à Jerry Lawler, le show fait un sans faute, avec notamment le Three Stages Of Hell fabuleux et le très bon Main Event.
Voilà, c'est tout pour cette onzième édition de Back To The Past. On se donne rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle analyse surprise.
UKCT : Meilleurs matches et performers d'un projet britannique surprise
Le 21/01/2017

Il y a une semaine, par le biais de son Network, la WWE ouvrait son United Kingdom Championship Tournament à l'Empress Ballroom de Blackpool, en Angleterre. Un événement organisé et annoncé un peu à la va-vite, en réaction à la dangerosité opposé par le probable "reboot" de World of Sports Wrestling par la chaîne ITV (le TF1 du Royaume-Uni). L'occasion, un peu hâtive, pour elle de débuter son nouvel expansionnisme mondial, dans l'optique d'envahir et d'accaparer le terrain des grands milieux du catch. Le circuit britannique en pleine apogée de sa récente résurgence étant le lieu parfait pour débuter un tel projet.
♦ Du "boom" du catch indépendante à sa perte totale ? ♦
Pour ce faire, elle a imité le système du phénomène 2016, le Cruiserweight Classic, regroupant des talents indépendants provenant de tout le pays et de certaines des promotions nationales les plus florissantes - empruntant amicalement les champions de l'ICW et de la PROGRESS et, moins amicalement de la WCPW. Ainsi, à l'instar de ce que The Alt avait proposé à la suite du First Round du CWC et en conclusion du NJPW G1 Climax 26, voici deux Top 5 - celui des meilleurs performers suivi par celui des meilleurs matches - résumant cette nouvelle compétition semi-indépendante d'envergure.
Mais avant de passer aux deux Top 5, quelques remarques subsidiaires concernant ce UK Championship Tournament :
- Après les hideuses ceintures de champions Universal et Cruiserweight, la WWE a rassuré son monde en montrant qu'il lui restait encore un peu de bon goût en réserve avec le design de la ceinture de champion UK. Très honnêtement, la plus belle nouvelle ceinture de champion depuis des années (WWE ou non) !
- Le York Hall, le Liverpool Olympia, l'O2 Academy de Londres ou les Barrowlands de Glasgow, ou autant de salles mythiques de la même envergure, tenant fréquemment des shows de catch depuis quelques années, que la WWE aurait pu facilement choisir pour installer son UK Championship Tournament. Et pourtant en s'arrêtant à l'Empress Ballroom, elle a fait le bon pari. Célèbre salle d'Angleterre, en matière de meetings politiques, de pièces de théâtre et de concerts, et situées dans la ville de légendes du catch britannique que sont Robbie Brookside et William Regal, elle avait le parfait mélange de tradition et de réputation "mainstream" pour rassembler le meilleur rassemblement de fans possible. Spacieuse (environ 2.700 personnes étaient présents chaque soir du tournoi) et chique dans son architecture, la WWE n'aurait pas pu rêver mieux pour organiser un tel événement.
- Le Cruiserweight Classic avait Mauro Ranallo et Daniel Bryan, l'UK Championship Tournament avait Michael Cole et Nigel McGuinness - débutant enfin, par la même occasion, à la WWE et réalisant donc ce rêve qui lui avait échappé de façon si malheureuse et presque injuste par le passé (fier de toi, Niegl !). Néanmoins, le niveau n'était pas le même. Certes, Michael Cole était plus sérieusement porté sur le "play-by-play" et s'est rapproché le temps d'un week-end de ses meilleures heures de sa carrière de commentateur, mais sans rien donner d'exceptionnel de sa part. Quant à Nigel, il a parfaitement joué son rôle, mais lui non plus, rien qui ne pouvait réaliser avec certaines de ses envolées aux commentaires de certains Main-Events de shows de la Ring of Honor.
- Contrairement au CWC, la WWE s'était ici penché vers un "booking" plus traditionnel, porté sur le "storytelling". Si ce choix a porté ses fruits, il a cependant écarté de la compétition des catcheurs de talent initialement prévus comme Nathan Cruz et le vétéran Tiger Ali Singh. Un sacrifice regrettable mais qui aura servi la réalisation d'un plus grand dessein, finalement réussi. Malgré tout, il a manqué un sérieux "star-power" : que ce soit du côté de lutteurs déjà signés à la WWE - Neville, Jack Gallagher ou Big Damo (qui vient de débuter à NXT) - ou du côté de stars du circuit britannique, dont l'allégeance est à la NJPW ou à ITV's World of Sports - Will Ospreay, Marty Scurll, Dave Mastiff, Grado, Rampage, El Ligero, etc. Preuve une nouvelle fois que la "guerre pour la Grande-Bretagne" ne fait que commencer !
Back To The Past #10 : WWE Summerslam 2002
Le 18/01/2017
* Vous pouvez retrouver la page Facebook de Back To The Past ici : https://www.facebook.com/BTTPThealt *
Bonjour à tous et bonne année ! C'est ainsi que nous nous retrouvons pour le dixième numéro de Back To The Past. Pour les nouveaux lecteurs, le but de cette chronique est d'analyser des Pay-Per-Views (PPV) de catch, toutes époques et toutes fédérations confondues. Après avoir quitté la WWE pendant un certain nombre de numéros nous y retournons pour parler de Summerslam 2002.
A propos du PPV
Summerslam 2002 s'est déroulé le 25 Août 2002 dans le Nassau Coliseum de Uniondale dans l'état de New-York. Il s'agit de la 15ème édition de cet événement, Summerslam étant une des grandes traditions du calendrier de la WWE depuis 1988. Il fait en effet partie du « Big Four » de la WWE , accompagné des très célèbres Royal Rumble, WrestleMania et Survivor Series. Aujourd'hui encore, la tradition du SummerSlam se perpétue d'années en années. Nous étions également en pleine période de la « Brand Extension » qui voyait Raw faire face à Smackdown. Ce PPV regroupait les deux branches de la WWE. En terme d'affluence, ce show a attiré 14 797 personnes dans une salle comble. Selon le commentateur Michael Cole, toutes les places ont été vendues en 90 minutes seulement. Le show a également attiré 540 000 acheteurs pour ce qui est des vidéos à la demande.
Avant de passer au vif du sujet et de développer un peu plus à propos de ce show, regardons les résultats de cet événement :
- Kurt Angle b. Rey Mysterio
- Ric Flair b. Chris Jericho
- Edge b. Eddie Guerrero
- The Un-Americans ( Lance Storm & Christian ) © b. Booker T & Goldust
- Rob Van Dam b. Chris Benoit © et devient nouveau champion Intercontinental.
- The Undertaker b. Test
- Shawn Michaels b. Triple H dans un Unsanctioned Match
- Brock Lesnar b. The Rock © et devient nouveau champion de la WWE.
Summerslam 2002 est considéré comme un des meilleurs PPV de l'histoire de la WWE. Nous allons voir tout de suite si ces affirmations sont justifiées.
Le match par match
L'événement le plus attendu de l'été s'ouvre avec un match opposant Kurt Angle face à Rey Mysterio. Ce premier affrontement de la soirée était une excellente manière d'ouvrir cet événement. Déjà tout d'abord parce que l'affiche en elle même est excellente et que le match l'a également été. Effectivement, la bataille fut rude entre les deux compétiteurs. Le match constituait une belle opposition de style entre un Kurt Angle très technique et un Rey Mysterio très rapide tel qu'on le connaît. Alors que ' The Olympic Gold Medalist ' tentait de temporiser le rythme de la rencontre, Rey Mysterio nous apportait cette dose d'adrénaline dont nous sommes tous férus. Une fois lancé, il semblait difficile de stopper le ' Luchador '. Nous avons d'ailleurs bien cru à sa victoire au moment ou il plaça son 619, mais Kurt Angle a su se dégager au dernier moment, de quoi nous faire sursauter de plaisir. Ce match était une grande réussite et un excellent moyen de débuter la soirée.
Le match suivant opposait Ric Flair face à Chris Jericho. Petite anecdote, il s'agissait de la toute première apparition de Ric Flair à un Summerslam, aussi surprenant que cela puisse paraître.
Passons maintenant à l'affrontement en lui même. Le match était plutôt correct dans son ensemble. Il était ni bon ni mauvais. Il n'y a pas grand-chose à dire à propos de ce match , si ce n'est que la construction était convenable. Cela aura cependant suffi pour conserver l'élan positif que le premier match nous avait donné.
Nous continuons la soirée avec le match opposant Edge face à Eddie Guerrero. Ce dernier était jaloux de la popularité grandissante de son adversaire, ce qui nous mena à un affrontement lors de Summerslam 2002.
Ce match était plutôt bon dans son ensemble. Chaque lutteur à eu l'occasion de s'exprimer. Le « work » autour du bras d'Edge était intéressant. En effet son adversaire avait profité d'une mauvaise chute du Canadien pour entamer un travail sur son bras. Le suspens était de mise, jusqu’à ce que Edge ne sorte un « Spear » sorti de nulle part pour remporter la victoire. Le show se poursuit donc d'une bonne manière.
Le match qui suivait opposait The Un-Americans, équipe composée de Lance Storm et Christian – alors champions par équipe – face à Booker T et Goldust. Les titres par équipe étaient en jeu.
Cet affrontement était un très bon match par équipe, très divertissant et ponctué de moments forts. Forcément qui dit groupe « heel » champion en la personne de The Un-Americans dit controverse. Et cette bataille n'en a pas manqué. Mais c'est le genre de matchs qu'on apprécie beaucoup, avec des retournements de situations des interventions, des coups sur l'arbitre plus ou moins impromptus … On a d'ailleurs bien cru qu'on allait avoir de nouveaux champions mais l'intervention du troisième Un-American en la personne de Test – que l'on retrouvera un peu plus tard – a permis à ses acolytes de conserver les titres in-extremis au terme d'un match très divertissant.
Nous continuons cette belle soirée avec un match opposant Rob Van Dam face à Chris Benoit, le champion Intercontinental. Il est important de préciser ici que Chris Benoit appartenait à Smackdown et Rob Van Dam à Raw. Le gagnant allait donc conserver ou rapporter le titre intercontinental dans son show.
Il faut également souligner l'affiche de rêve que ce match nous propose. Pour un match de milieu de carte, ne bénéficiant normalement pas du même temps accordé aux « Main Events », ce match était assez long, le deuxième plus long de la soirée même. Quant à sa qualité, l'affrontement entre ces deux excellents catcheurs n'a pas été décevant. Bien au contraire il s'est avéré être très satisfaisant. Cela ressemblait en quelque sorte à un match d'échecs. Le champion tentait en effet de priver Rob Van Dam de ses prises aériennes et de ses accélérations, tout en l'affaiblissant. Cela se ressentait notamment de par la difficulté pour ' RVD ' de placer son « Rolling Thunder » sur son adversaire. Le match fut également ponctué de jolies passes d'armes et enchaînements entre les deux superstars mais c'est Rob Van Dam qui a réussi à ramener le titre Intercontinental à Raw grâce à son « Five Star Frog Splash » salvateur.
Nous continuons ainsi la soirée avec le match opposant l'Undertaker face à Test. Ce dernier faisant partie du groupe des Un-Americans, il en fallait peu pour titiller l'homme qui se faisait appeler ' The American Badass ' à l'époque : The Undertaker, un homme très patriote.
Le match entre les 2 géants était convenable. Nous pouvions redouter que le match soit très moyen car nous savons que quand deux géants s'affrontent ce n'est pas toujours de très bon augure. Finalement le match était convenable comme déjà dit plus haut. Non pas pour sa qualité in-ring mais pour son ensemble plaisant, notamment la fin qui a su clore le match sur un moment fort. Sans ça le match aurait sans doute été bien moins correct que ce qu'il était.
Nous passons maintenant au match que tout le monde attendait : Triple H affrontait Shawn Michaels – son ancien partenaire et meilleur ami – dans un Unsanctioned Match. Il s'agit d'un match non pris en charge par la WWE, un match non-officiel. Quoi qu'il se passe, la WWE ne sera responsable de rien en ce qui concerne les aboutissants de la rencontre. C'est un cas de figure extrêmement rare dans cette fédération. A part ce match en question, il y a eu qu'un seul autre match « non sanctionné » par la WWE. Il opposait Shawn Michaels face à Chris Jericho lors de Unforgiven 2008. Rappelons maintenant les événements qui nous ont menés à cet affrontement pourtant réservé aux pires ennemis.
En 1997 la faction que nous connaissons tous, D-Generation X, vit le jour crée par ses membres originaux Triple H et Shawn Michaels. Tout fonctionnait pour le mieux. Les deux hommes semblaient inséparables, proches comme des frères.
Malheureusement des problèmes de dos écartèrent Shawn Michaels des rings pendant un très long moment. Son dernier match remonta à Wrestlemania 14 en 1998 face à Stone Cold Steve Austin. D'ailleurs, Shawn Michaels dut combattre avec un dos gravement blessé ce jour là. Après cela, on ne le vit plus pendant environ 4 ans. De son côté Triple H continua sa carrière et devint champion du monde à plusieurs reprises.
Faisons une avance rapide jusqu'en 2002. L'année où Shawn Michaels fit son retour au plus grand plaisir de Triple H. Tout portait à croire à une réunion de DX. Malheureusement, Triple H en décida autrement et il porta un « Pedigree » sur son acolyte Shawn Michaels lors d'un épisode de Raw à la plus grande stupeur du public.
Triple H assura ensuite qu'ils n'ont jamais été amis. En réalité, « The Game » s'était servi de son ami pour atteindre les sommets de la WWE tout comme Shawn Michaels l'avait fait pour rester au sommet à l'époque de DX en 1997 selon lui.
Plus tard Triple H découvrit Shawn Michaels inerte dans le parking, le visage tout ensanglanté lors d'une édition de Raw. Malgré ses agissements envers son ancien ami, il semblait inquiet et se demandait qui avait bien pu attaquer « HBK » de la sorte. Triple H jura que ce n'était pas lui qui avait fait le coup. Mais la vidéo surveillance prouva très rapidement le contraire. Shawn Michaels – bien évidemment très remonté – proposa un match à Triple H pour Summerslam 2002, soit 4 ans après son dernier match à la WWE. Une bataille sans merci s'en suivi entre les deux les semaines suivantes jusqu'au tant attendu match lors de Summerslam 2002.
Cette longue, mais pas moins importante rétrospective étant terminée nous pouvons parler de ce qui s'est passé ce soir là.
Et c'est la toute la force de la WWE, la où l'on de peut pas nier leur talent. Ils savent parfaitement promouvoir leur matchs avec leurs petits clips promotionnels diffusés avant chaque match important. Et celui-là en particulier est vraiment grandiose. Tout en racontant l'histoire qui lie les protagonistes, une excitation furieuse nous prend de voir enfin le match tant attendu. Des frissons traversent notre corps et ça y est ; le match débute vraiment.
Donc que valait cet affrontement en question alors ? Et bien c'était le meilleur match de la soirée sans aucun doute, tant le match était exceptionnel. Autant au niveau des prouesses sportives, du divertissement amené par le match, par l'ambiance ou par l'histoire racontée par les deux hommes à travers cette guerre. Tout était vraiment parfait. Bien évidemment Triple H ciblait le dos de son adversaire avec des attaques plus dévastatrices les unes des autres. On souffrait même à la place de Shawn Michaels. Mais lorsque ce dernier a réussi à revenir dans le combat, il fit passer un sale quart d'heure à son adversaire avec des mouvements violents ; laissant Triple H complètement en sang. Impossible de décrocher nos yeux de l'écran, tant nous étions concentrés sur le match. Impossible de ne pas vibrer à la suite de chaque dégagement de chacun, pensant à chaque fois que le match était fini. Le match s'est terminé de la meilleure des manières possibles : par un « Roll Up » qui donna la victoire à Shawn Michaels à la suite d'une passe d'arme de finishers contrés au bout du suspens. L'après match lui aussi se veut être très satisfaisant, montrant un Triple H très frustré et impitoyable fracassant le dos de Shawn Michaels avec sa masse préférée tel un bourreau, laissant ainsi une place à une éventuelle suite entre ces deux hommes.
Quelques mois plus tard, Shawn Michaels se vengea de Triple H en lui subtilisant son titre de champion du monde lors du tout premier Elimination Chamber de l'histoire lors des Survivor Series 2002.
La rivalité dura très longtemps puisqu'elle s'est étendue sur deux années. Finalement DX se reforma en 2006 pour venir à bout d'un tyrannique Vince Mcmahon qui menait à mal à la fois Triple H et Shawn Michaels.
Nous passons maintenant au Main Event de la soirée qui opposait le champion de la WWE The Rock face à son challenger Brock Lesnar.
Lors du King Of The Ring 2002, Brock Lesnar a obtenu le droit d'affronter le champion en gagnant le tournoi éponyme. Il a donc eu l'opportunité de devenir le plus jeune champion du monde de l'histoire si il venait à battre The Rock lors du Summerslam 2002.
Ce dernier match de la soirée était un très bon match, doté d'un rythme plutôt rapide. C'était un match très compliqué pour The Rock, devant jongler entre le monstre qu'il avait face à lui et entre les interventions récurrentes de Paul Heyman. Le match était d'ailleurs très agité de par les interventions du manager de Lesnar. Une fois que The Rock à réussi à s'en débarrasser grâce à un « Rock Bottom » surpuissant à travers la table des annonceurs, le match est devenu plus équitable. Celui-ci n'aura pas manqué de nous faire bondir de par ses « nearfalls » et ses échanges de prises de finitions assez surprenants. Finalement c'est Brock Lesnar qui empoche la victoire au terme un enchaînement excellent qui clos le match de la meilleure des manières.
Conclusions
Ce Summerslam 2002 était un excellent PPV et ce du début jusqu’à la fin. Le show a su rester constant dans toute sa durée, pour finir sur le feu d'artifice que représente le match entre les anciens membres de D-Generation X. C'est donc un sans faute pour cet événement.
Voilà, c'est tout pour cette dixième édition de Back To The Past. On se donne rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle analyse surprise.
NJPW WrestleKingdom 11 ... et après ?
Le 14/01/2017
Comme chacun le sait maintenant, la deuxième compagnie de catch au monde et la promotion-reine au Japon, la NJPW, a tenu son plus grand show de l'année Wrestle Kingdom 11, au Tokyo Dome, le 4 janvier dernier. Certes moins fourni, moins riche et peut-être moins "parfait" dirait certains que WrestleKingdom 9, cette onzième opus a été sans doute le plus événementiel. Après la reconstruction post-Inoki en 2006-2011 et la renaissance en 2012-2016, la New-Japan est entrée dans une nouvelle étape de son histoire, peut-être celle qui l'amènera vers une ère nouvelle. Réactions sur les grands développements de cet événement, ce qu'il implique et réflexions sur les débouchés possibles.
Avant de partir dans le vif du sujet, tâchons de décharger le bref ressenti qu'il me reste concernant certains aspects mineurs de WK11 (et sans m'étendre sur le fameux 6-Stars Main-Event que j'ai déjà couvert sur ask.fm/Felixtaker) :
- La NJPW affirme que 26.192 japonais étaient présents dans l'enceinte du Tokyo Dome. Suis-je le seul qui, après avoir vu l'événement et les photos prises durant celui-ci, pensent que ce chiffre est largement sous-estimé ? 35.000 au moins semblerait plus correct, de mon point de vue. La NJPW serait-elle véritablement une WWE (qui a tendance à en rajouter niveau chiffres) inversée, là aussi ?
- Tiger Mask W vs. Tiger The Dark marque le début de l'érosion pour le personnage cross-animé de Tiger Mask W. ACH vaut mieux que ça et il est temps que Kota Ibushi et la NJPW trouvent un arrangement pour que ce dernier revienne en tant que tel !
- Cody Rhodes pourrait-il la réponse à l'avenir du Bullet Club ? Le groupe s'effrite : son leader américain, Adam Cole, est en patrance pour la WWE et son leader japonais, Kenny Omega, deviendra comme AJ Styles à la fin de son séjour à la NJPW - un "top-heel" respectée et appréciée par les fans. Rhodes est l'ancien de la WWE, le fils de 'The American Dream'. Sous son commandement, un demi-Bullet Club (en assumant qu'une partie, notamment les Young Bucks se rallient à un Kenny Omega évincé du trône) pourrait vivre encore quelques temps en tant que fonction "gaijin heel" forte. Pourquoi pas aidé par les américains Killer Elite Squad, une fois le Suzuki-Gun dissous ?
- Match déchainé pour l'IWGP Junior Heavyweight Championship et belle première grande victoire pour Hiromu Takahashi. Il l'avait bien mérité après cet accueil retentissant lors de son retour officiel, et surtout suite à ses performances exemplaires en tant que Kamaitachi face à Dragon Lee en 2015-2016. Cependant, j'espère que KUSHIDA ne partira pas si vite chez les Heavyweights comme tel est son souhait. Une grande rivalité est née au Tokyo Dome, elle ne peut s'achever aussi vite. Elle peut permettre de faire naître une division resplandissante pour les années à venir (surtout en comptant, en soutien, Ryusuke Taguchi, Bushi, Will Ospreay, Ricochet, Dave Finlay, Dragon Lee et maintenant ceux du Suzuki-Gun, Yoshinobu Kanemaru, Taichi, El Desperado et TAKA).
- "Il l'a finalement eu, sa grande victoire !" s'exclamait Steve Corino (bien au-dessus de Kevin Kelly aux commentaires cela dit, comme d'habitude) lors de la victoire d'Hirooki Goto face à Katsuyori Shibata. Malheureusement, il a tort. Goto va peut-être s'épanouir dans le ring si il suit le même chemin que Shibata, avec le championnat NEVER Openweight. Néanmoins, il reste le même Goto, ayant juste battu une nouvelle fois son ami Shibata, le délaissant d'un titre pour lui permettre d'escalader un nouvel échelon. Il en faudra plus pour que ça change pour Goto et qu'il est une première "grande victoire".
- Le décor en forme d'oeil était un magnifique hommage au succès et à la popularité de Tetsuya Naito cette année. Après des années passées à regretter son traitement de la part de la compagnie, Naito doit être aux anges. (On reviendra sur son cas dans un instant)
- En parlant de décor et d'entrée spectaculaire, ça l'était moins pour Kenny Omega - l'autre star de la soirée - par contre. Si le petit film d'introduction, reprenant le début du premier Terminator, était adéquat et bien réalisé, sa démarche dans le Tokyo Dome avec son masque et son fusil à pompe en plastique était presque gênant. Un contraste décévant ...
Naito vs. Tanahashi, la meilleure histoire racontée sur un ring
Le site Voices of Wrestling avait statué que les quatre derniers matches pouvaient être désignés comme suit : The Sprint (Takahashi vs. KUSHIDA), The Fight (Goto vs. Shibata II), The Story (Naito vs. Tanahashi) et The Spectacle (Okada vs. Omega). Désignations très correctes, la plus révélatrice d'entre elles était selon moi "The Story" : Naito vs. Tanahashi n'est programmé que depuis Power Struggle 2016, et pourtant, quels enjeux (en plus de l'IWGP Inter-Continental Championship), quel passé et quelle histoire rentraient en compte dans ce match !
L'histoire d'un Tetsuya Naito, le protégé et successeur annoncé d'un Tanahashi pas prêt de raccrocher les bottes. Du "main-event push" raté et rejeté par les fans à l'horizon de WrestleKingdom 8. Celle de son renvoi au Mexique, là où il avait été victime de racisme au début de sa carrière (période à laquelle il fait référence par son geste de l'oeil ouvert). Celle de son retour en 2015, avec une nouvelle attitude inspirée de ses amis Los Ingobernables de la CMLL. Naito, comme Shinsuke Nakamura quelques années auparavant, avait enfin trouvé la parade qui pourrait changer sa destinée, la replacer sous son contrôle et avec les fans en sa faveur. Désinvolte, à contre-courant, anti-conformiste et virulent face au président Takaaki Kidani (à l'image d'un autre rebelle, CM Punk), l'insupportable Naito avait tué la petite star modèle de jadis - à la Miley Cirus diraient certains. Heureux de la transformation, les fans l'ont soutenu comme jamais, d'autant plus après le départ de Nakamura, l'amenant à succès sur succès en 2016.
Ce match était aussi l'histoire d'Hiroshi Tanahashi. Celle de sa "mort" prochaine : après une année 2016 parcemenée de blessures et d'absences, pour la première fois, on parlait pour la première fois d'une retraite prochaine pour Tanahashi. 'The Ace', qui plus est remplacé officiellement par Kazuchika Okada depuis WK10, n'est plus indispensable. La NJPW et son trône ne sont plus à lui : elle est à l'arrogance dorée d'Okada, à la folie conquérante d'Omega et à l'excentrisme "tranquilo" de son ancien padawan, Naito. Une telle complexité a été racontée en l'espace d'un excellent match, d'une victoire solide du champion et de sa sortie de route surprenante, mais volontaire et réussie : vainqueur, avec son regard toujours plein de charisme (comme lors de son entrée, presque similaire à celle de 'Stone Cold' Steve Austin le soir des Survivor Series 1996, le regard porté droit sur la caméra) il a rejeté l'espace d'une seconde ses principes de rebelle pour saluer son adversaire et ex-modèle. Si simple, si chargé de sens à la fois.
Direction les Amériques pour la NJPW !
Néanmoins, d'aucuns pourraient parler de WK11 sans évoquer les retombés de Kenny Omega vs. Kazuchika Okada ! Celui-ci impliquait le futur de la compagnie, et l'orientation de sa nouvelle politique d'expansion internationale face aux multiples assauts de la WWE : d'abord, après ses talents - la NJPW a depuis janvier 2017 instauré des contrats multi-années pour ses stars pour contrer les "pillages" ou "exodes" - ensuite, après son terrain - en réponse, la NJPW compte tenir ses propres shows (sans collaboration de la Ring of Honor, comme à l'époque de l'Invasion Attack Tour de 2011) en ouverture du G1 Climax Tournament. Devant de telles problématiques, il était important pour elle de désigner celui qui serait le leader de ce futur : Okada, la star qu'elle a construite pour en faire son nouveau visage sur son terrain, ou Omega, le "gaijin" pro-Japon mais prêt à révolutionner le milieu du catch en aidant la NJPW à se faire une place en Occident ?
Le 4 janvier dernier, ce fut la position d'Okada qui fut solidifié mais rien n'est dit pour Omega. "La NJPW serait stupide de ne pas programmer Omega vs. Okada II pour DOMINION et de remettre le titre à Omega, juste avant les G1 Special aux USA", déclarait le réputé Dave Meltzer lors de l'un de ses récents podcasts. Déçu mais ainsi défait, les 6 étoiles et la nouvelle notoriété qui va avec en poche, Kenny Omega semble finalement un bien meilleure posture pour faire un grand retour et concilier tout le monde : aussi bien les occidentaux qui n'attendent que de le voir au sommet, que ce soit à la NJPW ou ailleurs ; que les nippons qui le respectent plus que jamais et ont hâte de voir la grande revanche face à Okada et d'honorer le vainqueur, quel qu'il soit. Comme le rappelle Naito, il ne faudrait pas sacrifier l'un pour l'autre - la domination nationale pour l'expansion réussie en Occident : "La compagnie veut s'étendre, très bien, c'est ce que nous ferons. Je comprends pourquoi il nous faut nous emparer du marché international. Mais, tranquilo, quoi ! L'entreprise veut devenir internationale, donc cela veut dire qu'il n'y a plus rien à faire au niveau national, que sa souveraineté ici est absolue ? Non, la compagnie n'a même pas pu faire salle comble au Tokyo Dome cette année".
Suzuki-Gun, un atout adéquat pour faire une petite pause
En attendant, la NJPW a des choix à faire pour que tout cela se passe pour le mieux, et elle semble avoir fait les bons. Suite au rachat de la Pro-Wrestling NOAH (compagnie alliée qu'elle avait fini par gérer elle-même) par un tiers, elle a dû rappeler ses talents postées là-bas lors de New-Year Dash! le lendemain de WK11 - à savoir l'ensemble du Suzuki-Gun. Envahisseurs ultra-dominants pendant deux ans à la NOAH, la bande à Minoru Suzuki est revenue revigorée à la New-Japan pour démolir CHAOS et son champion Okada.
A près de 50 ans, le fondateur de Pancrase Wrestling (la promotion-mère du MMA) est toujours aussi charismatique et talentueux sur le ring. Jamais détenteur du titre d'IWGP Heavyweight Champion, il est le candidat idéal pour détrôner temporairement ce cher Okada. Avec Omega partie pour quelques temps (et surtout un peu de repos et de réflexion), avec le reste de son Bullet Club, la place est libre pour SZK-GN d'apporter de nouveaux scénarios aux shows de la NJPW.
Une fois Okada vaincu, celui-ci pourra prendre lui aussi du repos afin de revenir en vengeur héroïque et ré-affirmer sa position de leader du roster. Et en attendant, Minoru Suzuki et son "armée" pourront s'attaquer à Katsuyori Shibata, à Los Ingobernables de Japon de Tetsuya Naito et d'autres. Une petite pause agréable pour préparer le moyen-terme au mieux !
Billet d'humeur : Du "boom" du catch indépendant à sa perte totale ?
Le 13/01/2017
* Ce billet d'humeur est une remise en page de réponses à une question posée sur ask.fm/Felixtaker *
Ces derniers mois, la WWE a ajouté à son écurie à multiples étages la star irlandaises Big Damo, le combattant international Tommy End, le vétéran de la ROH Roderick Strong et très probablement, l'ex-champion de cette dernière, Kyle O'Reilly. Et elle ne compte pas s'arrêter là : elle a ses yeux sur l'actuel champion du monde de la Ring of Honor, Adam Cole, et sur la sensation international du moment, Kenny Omega. En plus de cela, elle se prépare à présenter ce week-end, sur le sol anglais, un tournoi préparé à la hâte et composé de lutteurs indépendants britanniques. La WWE parle elle-même de "nouvelle ère". A l'extérieur de sa corporation tentaculaire, certains parlent d'expansionnisme naturel, d'autres de pillage excessif. Tout cela est-il vraiment positif pour les fans, pour les catcheurs ou même pour le sacro-saint business ? Comment en est-on arrivé là ? Qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir du catch international ? Esquisses de réponses, en contrebas.
Changement de vision, changement de traitement

Depuis 2011-2012, jamais la compagnie de Stamford n'avait-elle signé autant de talents indépendants ou internationaux qu'en 1999-2001. Ce phénomène est dû à de multiples changements interne. D'abord, l'investiture de Triple H au sein des Ressources Humaines de la WWE, et en tant que directeur du centre développemental et donc de NXT. Il y a ensuite, aidée par ce dernier, la nouvelle philosophie de recrutement adoptée par Vince McMahon - à savoir, non plus favoriser des jeunes talents "made in WWE", mais des talents "faits" ailleurs et exploiter leur talent déjà bienet leur réputation extérieure construits. Le tout a été facilité progressivement par une sorte de changement de "fanbase".
Avec l'ère des réseaux sociaux et du tout connecté en plein essor, une large communauté de "hardcore fans" s'est formée avec les anciens fans, enfants de l'Attitude Era ramenée par le retour de The Rock et le "Summer of CM Punk" en 2011, et ceux dont la passion s'est construite à partir de là, baignant donc déjà dans un monde de promotions de catch différentes et de connaissances internes (non-"kayfabe") et historiques de plus en plus visibles et accessibles. Laquelle "fanbase" est aujourd'hui, toujours la plus fidèle (ce sont les "die hards", ceux pour qui regarder RAW chaque lundi soir est devenu un rituel, que l'émission soit bonne ou mauvaise), mais surtout est devenue la vraie majorité de la clientèle payante du produit WWE. Elle est responsable des 2,5-3 millions de téléspectateurs que gardent difficilement RAW chaque semaine - si il y avait vraiment encore une majorité de "casual fans", les chiffres seraient supérieurs, même avec l'importance actuelle de YouTube et du streaming illégal.
En 2011-2012, au début de cette transition, je commençais à voir partir El Generico, Kevin Steen et Cie, et j'avais extrêmement peur de leur devenir. J'avais vu Colt Cabana être inutilisé, Paul London être détruit, Daniel Bryan sous-exploité, etc. Je pressentais les changements de noms et de personnalités : El Generico allait perdre son masque pour la première fois et devenir Sami Zayn, Kevin Steen allait peut-être devoir remettre cette grenouillère (chère à Jim Cornette) qu'il détestait tant, etc.
Cela dit, comme je le constate désormais, les choses se sont montrés finalement moins dramatiques. Et ce, grâce à ce changement initié en 2011-2012. AJ Styles a eu une première année exemplaire. Prince Devitt/Finn Balor a été le roi de NXT (et a participé à en faire autre chose qu'une simple FCW améliorée - ce qui entraîne aujourd'hui de nouveaux problèmes, mais j'en ai déjà parlé et ce n'est pas le sujet) et lui a été offert un "méga-push" instantané après le Draft. Kevin Owens, sans restriction vestimentaire ou "gimmick" cartoonesque à incarner, est un champion "majeur" dans le main-roster. D'ailleurs, Chris Hero a dû s'en rendre compte et c'est pour cela qu'il a re-signé à Stamford - qui a voulu de lui malgré son physique, c'est dire l'évolution !
Cependant, la situation est loin d'être parfaite créativement et politiquement.
D'une part, pour certains, en effet, comme Sami Zayn, Neville ou la plupart des nouveaux Cruiserweights, c'est loin d'être la panacée. Pour reprendre le cas de Zayn oscille dans la hiérarchie du roster de RAW, et profite rarement d'une vraie direction créative malgré son talent et son attrait de vrai bon "babyface". L'équipe numéro un de la NJPW avant leur arrivée à la WWE, Karl Anderson & Luke Gallows, sont sous-exploitées, parfois même ridiculisées par des "angles" dignes des pires heures du milieu des années 1990s. Géré par Vince McMahon et Kevin Dunn (les plus grands partisans du "look, physique et taille conformes" à la norme Hulk Hogan-esque), le show des Cruiserweights, 205 Live, est incipide, bien loin de la révolution clamé par le Cruiserweight Classic. Mais ce genre de problème s'applique à d'autres, qui ne sont pas forcément d'ex-stars du circuit indépendant : que dire de la direction créative donnée à Bray Wyatt, à Sheamus ou à Tyler Breeze par exemple ? C'est un problème qui dure depuis avant même cette dite transition qui ne semble pas prêt de s'arrêter, "Brand Split", "New Era", ou pas.
Vers un expansionnisme dangereux ?

D'autre part, le positif de cette nouvelle politique de conquête des meilleurs talents mondiaux devient peu à peunégatifrécemment : comme l'a dit Kenny Omega (encore lui !), je crois il y a quelques jours, "on dirait que la WWE signe des talents, juste pour se contenter de les avoir, mais n'en font rien concrètement après".
C'est très juste, et cela se voit autrement que par ce simple phénomène de "pillage". La TNA dans la pannade et en réorganisation par le rachat par Anthem Media, elle n'est plus capable de convoiter la Grande-Bretagne, à coup de tournées réussies, de programmes exclusifs et de meilleures audiences sur place que la WWE (cette dernière n'y revenant qu'une fois par an, histoire de garder sa part du marché). Le champ a donc été laissé aux promotions locales grandissantes de s'en emparer. Cependant, apeurée par le "reboot" de World of Sports Wrestling sur ITV (le TF1 du Royaume-Uni), la WWE s'est empressée de mettre en place un prélude (le UK Championship Tournament) à un mini-show local, avec son propre championnat (comem pour 205 Live, après le Cruiserweight Classic). Elle offre déjà des contrats d'exclusivité à des lutteurs (malgré les dires de William Regal concernant la "coopération avec les promotions indépendantes locales"), peur que la majorité se rallie sous le toit d'ITV, forçant la WCPW (la dernière promotion locale en vogue), bien moins solide financièrement, à faire de même. Non seulement, la WWE compte monopoliser le talent, mais elle va assécher les plus petites compagnies qui gagnent tellement de cette résurgence du catch britannique, comme la WCPW ou l'ICW.
De plus, d'après les derniers rapports d'"insiders", elle compte en faire de même au Japon, où la tâche sera bien plus difficile, avec la NJPW déjà reine du terrain, et au Mexique,qui s'est toujours bien débrouillé tout seul, malgré quelques alliances et échanges de talents çà et là et donc, où il sera difficile de s'installer ... mais peut-être en pensant déranger l'AAA par exemple, la WWE pense pouvoir endiguer le succès de sa succursale américaine, Lucha Underground.
Elle ne voudra pas l'admettre, mais grâce à l'atout de son WWE Network auquel elle attribue la justification d'une telle conquête hâtive des différents milieux du catch mondial, elle est en train de recréer le système des territoires qu'avaient installées la vieille NWA des années 1950s jusqu'à la fin des années 1980s.
Sa domination effective de l'Occident (USA, Canada et UK en particulier) et sa portée médiatique internationale ne lui suffit plus. Après un petit "boom" discret (parce que n'impliquant pas vraiment les masses casuelles/"mainstream", ou simplement par le biais de mini-phénomènes intra-Internet, la présence au côté d'autres corporations sportives géantes comme la NFL ou l'UFC sur ESPN, les apparitions sporadiques de vraies célébrités comme The Rock ou John Stewart, memes "RKOOuttaNowhere", la vague "It's John Cena !" qui lui a redonné un gain de popularité dans les médias récemment) ranimant le monde du catch à bien des égards (renaissance de la NJPW, accentuée par sa nouvelle visibilité en Occident avec cette ère du tout connecté, la ré-emergence du catch britannique, etc), elle veut tout ou rien du temps, de l'attention et de cette "fanbase" engagée et payante.
Elle multiplie les heures de programmes, les talents accumulés et bientôt les territoires contrôlés ... et mis en péril. Non seulement, Vince McMahon et sa cohorte reproduisent ce qu'il détestait et avait détruit dans les années 1980s, mais ils en produisent une version plus maligne, dont les bénéfices de ce contrôle mondial ne vont qu'à une seule entité hégémonique. Et chacun sait - des fans aux catcheurs eux-mêmes - quelle période abominable était-ce lorsque la WWE était la seule issue possible. Et encore, la dernière fois (post-rachat de la WCW et faillite de l'ECW), ça ne concernait que le milieu du catch occidental. Cette fois, c'est le monde entier qui est en jeu.
Les déçus talentueux de la WWE comme Drew Galloway ou Cody Rhodes n'auront littéralement plus ou allés si de tels projets d'expansion se réalisent. Ricochet, Kenny Omega et les autres rois du circuit indépendant ne pourront plus survivre hors de la WWE et seront obligés de s'y enroller pour rester des catcheurs actifs. Quant à nous les fans, quel ennui ce serait d'écouter toujours le même groupe sans alternative possible, même étrangère ! Ou de regarder unqiuement les films du même réalisateur !
Gabe Sapolsky, le "booker" d'EVOLVE, ne cessait d'évoquer à juste titre à quel point l'année 2016 fut renversante à tous les niveaux, évoquant en particulier l'ouverture de la WWE au reste du monde du catch, formant des relations avec des promotions indépendantes comme jamais ce ne fut le cas depuis les années 1980s. De toute évidence, cette ouverture sera bientôt une fermeture : non pas par un abandon de relations, mais par la disparition de toutes relations possibles.
Un monstre se réveille en ce mois de janvier 2017, et il va dévorer le monde !