NWA

ALL IN : et après ?

J-4. Ce samedi 1er septembre 2018 marquera l'un des plus grands jours du catch indépendant. Le jour où trois stars du circuit à l'ambition débordante et au sens aigü de l'entrepreneuriat - The Young Bucks et Cody (Rhodes) - auront officiellement relevés un simple défi Twitter : prouver au plus grand spécialiste américain de catch connu, Dave Meltzer, qu'il se trompait, que le monde du catch a changé et que désormais tout était possible ... à nouveau.

D'ores et déjà une réussite commerciale, ALL IN - et son festival Starrcast qui l'entoure - sera soit le plus célèbre et vénéré "one-shot" de l'histoire du catch soit le premier pas d'une longue série. Car, dans le monde du catch, chacun sait que "One Night Stand" ou "Once In A Lifetime" obtiennent toujours une suite. Aucune promesse ne se tient et les vedettes de Being The Elite ne seront pas les premières à en profiter. Pour preuve, les effets du succès météoritique d'ALL IN sont déjà visibles : G1 Supercard, le super-show NJPW/ROH du prochain WrestleMania Week-End au légendaire Madison Square Garden, affiche complet - une première, là aussi. Et ce, avec ou sans la bande du Bullet Club Elite qui, si elle veut en profiter un maximum, devra rester soudée et refusée une nouvelle fois les appels du pied de Stamford. 

En nous basant sur ce futur proche partiellement pré-établi, quelles seront les retombés pour les rivalités et les affrontements se jouant à Chicago samedi soir ?

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/1/1f/ALL_IN_WGN_Poster.jpgPour rappel, la carte finale d'ALL IN ressemble à ce qui suit :

- The Briscoes (Jay & Mark) vs. SoCalUncensored (Frankie Kazarian & Scorpio Sky) [ALL IN : Zero Hour - Pre-Show]

- Over The Budget Battle Royal (Colt Cabana, Ethan Page, Moose, Jordynne Grace, Billy Gunn, Marko Stunt, Rocky Romero/Chico El Luchador, Brian Cage, Jimmy Jacobs, Punishment Martinez, Brandon Cutler, etc) [ALL IN : Zero Hour - Pre-Show]

- Joey Janela vs. Hangman Page

- Madison Rayne vs. Tessa Blanchard vs. Chelsea Green vs. Britt Baker

- Christopher Daniels vs. Stephen 'Arrow' Amell

- ROH World Championship Match : Jay Lethal vs. (Gagnant de l'Over The Budget Battle Royal)

- Kazuchika Okada vs. Marty Scurll

- NWA World Heavyweight Championship Match : Nick Aldis (c) vs. Cody

- Kenny Omega vs. Pentagon Jr.

- Kota Ibushi & The Young Bucks vs. Rey Mysterio Jr., Fenix & Bandido

ALL IN se veut être un show mélangeant des intrigues de Being The Elite, de la nouvelle NWA de Billy Corgan et de sa propre web-série Ten Pounds of Gold, mais surtout une représentation des beautés diverses et variées du circuit indépendant et sa célébration dans la bonne humeur. ALL IN est l'emblème de l'Attitude Era d'une nouvelle génération - de fans "hardcore" à travers un monde connecté qui participent, grâce à la célébrité de catcheurs et d'entités en dehors des limites imposées par l'implacable WWE, seule super-puissance de l'industrie.

Une telle identité est parfaite pour un "one-shot" avec autant d'historicité et de regards posés sur lui. Comment, néanmoins, envisagez d'y faire suite ? ALL IN n'est clairement pas censé conclure toutes les storylines construites et développées au fil de Being The Elite ou, pour Aldis vs. Cody, de Ten Pounds of Gold. Pourtant nombre d'entre elles y joueront un rôle essentiel.

#BookFlip : le début de la gloire pour Gordon ?

Flip Gordon - toujours pas "officiellement" prévu de catcher ou même d'apparaître durant le show - trouvera certainement un moyen de participer voire même de gagner la bataille royale et de s'octroyer un match de championnat lors du véritable show. Quels seront les causes de son apparition et surtout les conséquences ? Cody lui a toujours interdit de participer, sans doute ne sera-t-il pas fier de l'avoir vu outre-passé ses ordres.

Par ailleurs, peut-être aurons-nous même, lors de cette bataille royale, des suprises comme la participation de Chris Jericho (pour promouvoir encore un peu plus sa croisière de Rock N' Wrestling le mois prochain), de Neville/PAC tout juste libéré par la WWE ou même des Best Friends (Chuck Taylor & Trent Beretta), deux personnages secondaires de Being The Elite complètement oubliés depuis la blessure de Beretta.

A LIRE : ALL IN, révolution en vue ou simple OVNI ?

Memories of Murder : Page-Ryan, chapitre 3

Hangman Page, le meurtrier schizophrène pieds nus, aura sans doute affaire au retour d'entre-les-morts de Joey Ryan au terme de son match contre un autre Joey. La suite des "storylines" aura besoin d'une conclusion in-ring ultérieure. Elle pourrait avoir lieu aussi bien lors d'un show Bar Wrestling (où il n'a jamais été vraiment "mort") mais serait plus profitable - et cohérente scénaristiquement - au sein d'un éventuel séquel, ALL IN 2.

A LIRE : ALL IN - Fantasy Booking #2

Passé vs. Présent, le dilemme de Jay Lethal

Le propre syndrome hallucinatoire de Jay Lethal, tourmenté par son ancien personnage de Black Machismo, perturbra certainement sa défense de titre et devra être réglée à l'avenir. Une conclusion narrative sur Being The Elite pourrait marcher mais de nombreuses autres possibilités se présentent : rendre imprévisible la personnalité de Jay Lethal - une fois lui-même, une fois Black Machismo - pendant des mois jusqu'à, par exemple, le forcer psychologiquement à laisser la place à une seule personnalité au travers d'un match capital. Là encore : parfait pour un éventuel ALL IN 2.

A LIRE : ALL IN - Fantasy Booking #1

Aldis vs. Cody : la première saga de la nouvelle NWA

Enfin, avec l'annonce du premier show NWA à part entière promu depuis des lustres - NWA 70th Anniversary fin octobre -, on sent bien que la rivalité Nick Aldis vs. Cody ne fait que commencer. Billy Corgan, et son comparse scénariste Dave Lagana, en ont fait leur propre projet.  De mon point de vue, le plus probable serait d'utiliser la bonne vieille (et ironique) technique du "Dusty Finish" pour laisser Nick Aldis repartir ici avec sa ceinture sans faire vraiment perdre son challenger. 'The National Treasure' en ressortira d'autant plus détestable (car, malgré tout le bon travail effectué ces derniers mois par la NWA nouvelle mouture et par Aldis lui-même, il n'est toujours pas aussi "over" que son adversaire) et Cody efficace dans sa demande de rematch.

Billy Corgan tiendrait ainsi le Main-Event parfait pour son prochain show : une revanche, pourquoi pas en Steel Cage Match à l'ancienne, pour le titre de champion du monde poids-lourd NWA. Et si le tout fonctionne, Nick Aldis pourrait même s'arranger pour demander son propre rematch à ALL IN 2 !

Seul l'avenir nous le dira - et il dépendra lui-même de la direction que prendra The Elite (vers Stamford ou non) - mais tout est d'ores et déjà plus ou moins en place pour aborder la suite et construire un éventuel ALL IN 2 efficace et, peut-être, encore plus mémorable !

La Review Press #2 : La sélection mensuelle d'articles catch à lire

The elite christmasA lot can happen in a month ... Des événements historiques inattendus de NJPW Power Struggle 2017, à l'annulation inespérée de Brock Lesnar vs. Jinder Mahal (transformé en un "dream match" Lesnar vs. AJ Styles qui l'était encore plus !), en passant par le renouvellement ric-rac pour une saison 4 de Lucha Underground et un lancement de Cultaholic entaché par le scandale Adam Blampied, ce dernier mois ne manquait pas de sujets de discussion !

Néanmoins, toujours dans un soucis d'offrir un regard alternatif sur le catch dans tous les sens du terme, cette nouvelle Review Press de The Alt reviendra sur tout le reste (et plus encore !). De l'image honteuse de l'Ultimate Warrior masquée par la WWE, la merveilleuse histoire humaine et sportive du rescapé Joe Doering ou encore l'exclusivité non seulement française mais mondiale de nos amis des DeezPodcasts, attendez vous à découvrir de nouvelles facettes du monde du catch avant d'aller critiquer ou adorer les Survivor Series 2017 !

Avant tout, petit tour des réclams' : n'hésitez pas à faire connaître The Alt et à faire tourner cette Review Press au plus de fan de catch possible (la précédente édition est à lire ici). Abonnez-vous au Bulletin Indy sur Facebook (pour pleurer, comme moi, devant la cérémonie d'adieu à la Dragon Gate de Ricochet) ou à mon compte Twitter pour d'autres conseils de lecture. Si ce n'est déjà fait, lisez les derniers articles de nos chroniqueurs : le Top du Sniper sur des "babyfaces" qui feraient mieux d'être "heels" et, pour ceux qui aiment le catch par équipe, la dernière sélection mensuelle des matches à voir.

... Et en attendant la prochaine Review Press, have a TOO SWEET christmas !

 

WWE

-- L'envers du décor : c'est le mystère de la fabrication, la réalité entre les lignes de cette fiction "réaliste" qu'est le catch et les aléas de la vie quotidienne de ces hommes et femmes qui la composent, qui intriguent aujourd'hui au plus haut point les fans de catch. F4WOnline le réalise dans sa critique du récent documentaire sur 'Nature Boy' Ric Flair, de la série 30 For 30 d'ESPN.

Il ne reste plus qu'au WWE Network d'en reprendre les principes (à l'instar de ce qu'il essaye de faire avec WWE 24) pour enfin reformuler son produit catch à la hauteur des attentes modernes !

 

-- En parlant de potentiel mal exploité, Sports Illustrated s'est intéressé au cas de l'ex-Hornswoggle et du cas des personnes de petite taille dans le merveilleux monde du catch, en particulier de la WWE. Cela ne choquera sans doute personne de savoir qu'elles sont considérées comme une blague parce qu'un certain Vince McMahon n'arrête pas d'en rire.

 

-- Toujours concernant le mauvais traitement multi-dimensionnel de la WWE, Rolling Stone a très bien décortiqué tous les défauts de l'énième rivalité rushée entre les rosters de RAW et SmackDown Live!. Ou comment complètement se foutre des fondamenteux de narration les plus basiques.

 

-- La compagnie de Stamford n'est malheureusement pas qu'un fournisseur de "divertissement sportif", elle aussi une entreprise à la politique médiatique sans concession. Dans un article salué par Dave Meltzer, qui aura su en réveiller plus d'un, Vice Sports dénonce à quel point la WWE est hypocrite dans son utilisation médiatique de l'héritage de l'Ultimate Warrior, probablement l'une des personnes les plus détestables et détestées du milieu du catch.

 

-- Pour finir sur une note positive (que l'on ne m'accuse pas de manquer d'objectivité), il faut reconnaître que parfois la WWE semble bien se rappeler comment raconter une histoire avec efficacité. C'est exactement ce que démontre Tim Kail du Work of Wrestling dans sa critique sélective du RAW pré-Survivor Series 2017, en s'intéressant plus particulièrement au segment entre Jason Jordan, Kurt Angle, Stephanie McMahon et Triple H.

 

Japon

-- Comme évoqué plus haut, le dernier "super-show" de la New-Japan avant Wrestle Kingdom 12 a réussi à produire un buzz rarement égalé par un autre événément de même envergure cette année. Parmi les grands matches et les surprises retenues, le retour "repackagé" de l'ancien "young lion" Jay White n'a pas fait l'unanimité. L'homme (ou plutôt la mèche) derrière l'identité mystère de Switchblade a été positionné directement face au champion Inter-Continental IWGP, Hiroshi Tanahashi, dans les toute-dernières minutes du show, lançant ainsi la promotion de leur match prévu pour le 4 janvier 2018.

"Trop risqué", "trop rapide", "opportunité non-méritée" : beaucoup (et pour être honnête, moi y compris) estiment que, ce faisant, Gedo & Jado gâchent l'Hiroshi Tanahashi des Dome Shows. Cependant, tout comme Larry Csonka le relève sur 411Mania en réaction de ces inquiétudes, eux au moins sont prêts à user des grands moyens pour créer une star.

 

https://i.redditmedia.com/Txa-I0gBKcs-Hk7aKZV7aGpRWvPawnb_yin1g7bdfrQ.jpg?w=400&s=fa1b12af39f0d0f36957e5f6814847bb -- Silas Young, "le dernier vrai homme" de la Ring of Honor, n'est pas le seul à se réclamer de Stan Hansen. L'imposant Joe Doering en a fait sa marque fabrique, avec bien plus de succès du côté de l'All-Japan Pro-Wrestling. Malheureusement, cette réussite a failli rester à jamais inachevée lorsqu'en février 2016, on lui trouva une tumeur au cerveau. Taureau plein de vie sur le ring, Doering n'est pas du genre à abandonner : son t-shirt "#FuckCancer" (ci-contre) en est la preuve.

 

Tumeur retirée, il est récémment revenu entre les cordes et a même décroché un nouveau titre de champion Triple Crown.  L'un des auteurs de F4WOnline détaille ce retour inespéré et plein d'ondes (et de LARIATOOO !!!) positives.

 

-- Enfin, avant de regagner le reste du monde, n'hésitez pas à jeter un oeil au dernier Portrait Indy de Florian de Catch Au Quotidien (ex-KermitSplash sur The Alt) consacré au légendaire Mitsuharu Misawa. A lire pour tous les nouveaux fans de Puroresu !

 

Ailleurs

-- Pendant que la NJPW s'affirme davantage sur tous les plans (accès facilité de Wrestle Kingdom 12 aux fans occidentaux, buzz sur le dos de la WWE, nouvelle diffusion massive en Inde, etc), l'ancienne alternative principale à la compagnie de Stamford s'enfonce à nouveau dans la boue dans laquelle elle patoge depuis des années. Comme le remarque Larry Csonka en plusieurs points, la TNA/GFW/Impact Wrestling a produit un Bound For Glory 2017 globalement décevant à tous les niveaux.

Et les nombreux départs qui suivirent, ainsi que l'absence totale de réponse de la New-Japan en vue d'une collaboration salvatrice, n'arrangeront rien. Et si vous n'êtes toujours pas convaincu, il vous suffit de lire l'excellente analyse des Cahiers du Catch.

 

-- Le mouvement international, connu en France sous le #BalanceTonPorc, touche tous les milieux et toutes les industries. Du cinéma avec le producteur Harvey Weinstein, aux séries avec Kevin Spacey, en passant par le catch avec l'ex-star de What Culture et cerveau créatif de la WCPW, Adam Blampied.  Au centre du lancement de Cultaholic, il a dû quitter le média avant même son démarrage effectif. Au sein d'un article assez complet, le Pro Wrestling Sheet résume l'affaire, déclarations de Blampied à l'appui.

 

-- Le WWE Shop n'est plus le seul géant du merchandising catch. Pro Wrestling Tees est, depuis quelques années, son concurrent le plus direct. Un empire permis par le "summer of Punk" en 2011, maintenu par les qualités marketings aigues des Young Bucks, et magnifiquement bien exploré par Sports Illustrated.

 

-- Avant de s'éloigner de l'actualité web et en particulier de Twitter, l'excellent Tim Kail pose la question de la légitimité des critiques et des débats, répondant simplement qu'une seule chose mérite d'être discutée - la qualité. D'après lui (à travers l'article en question et un podcast complémentaire), seule cette discussion de la qualité peut permettre l'ouverture de la communauté catch à de nouveaux membres, et faire admettre que le catch est bel et bien un art. 

 

Les podcasts du mois

-- Après une bonne tranche de rigolade à l'écoute du dernier épisode du célèbre Attitude Era Podcast, courrez découvrir le nouveau podcast du fondateur de la Chikara, Mike Quackenbush. A la base destiné aux catcheurs indépendants souhaitant améliorés leurs compétences narratives, le bien nommé Kayfabe 2.0 est un vivier de compréhension sur l'art de faire un match de catch, un personnage de catch et une rivalité. 

 

-- Plus particulièrement, pour tous fans de la New-Japan excités par le futur de la compagnie, je vous invite chaleureusement à écouter l'interview exclusive du représentant européen de Bushiroad (entreprise propriétaire de la NJPW), effectuée par nos amis de DeezPodcasts !

 

Les vidéos du mois

-- Avant d'achever cette sélection mensuelle, vous retrouverez les derniers mini-documentaires de Kenny Johnson sur Matt Riddle et Keith Lee ainsi que deux vidéos très travaillées sur Tetsuya Naito et le "booking" de la New-Japan dans la section "Daily Catch" de The Alt.

 

-- Suite à son rachat raté de la TNA, Billy Corgan (accompagné par Dave Lagana, l'ex-head writer de la compagnie de Nashville) s'est retrouvé propriétaire majoritaire de cette bonne vieille National Wrestling Alliance. Fan de catch "old-school", le leader des Smashing Pumpkins compte la remettre au goût du jour suivant un plan de plusieurs années. Cette quête presque impossible a commencé avec l'appréciable web-série Ten Pounds of Gold, s'intéressant à l'actuel champion du monde poids-lourd, Tim Storm - un professeur d'Histoire de 53 ans.

Top 10 Storylines : (#5) Quand le fan face à l'idole devint le riche arrogant contre l'honorable pauvre

Il y a plusieurs mois, dans la saga inaugurale en quatre parties de Rétro sur l'Histoire complète du catch international publiée sur Catch Au Quotidien, j'écrivais en partie II :

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A la fin des années 1970s, le catch américain est dit à l’agonie, peinant à se faire remarquer et à

évoluer au même rythme qu’une télévision changeante. La National Wrestling Alliance (NWA) et

son système de « territoires » commencent à s’affaiblir alors que l’American Wrestling Association

(AWA) et la World (Wide) Wrestling Federation (W(W)WF) – des promotions émancipées de

l’égide de la NWA au début des années 1960s – grandissent.

 

Dominantes dans bien des régions des États-Unis (respectivement le « Mid-West », c’est-à-dire le

Minnesota, Chicago et jusqu’au Canada, et la Mégalopole – Washington, New-York, Baltimore et le

New-Jersey), ces fédérations indépendantes n’ont néanmoins pas l’avantage de leur concurrente :

une exposition télévisuelle nationale.

 

Via la « Superstation » de Ted Turner W-TBS et la Georgia Championship Wrestling (fédération

devenue programme TV, bientôt renommé World Championship Wrestling, ancêtre de l’entreprise

éponyme), la NWA a jusque là un avantage majeur. Reste donc à trouver un moyen de ralentir

l’expansion des deux autres entités avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela, la coalition régente du

catch mondial décide de faire appel à un certain Jim Crockett.

 

Successeur de son père à la direction de Mid-Atlantic Championship Wrestling, Jim Crockett Jr.

est l’un des seuls grands promoteurs restant au sein de la NWA, notamment grâce aux deux stars

montantes du pays Dusty Rhodes et Ric Flair. Si Championship Wrestling From Hollywood,

World-Class Championship Wrestling ou Mid-South Wrestling arrivent encore à se faire une place

dans les régions encore acquises à la NWA, ils n’ont ni l’attraction ni l’exposition qu’a Mid-Atlantic

via W-TBS.

 

Ainsi, tandis que l’AWA gère maladroitement sa nouvelle propriété – Hulk Hogan, version rouge et

jaune – et la WWF de Vince McMahon Jr. & Linda McMahon tente tant bien que mal de s’étendre,

Jim Crockett engage une rivalité qui va révolutionner un catch américain stagnant, et qui va

modeler le succès de Starrcade, le premier « super-show » de l’Histoire du catch. Divertissant à

souhait et charismatique homme du peuple devant les caméras, ‘The American Dream’ est derrière

la mise en place de ce grand projet, qui forgera la légende de la NWA et aidera un imminent

« boom » du catch américain.

Opposé à la flamboyante et arrogante rockstar qu’est ‘Nature Boy’ Ric Flair, Dusty Rhodes aide

Jim Crockett Promotions (JCP, constituées de Mid-Atlantic et d’autres territoires du Sud) à

amasser des millions.

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Derrière les caméras, c'est effectivement ainsi que s'est planifié le dernier chef d’œuvre de la NWA, et la pièce maîtresse des carrières de Ric Flair, Dusty Rhodes et des toutes les stars de second-plan qui y prendront part de 1983 à 1986.

 

https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/564x/b7/a7/b7/b7a7b76f89816c6a0365270ea70f3a33.jpgJeune costaud formé par Verne Gagne et Billy Robinson, Ric Flair débute sa longue et fructueuse carrière sous l'inspiration totale de la rock-star qu'est Dusty Rhodes, voulant y être associé à tout prix. Mais en 1975, après un violent accident d'avion en compagnie d'autres lutteurs de l'époque, il réalise qu'il doit être seul maître de son destin et se forger sa propre légende. Dès lors, il adepte un style plus technique, moins flamboyant et puissant, sur le ring et incarne ce qu'il deviendra hors caméra : « The Limousine Ridin', Jet Flyin', Kiss Stealin', Son of a Gun », le 'Nature Boy' Ric Flair.

Sur le long chemin qui l'amènera au premier Starrcade en 1983, il devient le champion international marathon, allant de villes en villes, de pays en pays, pour y défendre ses divers titres pour des matches de marathoniens. Et quand arrive le dit Starrcade, il bat une bonne fois pour toutes Harley Race, remportant un nouveau titre de champion du Monde et celui, tacite, de meilleur catcheur au Monde et roi incontesté de la NWA.

Ce soir-là, c'est bien Dusty Rhodes qui défiait le vainqueur de ce Main-Event de légende pour le prochain match de championnat – la grande saga était lancée.

 

Flair vs dustySuite à sa conquête du dernier rempart de l'ère « old-school » de la NWA, Flair s'emballe, achetant maison sur maison, voiture sur voiture et plus encore – son propre jet privé ! Le personnage devient l'homme, lui-même accentuant le personnage qu'il veut dépeindre. Rhodes, à l'opposé, bien que toujours aussi charismatique, se veut la voix et muscles du peuple. Il est le chouchou des fans de « rasslin' », celui qui combat avec honneur et reverse toute sa gloire en gratitude au public. Le conflit n'en devient donc que plus naturel : le riche face au pauvre, l'arrogant contre le modeste ou encore le machiavélique leader des Four Horsemen aux prises avec le capitaine élu et respecté des vestiaires – tout cela, sur la base d'un simple champion vs. challenger des plus classiques.

A Starrcade '84, dans un Million Dollar Challenge Match pour le championnat du Monde poids-lourd, Ric Flair l'emporte par KO sur décision de l'arbitre spécial Joe Frazier après un simple saignement à l'arcade sourcilière du challenger. Un des premiers et désormais célèbres « Dusty finish » pour préparer la revanche à Starrcade 1985.

 

Malheureusement, ce soir-là aussi le résultat reste le même : suite à l'intervention d'Arn Anderson puis d'un deuxième arbitre, le gagnant du match Dusty Rhodes n'obtient pas la ceinture, restant sur les hanches de Ric Flair de manière controversée.

Reporté intentionnellement pour faire durer l'attente et l'anticipation, le point final de cette rivalité sanglante et peuplée se déroulera sur la tournée inaugurale phénoménale du Great American Bash '86, voyant 'The American Dream' vaincre 'The Nature Boy' sans aides ni obstacles, dans une cage d'acier au centre du Greensboro Coliseum. Et ce, mettant un terme à l'une des plus grandes sagas jamais programmées dans l'Histoire du catch – qui plus est, celle qui aura révélé Arn Anderson, Tully Blanchard, Magnum TA et les Road Warriors. Un modèle (pas souvent appliqué!) pour des décennies à venir !