Ric Flair

Top 10 Storylines : (#5) Quand le fan face à l'idole devint le riche arrogant contre l'honorable pauvre

Il y a plusieurs mois, dans la saga inaugurale en quatre parties de Rétro sur l'Histoire complète du catch international publiée sur Catch Au Quotidien, j'écrivais en partie II :

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A la fin des années 1970s, le catch américain est dit à l’agonie, peinant à se faire remarquer et à

évoluer au même rythme qu’une télévision changeante. La National Wrestling Alliance (NWA) et

son système de « territoires » commencent à s’affaiblir alors que l’American Wrestling Association

(AWA) et la World (Wide) Wrestling Federation (W(W)WF) – des promotions émancipées de

l’égide de la NWA au début des années 1960s – grandissent.

 

Dominantes dans bien des régions des États-Unis (respectivement le « Mid-West », c’est-à-dire le

Minnesota, Chicago et jusqu’au Canada, et la Mégalopole – Washington, New-York, Baltimore et le

New-Jersey), ces fédérations indépendantes n’ont néanmoins pas l’avantage de leur concurrente :

une exposition télévisuelle nationale.

 

Via la « Superstation » de Ted Turner W-TBS et la Georgia Championship Wrestling (fédération

devenue programme TV, bientôt renommé World Championship Wrestling, ancêtre de l’entreprise

éponyme), la NWA a jusque là un avantage majeur. Reste donc à trouver un moyen de ralentir

l’expansion des deux autres entités avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela, la coalition régente du

catch mondial décide de faire appel à un certain Jim Crockett.

 

Successeur de son père à la direction de Mid-Atlantic Championship Wrestling, Jim Crockett Jr.

est l’un des seuls grands promoteurs restant au sein de la NWA, notamment grâce aux deux stars

montantes du pays Dusty Rhodes et Ric Flair. Si Championship Wrestling From Hollywood,

World-Class Championship Wrestling ou Mid-South Wrestling arrivent encore à se faire une place

dans les régions encore acquises à la NWA, ils n’ont ni l’attraction ni l’exposition qu’a Mid-Atlantic

via W-TBS.

 

Ainsi, tandis que l’AWA gère maladroitement sa nouvelle propriété – Hulk Hogan, version rouge et

jaune – et la WWF de Vince McMahon Jr. & Linda McMahon tente tant bien que mal de s’étendre,

Jim Crockett engage une rivalité qui va révolutionner un catch américain stagnant, et qui va

modeler le succès de Starrcade, le premier « super-show » de l’Histoire du catch. Divertissant à

souhait et charismatique homme du peuple devant les caméras, ‘The American Dream’ est derrière

la mise en place de ce grand projet, qui forgera la légende de la NWA et aidera un imminent

« boom » du catch américain.

Opposé à la flamboyante et arrogante rockstar qu’est ‘Nature Boy’ Ric Flair, Dusty Rhodes aide

Jim Crockett Promotions (JCP, constituées de Mid-Atlantic et d’autres territoires du Sud) à

amasser des millions.

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Derrière les caméras, c'est effectivement ainsi que s'est planifié le dernier chef d’œuvre de la NWA, et la pièce maîtresse des carrières de Ric Flair, Dusty Rhodes et des toutes les stars de second-plan qui y prendront part de 1983 à 1986.

 

https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/564x/b7/a7/b7/b7a7b76f89816c6a0365270ea70f3a33.jpgJeune costaud formé par Verne Gagne et Billy Robinson, Ric Flair débute sa longue et fructueuse carrière sous l'inspiration totale de la rock-star qu'est Dusty Rhodes, voulant y être associé à tout prix. Mais en 1975, après un violent accident d'avion en compagnie d'autres lutteurs de l'époque, il réalise qu'il doit être seul maître de son destin et se forger sa propre légende. Dès lors, il adepte un style plus technique, moins flamboyant et puissant, sur le ring et incarne ce qu'il deviendra hors caméra : « The Limousine Ridin', Jet Flyin', Kiss Stealin', Son of a Gun », le 'Nature Boy' Ric Flair.

Sur le long chemin qui l'amènera au premier Starrcade en 1983, il devient le champion international marathon, allant de villes en villes, de pays en pays, pour y défendre ses divers titres pour des matches de marathoniens. Et quand arrive le dit Starrcade, il bat une bonne fois pour toutes Harley Race, remportant un nouveau titre de champion du Monde et celui, tacite, de meilleur catcheur au Monde et roi incontesté de la NWA.

Ce soir-là, c'est bien Dusty Rhodes qui défiait le vainqueur de ce Main-Event de légende pour le prochain match de championnat – la grande saga était lancée.

 

Flair vs dustySuite à sa conquête du dernier rempart de l'ère « old-school » de la NWA, Flair s'emballe, achetant maison sur maison, voiture sur voiture et plus encore – son propre jet privé ! Le personnage devient l'homme, lui-même accentuant le personnage qu'il veut dépeindre. Rhodes, à l'opposé, bien que toujours aussi charismatique, se veut la voix et muscles du peuple. Il est le chouchou des fans de « rasslin' », celui qui combat avec honneur et reverse toute sa gloire en gratitude au public. Le conflit n'en devient donc que plus naturel : le riche face au pauvre, l'arrogant contre le modeste ou encore le machiavélique leader des Four Horsemen aux prises avec le capitaine élu et respecté des vestiaires – tout cela, sur la base d'un simple champion vs. challenger des plus classiques.

A Starrcade '84, dans un Million Dollar Challenge Match pour le championnat du Monde poids-lourd, Ric Flair l'emporte par KO sur décision de l'arbitre spécial Joe Frazier après un simple saignement à l'arcade sourcilière du challenger. Un des premiers et désormais célèbres « Dusty finish » pour préparer la revanche à Starrcade 1985.

 

Malheureusement, ce soir-là aussi le résultat reste le même : suite à l'intervention d'Arn Anderson puis d'un deuxième arbitre, le gagnant du match Dusty Rhodes n'obtient pas la ceinture, restant sur les hanches de Ric Flair de manière controversée.

Reporté intentionnellement pour faire durer l'attente et l'anticipation, le point final de cette rivalité sanglante et peuplée se déroulera sur la tournée inaugurale phénoménale du Great American Bash '86, voyant 'The American Dream' vaincre 'The Nature Boy' sans aides ni obstacles, dans une cage d'acier au centre du Greensboro Coliseum. Et ce, mettant un terme à l'une des plus grandes sagas jamais programmées dans l'Histoire du catch – qui plus est, celle qui aura révélé Arn Anderson, Tully Blanchard, Magnum TA et les Road Warriors. Un modèle (pas souvent appliqué!) pour des décennies à venir !